"Les propos tenus par le Président de l'Iran n'auront pas de répercussion sur la qualité et le niveau des relations russo-iraniennes, car à la différence de toute une série d'Etats occidentaux, manifestement hostiles à l'Iran, ainsi que des pays de la "troïka européenne" et d'Israël, la direction russe n'exploitera pas cette déclaration à titre d'argument afin d'atteindre des objectifs concrets quelconques ", a précisé l'expert.
C'est que la Russie a de très sérieux intérêts, y compris économiques, dans ce pays, a fait remarquer Radjab Safarov.
Qui plus est, a repris le politologue, tout un bloc de problèmes locaux et globaux dépend de la qualité et du niveau des rapports russo-iraniens.
Et d'ajouter que si la Russie se décidait à réduire ses relations avec l'Iran, elle pourrait avoir des problèmes dans ses rapports avec les Etats d'Asie Centrale, et "un refroidissement pourrait même se manifester au sein de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui fait aujourd'hui preuve de plus en plus de dynamisme dans son développement".
"Si l'on y tient vraiment, on pourra comprendre ce qu'entendait justement le Président de l'Iran. Il ne s'agit certes pas là d'une menace directe à l'existence de l'Etat hébreu et encore moins de l'existence d'un sérieux programme militaire iranien dirigé contre Israël", suppose le directeur général du Centre d'étude de l'Iran contemporain.
Selon Radjab Safarov, les propos anti-israéliens du Président iranien Mahmoud Ahmadinejad doivent être considérés dans le contexte précis dans lequel ils ont été tenus.
Cela dit, l'expert a expliqué: "On a toujours estimé et l'on continue encore aujourd'hui de penser en Iran que la création de l'Etat d'Israël avait été une grande injustice, car lors de la fondation de l'Etat hébreu, l'une des conditions sine qua non était justement la création d'un Etat palestinien, ce qui n'a jamais été fait".
"Les Iraniens sont solidaires du peuple de la Palestine, d'où leur attitude négative envers Israël", a noté Radjab Safarov. "Dans ce contexte, de tels propos de la part du Président ne sont pas du tout interprétés comme quelque chose d'extraordinaire", a ajouté le politologue.
En outre, suppose le directeur général du Centre d'étude de l'Iran contemporain, lesdits propos plutôt imprudents du Président iranien s'expliquent sans doute par son manque d'expérience en matière de politique internationale. "Ahmadinejad est un jeune homme qui n'a pas de grande expérience quant à la direction d'un grand Etat", a signalé Radjab Safarov.
Dans le même temps, a repris l'expert, la réaction de la communauté internationale à cette déclaration est tout à fait adéquate, car elle l'interprète comme une nouvelle étape dans l'escalade de la tension au Proche-Orient, tension dont le centre se déplace progressivement du côté de l'Iran.
Intervenant la veille à une conférence intitulée "Le monde sans le sionisme" à Téhéran, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a dit ne pas douter que "la nouvelle vague de lutte du peuple palestinien contre le régime sioniste remontera le moral de tous les adeptes de l'islam et effacera ce stigmate (Israël) de la face du monde islamique".
Mahmoud Ahmadinejad a aussi rappelé à l'assistance à la conférence le fondateur de la République Islamique d'Iran, l'imam Khomeyni, jugeait illégale l'existence même de l'Etat d'Israël.
"Comme a dit l'imam, Israël doit être rayé de la carte et grâce à la force divine, le monde vivra bientôt sans les Etats-Unis et sans Israël", a cité le Président iranien les paroles du chef de la révolution islamique en Iran.
La déclaration du président iranien Mahmoud Ahmadinejad sur Israël offre un argument de poids en faveur du renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, a déclaré jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se trouvant en visite en Jordanie.
"Je dois reconnaître que ceux qui ont insisté sur le transfert du dossier iranien au Conseil de Sécurité de l'ONU ont trouvé là un nouvel argument", a conclu le chef de la diplomatie russe.