MOSCOU, 27 octobre - RIA Novosti. Les aviculteurs russes se sont montrés confiants jeudi en dissuadant les consommateurs de renoncer au poulet face à la propagation de la grippe aviaire.
Une baisse des prix de la volaille est peu probable, car les entreprises agricoles n'accepteront pas de fonctionner à perte, a estimé Lioudmila Abramova, de l'Union russe des aviculteurs, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue jeudi à Moscou au siège de RIA Novosti.
Les fermes ne produisent pas seulement de la volaille crue, il existe toute une série de moyens de traiter la volaille: conserves, produits surgelés et produits cuits, a rappelé l'experte.
"La grippe aviaire concerne les élevages individuels, alors que les entreprises fonctionnent en régime fermé. La probabilité d'infection est donc très faible dans une entreprise", a-t-elle dit, avant d'assurer que toute la volaille vendue dans les magasins subissait un strict contrôle vétérinaire et sanitaire.
Selon des experts, la part des produits avicoles dérogeant aux normes sanitaires et épidémiologiques a reculé d'un tiers en trois ans, en passant de 3,22% en 2001 à 2,33% en 2004.
À la question de savoir si la panique autour de la grippe aviaire était le résultat de la concurrence, le vice-président du Programme national pour la promotion de l'aviculture, Albert Davleïev, a estimé qu'aucun aviculteur n'aurait intérêt à semer la panique.
Le président du conseil d'administration de la Confédération internationale des associations de consommateurs, Dmitri Ianine, ne croit pas non plus à la menace du poulet pour la santé. Au contraire, la grippe aviaire doit pousser beaucoup de producteurs à introduire de nouvelles technologies, comme cela était le cas des pays d'Asie du Sud-Est, a-t-il estimé.
Dans le même temps, la Russie est prête à affronter le pire scénario et réservera d'ici au printemps 300 000 lits d'hôpital pour le cas d'une épidémie, a poursuivi Dmitri Ianine. Estimant que la menace de l'épidémie était fortement exagérée, il a rappelé que seulement 110 cas d'infection humaine étaient recensés dans le monde, dont 55 cas mortels.
"Tous les cas d'infection ont été recensés chez des gens qui étaient en contact direct avec la volaille infectée, et non en raison de la consommation de la viande", a fait remarquer M. Ianine.
Le vétérinaire en chef du zoo de Moscou, Valentin Kozlitine, est catégorique: la propagation de la grippe aviaire est due non aux migrations d'oiseaux sauvages mais aux déplacements incontrôlés d'oiseaux domestiques.
"Nul ne prouve pour l'instant que la grippe aviaire est propagée par des oiseaux sauvages, a-t-il souligné. Par contre, le marché parallèle d'animaux offre des conditions propices aux déplacements incontrôlés d'oiseaux non vérifiés".
M. Kozlitine a cité à titre d'exemple le commerce de perroquets, dont 99% étaient vendus illégalement en Russie.
"Chez les oiseaux vivants, l'évolution de la maladie est rapide. Un oiseau meurt en deux jours et n'est pas physiquement en mesure d'assurer la propagation du virus", a-t-il dit.
Selon M. Kozlitine, la quarantaine est la mesure la plus efficace de protection contre la grippe aviaire. "Nous avons la possibilité de contrôler l'état de santé de nos oiseaux, et nous le faisons toujours", a-t-il souligné.
145 millions d'oiseaux sauvages ont été abattus dans le monde, et si l'on y ajoute les poules et les canards brûlés, ce chiffre atteint un milliard.
Selon l'Union russe des aviculteurs, la Russie produira en 2005 1,37 million de tonnes de volaille, soit une progression de 15,2% par rapport à 2004. La capacité globale du marché se montera cette année à 2,57 millions de tonnes, dont 53% pour les produits russes. Avec le prix de gros moyen de la volaille à 50 roubles (1,75 dollar) le kilo, le volume du marché avicole russe est estimé à 5 milliards de dollars.
À ce jour, la grippe aviaire a été détectée dans plus de 50 localités de six régions sibériennes et deux autres européennes de la Russie.