La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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ESTONIE

Déçus par les résultats du sommet Russie-UE tenu à Londres, les médias estoniens ont qualifié le sommet de défaite pour les pays baltes qui avaient souhaité que l'allègement du régime des visas entre la Russie et l'UE soit accompagné d'une signature des accords frontaliers russo-letton et russo-estonien. Les journaux notent que l'Europe dépend de plus en plus de l'énergie russe. "Le partenariat UE-Russie prend de l'ampleur. Le sommet de Londres a été plus contradictoire que les rencontres précédentes. Le climat a changé. L'UE s'est affaiblie et a davantage besoin de la Russie. La Russie devient plus forte et est en mesure d'offrir davantage à l'UE... La contribution russe à la consommation européenne d'énergie est considérable: la Russie livre - directement ou en transit - presque la moitié de gaz et un tiers du pétrole consommé en Europe" (Eesti Päevaleht, 05.10).

Les médias estoniens sont perplexes face à la décision d'Andreï Likhatchev, directeur général de TGC-1, le plus grand producteur d'électricité dans le nord-ouest de la Russie, de louer la centrale électrique de la Baltique. "C'est une mauvaise blague. Le Nord-ouest de la Russie risque effectivement de se trouver à court d'énergie, mais cette région ne dispose pas de centrales aussi efficaces que les centrales électriques de Narva" (Eesti Päevaleht, 07.10).

LETTONIE

Les médias constatent le renforcement de la position russe en Europe et le désir européen de prendre ses distances par rapport aux problèmes russo-baltes. "La Russie profite habilement de son rôle sur le marché énergétique mondial pour influer sur le règlement de toutes les questions... Les pays anciens membres de l'UE ont toujours eu des relations pragmatiques avec la Russie. Ces pays sont dirigés par des politiques soucieux de respecter les traditions et leur politique extérieure est régie par des diplomates expérimentés... Nous risquons de nous trouver dans un profond isolement en menant une politique " convulsive " de confrontation à l'égard de la Russie. La construction d'un gazoduc reliant la Russie à l'Allemagne... est, sans doute, un coup dur porté aux intérêts économiques des pays baltes et de la Pologne. Mais il est évident que nous ne devons pas compter sur une politique commune de l'UE dans ce domaine" (Neatkariga rita avize, 06.10).

La plupart des experts critiquent l'initiative du ministre letton des Transports Ainars Slesers de transporter du pétrole azerbaïdjanais en Europe du Nord via la Lettonie en contournant la Russie. "Le projet de transport de pétrole via la CEI et les pays baltes sans la participation russe est économiquement mort" (Biznes&Baltia, 05.10). "Il faut être complètement ignorant en géographie et en géopolitique pour étudier sérieusement de tels projets" (Vesti segodnia, 07.10).

LITUANIE

Les médias couvrent le déroulement de l'enquête et analysent la catastrophe d'un chasseur russe Su-27. "Cela fait peur de penser ce qui aurait pu arriver si le commandant russe, qui a peu d'occasions de piloter son avion, avait piqué sur la centrale nucléaire d'Ignalina? Cela aurait été la fin, adieu, la Lituanie!... Le plan de vol du groupe d'avions russes qui a perdu un chasseur dans notre pays, a démontré qu'un incident dangereux pourrait se produire dans n'importe quel autre pays riverain de la Baltique - au Danemark, en Suède ou en Pologne" (Lietuvos rytas, 06.10). "L'histoire du chasseur russe a de nouveau montré que la Lituanie n'est pas prête à une lutte diplomatique contre la Russie... Moscou a visiblement cherché à présenter la Lituanie comme un pays qui ne respecte pas les normes du droit international, qui fait piétiner l'enquête tout en créant une tension artificielle dans les relations bilatérales" (Atgimimas, 05.10).

La déclaration du président lituanien Valdas Adamkus sur la nécessite d'entamer la construction d'un nouveau réacteur nucléaire à la centrale d'Ignalina pour ne plus dépendre du gaz russe, a suscité de vives critiques. "Le directeur de l'Institut d'énergie Jurgis Vilemas affirme que ce projet est une affaire juteuse et d'aucuns voudraient en profiter... On ne pourra pas exploiter une centrale puissante sans la connecter au réseau énergétique russe, selon lui. De quelle indépendance s'agit-il?" (Lietuvos rytas, 07.10).

UKRAINE

Suite à la nomination de Iouri Ekhanourov au poste de Premier ministre ukrainien, certains experts espèrent une normalisation des relations entre Moscou et Kiev. "Aujourd'hui, il est très important de stabiliser la situation dans le pays et de ne plus se laisser emporter par les émotions. Le gouvernement de Ioulia Timochenko était celui des crises. Il créait d'abord ces crises pour ensuite essayer de les surmonter héroïquement... Le gouvernement de Iouri Ekhanourov a de bonnes chances de stabiliser les relations avec la Russie, il peut former un paquet de propositions économiques avantageuses pour les deux pays" ("Novosti.dn.ua", 07.10).

Dans le contexte des problèmes énergétiques non réglés avec la Russie, la presse a trouvé suspectes les démarches du nouveau cabinet des ministres qui a retiré du parlement deux projets de loi relatifs à l'adhésion de l'Ukraine à l'OMC. " Le bruit court que le rappel de deux projets de loi du paquet "OMC" est directement lié à la récente visite de Iouri Ekhanourov à Moscou. Le voisin du nord aurait parlé en mal de l'avancement précipité de l'adhésion de l'Ukraine à l'OMC, en faisant valoir ses "droits de sœur aînée" et en braquant la matraque des prix mondiaux du gaz devant le visage quasi-européen de la délégation ukrainienne. Il n'est pas poli de la part de la sœur cadette de dépasser l'aînée. La délégation gouvernementale ukrainienne a compris le message. Pour ne pas irriter sa sœur, l'Ukraine a retiré du parlement tout ce qui est lié à l'OMC" ("Glavred", 05.10).

MOLDAVIE

La déclaration du président Vladimir Voronine, selon laquelle la république était prête à se passer des exportations vers la Russie, a eu un large écho. "Sans aucun doute, M. Voronine lui-même ne vivra pas dans le froid. Les résultats de sa politique frapperont comme toujours la population. Mais les habitants ordinaires de la Moldavie, souhaitent-ils geler de froid au nom des ambitions de M. Voronine ? Les autorités moldaves ne leur ont sans doute pas demandé conseil. Le destin de l'ensemble du peuple moldave en échange des biens en Transnistrie destinés à la famille Voronine, n'est-ce pas un prix trop élevé ?" ("Olviapress", 10.10).

Les médias pro-roumains ont accueilli avec réserve la déclaration de Vladimir Voronine. Les journalistes appellent le président à résoudre en premier lieu les problèmes avec les forces d'opposition. "Le président communiste a des problèmes. Nombre de ses alliés, qui l'ont entouré à l'époque de la "lune de miel" dans les relations avec la Russie, commencent à s'en éloigner et même à lui mettre des bâtons dans les roues. Depuis un certain temps, le sabotage de la politique officielle de l'Etat est évident, de nombreuses déclarations politiques des hauts dirigeants sont désavouées ou tombent dans l'oubli... Avant de taquiner la labrador Koni (chienne du président russe, Vladimir Poutine), M. Voronine devrait se prémunir contre les morsures des chiens "rouges" qui déambulent dans sa cour, mais qui suivent les commandes venues de Moscou" ("Fluks", 07.10).

AZERBAIDJAN

Les médias d'opposition ont perçu les discours du secrétaire exécutif de la CEI (Communauté des Etats indépendants), Vladimir Rouchaïlo, qui servent de prétexte pour des attaques anti-russes, comme une ingérence dans les affaires intérieures de l'Azerbaïdjan.

"Le chef du Comité exécutif de la CEI "fait comme s'il était chez lui" en énonçant ses déclarations mal fondées concernant l'opposition azerbaïdjanaise... Essaye-t-il de prouver que l'Azerbaïdjan est une des pièces de la Communauté, dont la propreté dépend de la Russie ?" ("Azaldyg", 07.10).

Les médias d'opposition utilisent activement les ressources d'information internationales pour nuire au prestige de la Russie. "La Russie continue de perdre définitivement son prestige dans l'espace de la CEI. Pour nombre de pays membres, les Etats-Unis, l'Union européenne ou même la Chine autoritaire sont plus acceptables comme partenaires que la Russie gouvernée par l'administration Poutine. Une telle déclaration a été faite par un congrès européen tenu dans la ville polonaise de Gdansk" ("Express", 11.10).

De plus en plus, les médias montrent sous un mauvais jour la place et le rôle de la communauté musulmane dans la vie de l'Etat. "Au cours d'une conférence de presse (de la Direction spirituelle des musulmans de la région de Nijni Novgorod) tenue la semaine dernière à Nijni Novgorod, personne n'a dit à haute voix, pour des raisons évidentes, qu'en Russie, l'orthodoxie se transforme petit à petit en une sorte de "religion d'Etat"... ("Echo", 06.10).

GEORGIE

La visite à Tbilissi du Président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, figure parmi les événements les plus importants de cette semaine. "Les officiels de Tbilissi ne cachent même pas que la Géorgie est très intéressée par un engagement plus énergique du Kazakhstan dans le transport de son brut par l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Jusqu'ici, c'étaient l'Azerbaïdjan et les Etats-Unis qui étaient les principaux lobbyistes de cette idée à Astana. Et voilà que maintenant la Géorgie s'engage à son tour dans le "conditionnement" du Kazakhstan. Qui plus est, Mikhaïl Saakachvili comprend bien que pour rehausser son prestige sur l'ensemble de l'espace post-soviétique, il doit s'assurer l'appui de Nazarbaïev qui détient déjà depuis longtemps le titre informel de "principal intégrateur" (Abkhazia.org, 05.10).

La possibilité de l'expulsion de la Géorgie des soldats de la paix russes est débattue pratiquement dans tous les médias. "Au vu du mandat actuellement en vigueur, aucune autre force ne pourra s'y introduire sans l'aval des Abkhazes... Aussi, serait-il beaucoup plus facile si la Géorgie renonce en général au mandat de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ou du moins le suspend. Autrement, il serait tout simplement impossible d'y introduire une autre force dans le format actuel" ("Akhali versia", 11.10).

ARMENIE

La visite en Arménie du secrétaire exécutif de la Communauté des Etats indépendants (CEI), Vladimir Rouchaïlo, a relancé une fois de plus dans les médias une très vive discussion sur la viabilité de la CEI. "Les états d'esprit funèbres, apparus tout de suite après la rencontre d'août dernier des chefs d'Etat des pays de la CEI ont, de toute évidence, été quelque peu exagérés. Bien que nul n'ait jamais promis que la Communauté des Etats indépendants soit éternelle, il est tout à fait évident que l'on pourrait travailler encore longtemps dans le cadre de la CEI. Voilà que depuis déjà trois ans, réunis aux portes de la morgue, tous attendent la sortie du défunt. Pourtant, il s'avère qu'il n'y a jamais été déposé" ("Hayots Ashkhar", 05.10).

La déclaration de Rouchaïlo selon laquelle la politique d'intégration européenne de l'Arménie ne se trouve nullement en contradiction avec les objectifs du renforcement de la CEI a trouvé un accueil exclusivement positif dans la presse. "Quand les intérêts des pays coïncident, quand le caractère fructueux de la coopération est évident, cette coopération se développe et se renforce" ("Uravunq", 05.10).

Une logique similaire s'est également fait sentir dans les propos tenus par le Président de l'Arménie, Robert Kotcharian, au cours de sa conférence de presse conjointe avec la Présidente de la Lettonie. "Nous sommes en très bons termes avec l'Iran, l'Alliance de l'Atlantique Nord et les Etats-Unis, nous avons de très étroites relations avec la Russie. Si nous avons réussi à avoir de bons rapports avec l'Iran et les Etats-Unis, pourquoi ne pourrions-nous pas approfondir nos relations avec la Lettonie, tout en gardant nos liens étroits avec la Russie" ("Azg", 08.10).

KAZAKHSTAN

La publication dans la revue russe "Finance" sur une hypothétique fusion de la Russie et du Kazakhstan a déclenché toute une série de publications essayant de prouver l'absurdité d'une telle information. La majorité écrasante des experts attribuent cette démarche à l'opposition kazakhe qui aurait décidé, à la veille des élections présidentielles au Kazakhstan, de compromettre Noursoultan Nazarbaïev. "Une éventuelle fusion du Kazakhstan et de la Russie n'est qu'un bluff pur et simple. Le Kazakhstan ne permettra jamais à qui que ce soit et même au nom d'un avantage politique quelconque d'adopter de telles décisions fondamentales pour ses destinées" (Liter.kz, 06.10).

Quoi qu'il en soit, il se trouve des experts qui ne nient pas une possibilité de fusion de deux Etats et considèrent même la publication en question comme une tentative de connaître la réaction de la société. "Aujourd'hui, la fusion de nos Etats est impossible. Il n'est cependant pas à exclure que, dans un avenir très éloigné, quand les peuples seront rassasiés de leur indépendance et ressentiront leur sérieuse interdépendance, les uns des autres, la Kazakhstan et la Russie puissent se réunir" (Liter.kz, 06.10).

La décision sur l'intégration de l'Organisation de coopération centrasiatique (OCCA) à la Communauté économique eurasiatique (CEEA) est considérée par certains médias comme inefficace et répondant principalement aux intérêts de Moscou. "Il va sans dire que le Kremlin n'attend de la fusion de ces deux organisations aucun effet rapide. Quoi qu'il en soit, cela redore l'image de la Fédération de Russie à titre de puissance régionale qui, du point de vue d'un Russe ordinaire, est en train de ramasser les séquelles de l'Empire soviétique, tout en ajoutant, par conséquent, un petit avantage de plus à Poutine qui ne cesse de rechercher des moyens supplémentaires pour maintenir ses cotes de popularité déjà très élevées" (Liter.kz, 08.10).

KIRGHIZIE

La plupart des médias n'ont fait aucun commentaire sur l'absorption de l'OCCA par la CEEA, même si certains se sont permis des propos acerbes. "Hier, Vladimir Poutine a rencontré les présidents kazakh, ouzbek, tadjik et kirghize et a passé plusieurs heures en leur compagnie en affectant d'examiner les problèmes de l'OCCA... Hier soir, l'OCCA a cessé d'exister en se diluant dans une autre organisation réputée, la CEEA... Plus tard, M. Poutine dira que cette décision était le meilleur cadeau pour son anniversaire. On peut s'imaginer combien ils en ont par-dessus la tête" (Gazeta.kg, 07.10).

Le premier ministre kirghize Félix Koulov a prescrit de réviser les modalités du contrat de fourniture d'électricité en Russie. "M. Koulov a souligné qu'il n'y avait "pas de politique dans cette décision, car nous ne devons pas vendre de l'électricité à une organisation commerciale au détriment de nos intérêts". À l'heure actuelle, la Kirghizie exporte son électricité vers la Russie au prix de 0,0066 dollar le kW/h quand les autres républiques sont prêtes à payer 0,01 dollar le kW/h" (AKIpress, 09.10).

OUZBEKISTAN

L'absorption de l'OCCA par la CEEA et l'adhésion de l'Ouzbékistan à la CEEA a suscité des commentaires controversés. "Au bout de quinze ans de règne d'Islam Karimov au poste de président de l'Ouzbékistan, le peuple comprend d'ores et déjà que "l'avenir radieux" dont le président a parlé depuis tant d'années n'est rien d'autre que l'abandon de l'indépendance et le retour dans le giron de l'URSS. La présence du président Karimov au sommet de l'OCCA est son dernier acte d'immoralité politique... Ce cadeau pour l'anniversaire de Poutine est plus que nécessaire et s'inscrit parfaitement dans la doctrine géopolitique de la Russie en matière de rétablissement de l'ancienne Union" (Moussoulmanski Ouzbékistan, 10.10).

Certains médias électroniques interprètent les résultats du sommet de Saint-Pétersbourg comme la victoire géopolitique définitive de la Russie au sein de la CEEA. "L'adhésion de l'Ouzbékistan à la CEEA et l'absorption de l'OCCA par la CEEA... marquent la fin du recul géopolitique de Moscou en Asie centrale" (Uzlanduz, 07.10).

La presse craint que l'aspiration de Tachkent à se mettre sous le parapluie du Kremlin ait des répercutions négatives sur l'état de l'économie ouzbèke et touche la souveraineté du pays. "En cas de rapprochement avec la Russie, l'Ouzbékistan sera sa principale source de matières premières. Pour le soutien que la Russie a accordé pendant les événements d'Andijan, il faut payer... par sa souveraineté. Une partie gagnante pour les locataires du Kremlin. D'après le scénario des milieux politiques russes, le sort de l'Ouzbékistan répétera celui du Turkménistan, quand le gaz tukmène s'achète à bas prix et se vend à un prix exorbitant à l'Europe... Dans le cas de l'Ouzbékistan, la situation est pareille: Karimov doit soit se plier devant le Kremlin, soit aller au tribunal" (Moussoulmanski Ouzbékistan, 10.10).

TADJIKISTAN

La rencontre des présidents russe et tadjik et les Journées de la culture tadjike en Russie ont reçu un accueil favorable dans la presse. "Les présidents ont exprimé leur satisfaction du rythme des échanges dont le chiffre d'affaires s'est approché de 400 millions de dollars. Ce résultat notable est sans précédent" (Khovar, 07.10).

L'absorption de l'OCCA par la CEEA a été accueillie comme une démarche progressiste et logique vers l'intégration des États membres de ces organisations.

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