MOSCOU, 11 octobre - RIA Novosti. L'Iran veut sans doute se réserver une possibilité pour créer une arme nucléaire, a estimé mardi au cours d'une "table ronde" à RIA Novosti, Alexeï Arbatov, chef du Centre de sécurité internationale à l'Académie des Sciences de Russie.
"L'Iran tient effectivement à promouvoir le nucléaire civil, mais il veut sans doute se réserver aussi une possibilité pour créer dans les plus brefs délais une arme nucléaire en cas de menace nucléaire subite", a précisé l'expert russe, en intervenant à la "table ronde" intitulée "Le programme nucléaire iranien, qui menace-t-il?".
Du point de vue formel, il est tout simplement difficile d'accuser l'Iran de violer le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, a fait remarquer Alexeï Arbatov.
"C'est que les violations par l'Iran du Traité de non-prolifération des armes nucléaires sont plutôt insignifiantes et très peu nombreuses. Somme toute, quand il s'agit de l'Iran dans ce contexte, il y a là beaucoup plus de soupçons que de violations effectives", a indiqué l'expert. "Le régime des inspections du Traité de non-prolifération des armes nucléaires est de loin imparfait", a déploré Alexeï Arbatov.
"Si l'on n'évalue pas le développement du programme nucléaire de l'Iran du point de vue de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, mais plutôt du pont de vue de l'envergure et de la gravité de ce projet de Téhéran, on ne manquera certes pas de constater qu'il recèle évidemment une certaine menace. Quoi qu'il en soit, formellement, on ne saura pas en accuser l'Iran", a souligné l'expert.
Un autre expert russe, spécialiste du problème de l'Iran, Vladimir Evseïev, est du même avis.
"Je l'ignore si la direction iranienne a décidé ou non à présent de mettre au point une arme nucléaire. Mais dès que, supposons-le, les Etats-Unis porteraient leur première frappe sur les sites nucléaires de l'Iran, une telle décision pourrait bien être adoptée, et on aurait alors commencer le compte à rebours jusqu'au moment de la création d'une arme nucléaire en Iran", a averti Vladimir Evseïev.
Et d'ajouter qu'à l'heure actuelle, l'Iran est sans doute inspiré de l'expérience de la République Démocratique et Populaire de Corée (RDPC) qui s'est retirée du Traité de non-prolifération des armes nucléaires pour déclarer, peu après, avoir créé une arme nucléaire et ce, pour que l'on commence finalement à négocier avec elle, a conclu l'expert.