MOSCOU, 30 septembre - Vassili Zoubkov, commentateur économique de RIA Novosti.
Le Groupe de travail de l'APEC pour les transports (TPT - WG - Transportation Working Group) s'est réuni récemment à Vladivostok pour débattre des questions relatives au développement de l'infrastructure de transport de l'Association de coopération économique Asie-Pacifique. L'APEC est de nos jours l'organisation régionale la plus représentative du monde. Ses vingt-et-un Etats occupent une vaste superficie, de l'Europe de l'Est (Russie) à l'Australie, et leur population globale se monte à plus de 2,5 milliards d'habitants. Les pays de l'APEC fournissent près de deux tiers du PIB mondial et assurent 70% environ du chiffre d'affaires des échanges internationaux.
Les distances immenses et les processus d'intégration propres aux pays de l'APEC et la croissance dynamique de leurs économies rendent nécessaire la création d'un système de transport efficace. La Russie en constituera le maillon central. De l'avis du ministre russe des Transports Igor Levitine, en raison de sa situation géographique de la Russie - à la jonction de l'Europe et de l'Asie, le pays sert, objectivement, de maillon reliant les pays d'Europe aux pays de l'APEC. Selon le ministre, le Transsibérien (ligne ferroviaire russe reliant le Pacifique à l'Europe permet de réduire de moitié la distance couverte par les conteneurs maritimes par rapport à l'itinéraire traditionnel passant par le canal de Suez et leur temps de voyage de 2, voire 3 semaines.
Et si aujourd'hui le coût des transports par conteneurs dans le monde entier est estimé à près de 200 milliards de dollars, le fait de porter à 1 million le nombre de conteneurs de transit transportés par le Transsibérien permettrait à la Russie de prétendre à 5% environ de ce volume. Ceci dit, le nombre de conteneurs russes transportés par le Transsibérien doit atteindre lui aussi 1 million par an. Pour assurer ce trafic, des tronçons entiers du Transsibérien sont rénovés, des centres logistiques modernes de direction de la circulation sont créés et des lignes de fibres optiques posées le long de la voie. Les formalités liées au contrôle douanier des frets de transit sont également simplifiées.
Ce transit croissant a rendu nécessaire de procéder à une profonde modernisation de la structure de transport dans l'Extrême-Orient russe. Des terminaux de transbordement et de transvasement sont rapidement construits ou modernisés dans les ports locaux. En premier lieu, dans le Golfe de Pierre le Grand, à Vladivostok, Vostotchny, Nakhodka, Possiet, Zaroubino. A Vanino, sur la côte est de la mer du Japon, il est prévu de construire un nouveau terminal où seront traités des centaines de milliers de conteneurs par an.
Selon des prévisions, les exportations russes, dont celles de produits énergétiques, devront progresser de 1,5 fois au moins d'ici à 2010. L'an dernier, a annoncé le ministère des Transports, les ports de la région ont déjà traité plus de 70 millions de tonnes de frets mais au cours des cinq années à venir ce chiffre doit s'accroître de 80 à 100 millions de tonnes encore, essentiellement grâce aux exportations russes d'énergie (le puissant oléoduc de Sibérie orientale devra déboucher d'ici là sur le littoral pacifique). Le nombre de pétroliers de gros tonnage, moyen de transport pourtant à risque, augmentera en conséquence.
La question de la sécurité des transports maritimes s'est trouvée au cœur du débat à la réunion du Groupe de travail. La Russie développe une coopération énergique avec ses partenaires en matière de consolidation de la sécurité des transports par mer. Des Centres de direction de la navigation sont déjà opérationnels dans les grands ports d'Extrême-Orient et la compétence du Centre de direction de la navigation dans le golfe de Pierre le Grand s'étend à la mer attenante. On vient d'achever la conception du premier poste des systèmes de navigation par satellite globaux sur le cap Povorotny sur le littoral sud-ouest du Primorié (Sud de l'Extrême-Orient russe). Ce poste assurera une navigation de précision sur l'ensemble du golfe de Pierre le Grand, y compris aux approches du terminal pétrolier dans la baie Perevoznaïa, destination finale du futur oléoduc de Sibérie orientale.
Les experts internationaux ont déjà eu le temps d'apprécier le Système de monitorage et de contrôle de la situation des navires "Viktoria". Celui-ci procède à un monitorage global 24 h sur 24 des navires sur l'océan.
Dmitri Radobolski, un des responsables du Service de sécurité maritime et participant à la réunion de Vladivostok du groupe de travail pour les transports de l'APEC, dit que la Russie propose de créer un Centre unique d'information de sécurité de la navigation, de protection de l'environnement contre la pollution des navires et de sécurité maritime pour la région d'Asie-Pacifique.
Le centre russe d'information du Mémorandum de Tokyo (sur le contrôle des navires dans les ports d'Asie-Pacifique) pourrait notamment se charger de ces fonctions.