MOSCOU, 27 septembre - Mikhaïl Smirnov, commentateur sportif de RIA Novosti. Les sept tours qui restent avant la fin du championnat national de football devront fournir la réponse à la question principale : qui seront ses médaillés et qui devra quitter la première division.
La lutte s'annonce donc chaude et les passions qui se déchaînent autour du championnat national acquièrent parfois les nuances qui n'ont rien à voir avec le vrai football. De plus en plus souvent, les principaux acteurs de ce "spectacle" sont justement les arbitres et non pas les sportifs. Le jeu et ses supporters en pâtissent.
Revenons au début. Les arbitres ne sont pas infaillibles, ce n'est plus un secret pour personne depuis longtemps. Mais jamais encore en Russie le moindre geste des arbitres n'a fait l'objet d'une attention aussi soutenue de la part de l'opinion. Le Collège des arbitres de football (KFA) de l'Union footballistique de Russie (RFS) a même disqualifié - après coup - le Portugais Costinha qui défend les couleurs du Dynamo Moscou pour son jeu grossier dans un match qui s'était déroulé à deux semaines de là. Ce fait était passé inaperçu de l'arbitre qui contrôlait ce match.
Plus loin : les dirigeants du Terek de Grozny (Tchétchénie) se sont adressés en direct au chef de l'Etat pour lui demander d'examiner les faits d'arbitrage partial dans les matches avec la participation de cette équipe. Et, cela va de soi, des copies de cette lettre ont été adressées à la RFS et au KFA. Alors que d'autres équipes, par exemple, le Spartak Moscou, se sont mises à exiger de la RFS qu'elle désigne des étrangers pour les matches cruciaux, par exemple, pour le match Spartak-CSKA. Ils justifient leurs demandes non pas par leurs doutes quant au professionnalisme et la fermeté des arbitres russes mais par le fait que les arbitres russes "ne peuvent supporter les tensions lors de ces matches et, par conséquent, commettent de graves erreurs". "Nos arbitres ne le cèdent en rien aux étrangers mais les "derbies" de ce niveau exigent d'eux un sang-froid particulier", écrivent les dirigeants du Spartak, rappelant que l'arbitrage de l'Allemand Florian Meyer au premier match entre ces mêmes équipes a satisfait aussi bien les vainqueurs que les perdants.
La réaction des autorités footballistiques ne s'est pas fait attendre. Vitali Moutko, président de la RFS, a convoqué d'urgence une réunion, avec les représentants des clubs et du corps des arbitres. A l'unanimité, la réunion a entériné une nouvelle liste des commissaires des matches, ramenée à 18 personnes, ainsi que la liste des inspecteurs des jeux, et a autorisé la présence des meilleurs arbitres aux matches successifs d'une seule et même équipe. La liste des arbitres étrangers auxquels il sera demandé de prendre part aux jeux du championnat de Russie sera limitée aux 39 noms de la "top list" de l'UEFA.
Pour réagir à la disqualification de Costinha, la décision a été prise de mettre sur pied dans les meilleurs délais un mécanisme permettant d'examiner les plaintes contre des actes d'arbitrage, exposées soit dans les médias, soit ailleurs après le match. Tout cela, pour mettre toutes les équipes dans des conditions égales.
"La confiance mutuelle est notre principal objectif aujourd'hui, a estimé en s'adressant aux participants à cette réunion le président de la RFS, Vitali Moutko. - Sinon la finale du championnat risque de se transformer en une succession de scandales. Regarder le football uniquement dans l'optique des erreurs d'arbitrage est stérile". De l'avis de M.Moutko, on ne saurait régler le problème en invitant massivement des étrangers à arbitrer les matches nationaux. "Il est de loin plus utile de parvenir à respecter les normes de l'éthique corporative. Et surtout de ne pas politiser les erreurs d'arbitrage", a fait observer le président de l'Union footballistique de Russie.
De leur côté, les arbitres russes ont fait comprendre leur intention de réagir immédiatement à toute accusation portée contre eux. La déclaration du Terek Grozny qui sort du cadre des lois du football est en mesure d'attiser des passions sur le terrain et autour de lui, ont-ils estimé. Ils ont aussi demandé aux dirigeants de la RFS de se pencher sur la déclaration du Terek. A défaut de réponse publique, la décision a été prise de ne pas désigner les arbitres du KFA pour les matches restants avec la participation du Terek et d'inviter, pour ces matches, des étrangers.
A cette allure là, nous assisterons encore à un exode massif des arbitres russes du championnat national. Ils auront une chance de trouver un emploi à l'étranger et de remplacer ceux qui partiront pour la Russie.
