MOSCOU, 27 septembre - Vassili Kononenko, commentateur politique de RIA Novosti. Pour la quatrième fois dans l'histoire de sa présidence, le président Vladimir Poutine a dialogué en direct avec les Russes.
La première séance télévisée de questions-réponses avec les concitoyens a eu lieu en 2001 et a suscité un intérêt immense aussi bien dans le pays qu'à l'étranger.
Cette fois-ci, des stations de télévision mobiles ont été installées dans 12 villes russes, une localité lointaine située à la frontière entre l'Ukraine et Guelendjik, ville située au bord de la mer Noire, à Riga (Lettonie). Le Centre de traitement des communications spécialement créé a reçu plus d'un million d'appels téléphoniques, ainsi que des dizaines de milliers de questions envoyées par e-mails et par SMS.
Elles portaient, pour l'essentiel, sur les problèmes concrets des habitants sur leurs lieux de résidence. Les questions concernaient, entre autres, la hausse des tarifs des services communaux et de l'essence, l'inflation, l'hypothèque, le service militaire, les réformes de l'enseignement, de la Santé publique et de l'habitat.
Au cours de la séance retransmise en direct qui a duré près de trois heures, Vladimir Poutine a prouvé qu'il est en forme, qu'il réagit rapidement aux questions les plus épineuses et qu'il est très érudit. Par exemple, à une question sur la situation à l'Université de la ville transpolaire de Vorkouta le président a donné une réponse circonstanciée. Quant aux cottages de luxe en voie de construction dans les républiques du Sud de la Russie qui sont presque toutes subventionnées, le président a également confirmé qu'il était au courant de cette situation. "Des voleurs", a-t-il répondu et il a promis de continuer à lutter contre ce mal.
Pourquoi y a-t-il peu de commandes d'Etat pour les entreprises d'armements? a demandé au président un tourneur d'Ijevsk. La réponse a presque fait sensation. L'Etat achète des systèmes d'armements ultra-modernes en quantités toujours plus grandes. La Russie dotera bientôt ses forces armées de systèmes de missiles stratégiques qui sont pratiquement indétectables par la DCA. Pour l'instant, "ces systèmes n'existent nulle part ailleurs dans le monde et il est peu probable qu'ils y apparaissent prochainement". Ce sont des missiles hypersoniques capables de changer de vitesse, de direction et d'altitude", a expliqué Vladimir Poutine.
Les habitants russophones de la Lettonie ont demandé à Vladimir Poutine de les aider à régler le fameux problème des "écoles russes" pour que leurs enfants puissent étudier en leur langue maternelle. Vladimir Poutine les a invités à ne pas diaboliser la position des autorités lettones en se référant à son entretien avec la présidente de ce pays, Vaira Vike-Freiberga, à New York. D'autre part, en ce qui concerne l'existence dans les pays baltes du statut de "non-citoyen" ou d'"intrus" qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde, Vladimir Poutine a promis d'œuvrer au sein de l'Union européenne et dans d'autres organisations internationales en vue de mettre fin à cette discrimination.
La question devenue traditionnelle sur la possibilité d'un troisième mandat présidentiel a également été posée au cours du dialogue télévisé. Un habitant d'Oulianovsk a déclaré que, puisque Vladimir Poutine avait assuré ces dernières années la stabilité dans le pays, il ne devait pas partir. Il faut organiser un référendum à ce sujet dans le pays. En réponse, nous avons entendu ce que le président avait déjà maintes fois déclaré, mais cette fois-ci, d'une manière plus catégorique.
- Je ne me pose pas pour objectif de siéger éternellement au Kremlin, pour que la première, la deuxième et la troisième chaînes de télévision montrent toujours le même visage, a souligné le président. Mon objectif est de créer les conditions du développement à long terme dans le pays. Je juge inadmissible d'apporter des changements à la législation, avant tout, à la Constitution de la Fédération de Russie. En ce qui me concerne personnellement, comme le disent les militaires, je trouverai ma place dans le rang.
Selon de nombreux observateurs, ce dialogue retransmis en direct donne une idée plus nette de la vie du pays et permet d'effectuer ensuite des sondages d'opinion détaillés. De plus, ce dialogue est également une forme de démocratie active. Vladimir Poutine a confirmé sa position adoptée après la catastrophe du sous-marin "Koursk": il répond de tout ce qui se produit dans le pays, y compris dans les régions les plus éloignées. Il a présenté ses excuses, notamment pour les manifestations d'extrémisme à l'égard d'étrangers en Russie et pour l'enlèvement de personnes en Tchétchénie.
Les sociologues ont effectué des sondages d'opinion après les précédentes séances de questions-réponses retransmises en direct. D'après les plus récents sondages, la cote électorale de Vladimir atteint aujourd'hui son apogée avec 49%, ce qui dépasse de plusieurs fois celle des autres hommes politiques. Mais cet indice est important aujourd'hui non pas pour la future élection présidentielle, mais comme témoignage de l'attitude des Russes envers ce que font le président et son équipe, envers les axes de développement du pays.
