La Russie vue par la presse des pays de la CEI et des Etats baltes

S'abonner

ESTONIE

Pour la presse locale, la chute d'un chasseur russe sur le territoire de la Lituanie a été l'événement principal de la semaine passée. Les médias relèvent les côtés faibles du matériel de guerre russe et l'inefficacité de l'OTAN dans la protection des pays baltes. "Moscou a présenté ses excuses à la Lituanie. Des excuses d'un voleur qui n'annulent en rien ses arnaques, actuelles et précédentes (...). Des bredouillements imperceptibles au siège de l'OTAN signifient ni plus moins le feu vert donné à la Russie pour planifier de nouvelles "cochonneries" (SL Ohtuleht, 17.09).

La presse continue de débattre de l'accord sur la construction d'un gazoduc sous la Baltique. "L'accord sur la construction du Gazoduc nord-européen porte Moscou à un niveau politique absolument nouveau en Europe : au fait, cela signifie que la Russie conclut une alliance politique indestructible avec l'Allemagne (...). L'accord gazier garantit à Vladimir Poutine l'amitié fidèle de tout chancelier allemand. Quant à Moscou, peu lui importe qui gagnera les élections allemandes, car tout le monde est intéressé par le gaz russe" (Delfi, 16.09).

Plusieurs articles commentent l'achat par Hansabank suédoise, la plus importante des banques opérant dans les pays baltes, de la banque russe Kvest qui sera désormais sa filiale à Moscou. "Aujourd'hui les propriétaires de banques russes se pressent au comptoir comme des vendeurs de matriochkas, espérant vendre leur établissement aux étrangers à un prix plus élevé que leurs concurrents (...). Mais les marchés sont toujours rares. Souvent, les étrangers achètent des banques auprès d'actionnaires étrangers ou, comme Hansabank, achètent de petites banques pour éviter les tracasseries liées à l'acquisition de licences" ("Arioleht", 14.09).

LETTONIE

L'intérêt intense de la presse locale envers les élections allemandes est aiguisé par les espoirs nourris par les experts lettons de voir les auteurs du projet du gazoduc nord-européen de changer finalement son itinéraire ou, mieux, de le mettre en veilleuse après l'arrivée au pouvoir d'Angela Merkel. "L'amour des milieux dirigeants lettons envers la femme politique allemande est facile à expliquer. Celle-ci, prétend-on, a une attitude plus critique envers la Russie et, par la même occasion, envers le président français Jacques Chirac (...). Et si les rapports entre Moscou et Berlin sous frau Merkel se détériorent définitivement, alors, le projet de GNE, effroyable pour la Lettonie, aurait toutes les chances de rester sur papier !" (Vesti-Segodnia", 19.09).

Le projet de "pont énergétique" Russie-Finlande suscite une nouvelle inquiétude des médias lettons, en premier lieu en langue russe. "Si Moscou a le temps de construire le premier ce pont énergétique, les Estoniens et les Lettons achèteront toujours de l'énergie russe mais aux prix finlandais ! C'est une position sans issue et la Russie est incontournable (...). Quant à nous, nous n'aurons qu'à nous plaindre de l' "irrévérence" dont Moscou fait preuve à notre égard et à comptabiliser les préjudices causés par l'"occupation soviétique" ("Vesti-Segodnia").

L'entretien entre le président russe et la présidente lettonne au sommet de l'ONU a suscité un grand intérêt dans les médias locaux. "Vaira Vike-Freiberga a immédiatement saisi l'occasion pour expliquer la position des dirigeants lettons sur le traité frontalier (...). La présidente lettonne n'a pas réussi à convaincre son collègue russe que notre pays n'a pas de prétentions territoriales envers la Russie (Vesti-Segodnia", 16.09).

LITUANIE

La presse publie d'innombrables articles appréciant de manière sceptique la capacité de l'aviation de l'OTAN de faire face à des raids aériens de l'adversaire stratégique et n'écartant pas l'éventualité que la chute du chasseur russe soit une provocation. "Equipé de missiles, ce chasseur s'est trouvé pendant 20 minutes dans l'espace aérien lituanien, disparaissant périodiquement des écrans des radars. Les chasseurs de l'OTAN ont eu à peine le temps de se décoller (...). Les chasseurs russes peuvent atteindre tout ouvrage stratégique en Lituanie en un quart d'heure et personne ne sera en mesure de les arrêter (...)."C'est ce qu'il fallait prouver : la mission de l'OTAN n'a aucun sens" et le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov se frotte les mains à Moscou (Lietuvos Rytas", 19.09).

La presse locale, de langue russe comme de langue lituanienne, critique de temps en temps la position irréconciliable des autorités du pays à l'égard de la Russie qui, au nom d'ambitions politiques, oublient les intérêts économiques du pays. "Le gazoduc passera par le fond (de la Baltique), parce que les rapports russo-lituaniens en sont au plus bas. Notre politique à l'Est est tellement "sage" qu'il ne reste presque plus d'amis de la Lituanie en Russie ("Respublika", 14.09).

"Tout change tellement vite ! Il y a deux années encore, nous annoncions avec fierté au monde entier que nous n'admettrions pas que les Russes contrôlent le tube ! Maintenant, nous gémissons tout aussi fort parce que les Russes l'ont emporté ailleurs" ("Laikas", 17.09).

UKRAINE

Certains médias n'excluent pas l'éventualité d'une participation de Moscou au scandale politique ukrainien. "En principe, le Kremlin pourrait bien s'y décider, faisant ainsi coup double en réglant les problèmes avec le nouveau pouvoir ukrainien et avec "l'infatigable" Boris Berezovski. Car, il n'est pas si difficile de transmettre des documents à l'ancien leader du parti dont les affaires sont étroitement liées à la Russie. De plus, le professionnalisme des Russes dans les affaires politiques laisse à désirer" (ProUA, 15.09).

Par ailleurs, la presse cite beaucoup d'experts ukrainiens, plutôt sceptiques quant aux "racines russes" du scandale politique ukrainien. "La scission entre le président Iouchtchenko et la première ministre Timochenko était à attendre dès le début, et les services secrets russes, même si on leur assignait un tel objectif, n'y sont pour rien" (ForUm, 16.09).

Les journalistes attendent avec angoisse un nouveau round des négociations russo-ukrainiennes sur les problèmes énergétiques. "La Russie a inventé un nouveau moyen de pression sur Kiev. Gazprom consent à maintenir le système de troc existant en 2006, mais à la condition que Naftogaz Ukrainy garantisse pour l'avenir le passage au système de paiement en argent et à des prix européens. Toute maladresse de la part de l'Ukraine lors du dialogue risque de porter un coup dur à l'ensemble de l'économie nationale" ("Kievskie vedomosti", 14.09).

MOLDAVIE

La presse pro-roumaine a désapprouvé la conférence "Une CEI parallèle : Abkhazie, Transnistrie, Ossétie du Sud et Nagorny Karabakh comme réalités de l'espace post-soviétique" tenue à Moscou. "Ces derniers temps, Moscou est devenu une véritable source d'encouragement pour les tendances centripètes dans les anciennes républiques soviétiques. A chaque fois, la Russie stimule ces tendances afin de faire chanter les gouvernements légitimes et les garder dans sa sphère d'influence" ("Fluks", 15.09).

Les médias de Chisinau affirment qu'il existe des forces politiques qui en Russie s'appliquent à détruire toutes les initiatives de règlement pacifique du conflit en Transnistrie. "L'équipe funèbre ayant enterré tous les plans pacifiques de règlement du conflit entre Chisinau et Tiraspol est installée à Moscou. On peut déjà se féliciter du fait que la situation soit toujours contrôlée et que ces marginaux ne disposent pas de leviers décisifs dans la politique extérieure de la Russie, mais également que les autorités russes se fondent sur les principes reconnus par les grandes démocraties" ("Fluks", 15.09).

ARMENIE

L'audition parlementaire qui a eu lieu le 12 septembre à Paris, lors de la deuxième réunion de la commission spéciale de l'APCE sur le problème de Nagorny Karabakh, a été largement couverte par les médias. "La ressemblance apparente [entre le modèle de règlement proposé aujourd'hui et celui de 1997] est manifeste, mais il existe en même temps une différence substantielle... Le nouveau modèle prévoit lui aussi un règlement par étapes, mais il stipule clairement le droit de Nagorny Karabakh à l'autodétermination... En 1997, il était prévu de restituer d'abord les territoires, de régler ensuite le problème des réfugiés pour entamer enfin les négociations sur le statut de Nagorny Karabakh" (site de la chaîne de télévision A1+, 15.09).

Le scandale autour de la transaction concernant les actions de la société Réseaux électriques arméniens continue. La compagnie britannique Midland Resources Holding demande au gouvernement arménien d'autoriser la vente de 100% des actions des Réseaux électriques à la société Interenergo, filiale de la société INTER RAO EES (dont 60% appartiennent à RAO EES Rossii ("Electricité de Russie", et 40%, au groupe public Rosenergoatom). "La vente des Réseaux électriques arméniens à la Russie pourrait poser de sérieux problèmes dans le système énergétique arménien ... Les organisations produisant et distribuant de l'électricité risquent d'être contrôlées par un seul Etat. D'autant plus que 80% du système énergétique arménien sont entre les mains de la Russie, et cette "dépendance énergétique" a été utilisée et peut encore être utilisée à l'avenir pour astreindre les autorités arméniennes trop faibles à prendre des décisions voulues" ("Aïkakan Jamanak", 17.09).

GEORGIE

La déclaration du Président de la Géorgie, Mikhaïl Saakachvili, à la session de l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies est la principale sensation politique de la semaine. "La Géorgie qui a pris la décision de mettre le cap sur l'Occident a été utilisée comme cobaye. Si l'Occident et les organisations internationales continuent à fermer les yeux sur tout cela, et si le premier précédent y est créé, les mêmes actions se reproduiront aussi ailleurs" ("24 saati", 20.09).

La presse soumet à la critique le comportement du Président en matière de règlement des conflits avec les autonomies géorgiennes. "Ce n'est pas la première fois que le pouvoir de Mikhaïl Saakachvili évite de participer aux rencontres Géorgie-Abkhazie et Géorgie-Ossétie du Sud sans la Russie. Cela révolte les Ossètes et tout particulièrement les Abkhazes qui sentent l'odeur de la guerre et se préparent eux-mêmes à la guerre" ("Akhali versia", 19.09).

Les experts ne se lassent pas de rappeler qu'il est en Russie des forces réactionnaires qui pourraient bien arriver au pouvoir en cas de tentative d'"exportation de la révolution" vers la Russie. "Si une révolution arrive (en Fédération de Russie), Vladimir Poutine qui retire à présent les bases militaires russes de la Géorgie sera remplacé par des forces que nous qualifions de réactionnaires. Quant à l'Amérique, elle a d'ores et déjà au Moyen-Orient tant de problèmes face à l'islam fanatique qu'au nom de la Géorgie, elle n'ouvrirait certes pas un nouveau front contre la Russie" ("Akhali Taoba", 15.09).

Vu la future augmentation des prix du gaz pour la Géorgie, le "problème gazier" est parmi les plus commentés dans les médias. "Il n'y a plus depuis longtemps de relations d'amitié entre la Géorgie et la Russie. Aussi, l'ambiance amicale doit-elle désormais céder la place aux rapports de commerce. Et pour ce qui est du transit de gaz en Arménie, la Géorgie doit, elle aussi, fixer un prix international" ("Rezonansi", 15.09).

AZERBAIDJAN

Les exercices tactiques arméno-russes ont provoqué dans la presse une réaction extrêmement négative, car ces manœuvres conjointes sont considérées comme un élément de la préparation à de nouvelles opérations contre l'Azerbaïdjan. "Il n'est pas difficile de deviner qui, dans notre région, peut être considéré comme "ennemi conventionnel" de l'Arménie, capable de déboucher sur la rivière Araz. Au bord de cette rivière, l'Arménie n'a personne contre qui faire la guerre, sauf l'Azerbaïdjan et la Turquie. La principale question qui se pose aujourd'hui est pourquoi Moscou, qui comprend tout cela, participe à ces manœuvres et y envoie ses célèbres chefs militaires?" ("Ekho", 14.09).

La presse a réagi sans doute tout aussi négativement à la tenue à Moscou et ce, contrairement au mécontentement manifeste de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de la Moldavie, de la conférence intitulée "CEI parallèle: Abkhazie, Transnistrie, Ossétie du Sud et Haut-Karabakh en tant que réalités de l'espace post-soviétique". "On ne peut que déplorer le fait qu'un pays souffrant lui-même du séparatisme réserve son hospitalité à des séparatistes. Qui plus est, on est pour le moins perplexe en constatant que ladite conférence a été organisée par l'administration du Président de la Fédération de Russie et l'Assemblée interparlementaire orthodoxe" ("Halq Gazeti", 15.09).

KAZAKHSTAN

L'appui non dissimulé que les techniciens russes de la politique accordent au Président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, provoque de très vives protestations dans la presse d'opposition. "La Russie a déjà participé aux élections en Ukraine et a perdu - cela doit servir de leçon. La direction de la Russie ne sait que trop qui nous sommes. Nous n'allons pas fermer les yeux sur leurs valeurs stratégiques. La Russie ne devrait pas fonder ses espoirs en Nazarbaïev - c'est dangereux" ("Jas Alach", 17.09).

Selon les médias, après avoir vendu la compagnie "Sibneft", Roman Abramovitch se proposerait de mettre sur pied un business pétrolier au Kazakhstan. "La compagnie de gestion "Millhouse Capital" envisage de commencer la production de pétrole au ... Kazakhstan! Cette compagnie mène des négociations sur l'acquisition de la petite société américaine "BMB Munai" qui s'occupe de la prospection et de l'extraction de pétrole et de gaz au Kazakhstan... Or, la société chinoise "CNPC" qui a récemment investi quelque 4,2 milliards dollars pour Petro Kazakhstan lorgne, elle aussi, sur "BMB Munai". Ainsi, Roman Abramovitch a devant lui des concurrents assez sérieux" (Kompromat.kz, 16.O9).

KIRGHIZIE

Certaines éditions expriment leur méfiance à l'égard de la politique prorusse des autorités qui pourrait soumettre les intérêts du pays sous l'influence des projets impériaux du Kremlin, selon elles. "La philosophie servile des Kirghiz qui croient que le pays ne peut pas évoluer sans la Russie est méprisable. La Kirghizie doit rechercher sa propre voie sans se consacrer à la Russie" (Agym, 16.09).

Selon certains médias, la Russie élabore une doctrine en politique étrangère appelée à soumettre la Kirghizie aux intérêts russes. "Conformément au projet, les autorités russes accorderont une attention accrue à Bichkek, lui feront plusieurs concessions concernant la dette extérieure, investiront davantage dans l'économie kirghize. La Russie exigera en échange que la Kirghizie soit docile en matière de politique extérieure", (Zaman Kyrgyzstan, 16.09).

La presse souligne l'importance de l'Espace économique unique pour l'évolution de l'économie kirghize. "La Kirghizie doit œuvrer pour adhérer à l'EEU formé par la Russie, le Kazakhstan, la Biélorussie et l'Ukraine. Nous pourrions promouvoir l'économie nationale grâce à cette coopération" (Agym, 16.09).

OUZBEKISTAN

Une campagne de protestation contre l'intention de RUSAL d'élargir la production d'aluminium au Tadjikistan a été lancée dans les médias. "Il reste à savoir si le système écologique de cette région pourra résister aux émissions supplémentaires de l'usine d'aluminium" (Biznes-vestnik Vostoka, 15.09)

Suite à la déclaration du ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov relative à la proximité des positions prises par Moscou et Tachkent vis-à-vis des événements d'Andijan, certains journaux analysent les causes et les conséquences d'un "rapprochement politique" des deux pays. "Le FSB a recueilli des données assez détaillées sur les événements d'Andijan et les a communiquées aux services secrets de Karimov. La Russie peut désormais exercer des pressions sur l'Ouzbékistan par le biais des services secrets... En effet, la situation en Asie Centrale s'est compliquée pour la Russie après les événements de l'été dernier. Il est peu probable que M.Inoïatov, chef du Service de la sécurité nationale, poursuive une politique de coopération avec le Kremlin s'il arrive au pouvoir" (TRIBUNE-uz, 19.09).

Dans cette optique, la presse recommande au Kremlin de revoir sa conception des rapports avec Tachkent et ainsi miser sur un candidat plus démocratique. "De quel côté sera la nouvelle élite ouzbèque dans l'avenir dépend seulement de la Russie. Les techniciens de la politique du Kremlin peuvent soit miser sur M.Inoïatov au risque de remporter une victoire à la Pyrrhus, soit lancer un dialogue constructif avec l'opposition unifiée en sortant du cercle vicieux des échecs dans les relations avec les républiques issues de l'URSS (TRIBUNE-uz, 19.09).

TADJIKISTAN

La plainte déposée par le président de la société tadjique Ansol Avaz Nazarov contre le patron de RUSAL Oleg Deripaska et une usine d'aluminium tadjique auprès de la Cour de Londres retient l'attention des médias. "Le nouveau litige entre les anciens partenaires aura un effet négatif sur l'image de RUSAL. Selon un expert, RUSAL cherche à s'implanter au Tadjikistan dans l'espoir de devenir le numéro un mondial d'aluminium. Le lancement d'un nouveau projet devait-il être suivi d'un scandale?" (Avesta, 19.09).

Le Tadjikistan reste la barrière principale au transport de drogue afghane vers les pays de la CEI et de l'Europe par la "filière du Nord", selon les médias. Ils citent des propos de Roustam Nazarov, directeur de l'Agence tadjique pour le contrôle de la drogue, à l'appui de cette idée. (Avesta, 17.09).

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала