MOSCOU, 10 août - RIA Novosti. De toute évidence, la réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l'AIEA consacrée au dossier nucléaire iranien débouchera sur la décision de poursuivre les négociations de la "troïka" européenne (France, Grande-Bretagne, Allemagne) avec Téhéran, selon les experts.
"Il y a des chances pour que les négociations soient poursuivies", a estimé Roland Timerbaïev, ancien représentant russe auprès de l'AIEA et président du Conseil du Centre d'études politiques en Russie (PIR-Center), au cours d'une conférence de presse à RIA Novosti. Ses collègues sont de même avis: l'UE ira jusqu'au bout dans la recherche d'un compromis, il n'y a pas d'autre solution.
M.Timerbaïev est persuadé que le dossier iranien ne sera pas renvoyé devant le Conseil de Sécurité de l'ONU. "Personne n'a évoqué le renvoi du dossier devant l'ONU pendant la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA. Les gouverneurs essayaient de trouver des moyens de poursuivre les négociations entre la "troïka" européenne et l'Iran", a-t-il noté.
Qui plus est, le renvoi du dossier devant l'ONU ne convient pas à la plupart des membres de l'AIEA, selon le conseiller en chef du PIR-Center Guénnadi Evstafiev. Cela "créera des problèmes internationaux graves, il est difficile d'imaginer que les membres du Conseil de Sécurité de l'ONU s'entendent dans ce domaine ce qui rend impossible l'adoption d'une résolution", a-t-il indiqué.
Tout le monde comprend que l'adoption d'une résolution de l'ONU condamnant l'Iran permettrait de lancer une opération militaire contre ce pays à l'instar de la guerre en Irak. "Personne n'y consentira dans la situation politique actuelle". "Personne ne souhaite que l'Iran se retire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Cela discréditerait le Traité", a ajouté l'expert.
Il y a un autre aspect important qui attire l'attention des experts, notamment proches des services secrets américains, selon M.Evstafiev. Il est évident qu'aucun gouvernement iranien - réformateur ou clérical - ne renoncera au droit iranien de développer les programmes nucléaires civils.
Si le Pakistan peut avoir ses propres programmes nucléaires, on ne peut pas refuser ce droit à l'Iran à condition que ce dernier respecte le TNP et opère sous un strict contrôle de l'AIEA. C'est dans ce contexte que la Russie continue de construire la centrale nucléaire à Bouchehr.
Le directeur adjoint du PIR-Center Anton Khlopkov a aussi souligné la disposition occidentale à négocier avec Téhéran. Il a rappelé que les propos des représentants de la troïka et des politiques américains étaient déjà plus conciliants qu'il y a deux semaines lorsque Téhéran avait annoncé son intention de redémarrer l'usine de conversion d'uranium d'Ispahan.
D'ailleurs, l'Iran se montre aussi prêt au dialogue, selon les récentes déclarations du nouveau président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Personne ne promet que la recherche d'un compromis sera facile, mais il n'existe pas d'autre solution, estiment les experts russes.