ESTONIE
Le soutien inconditionnel à l'Estonie en matière de frontière avec la Russie exprimé par le président polonais Aleksander Kwasniewski, ainsi que son appel à l'UE à "élaborer une politique unique en direction de l'Est" dans ses aspects économiques mais aussi politiques, a suscité de multiples échos dans les médias estoniens. La presse publie également la réaction de la diplomatie russe face aux propos tenus par M.Kwasniewski : "Le leader polonais s'est solidarisé d'avance avec les éventuelles revendications territoriales de Tallinn envers la Russie"(tiré de la déclaration du MAE russe, Delfi, 07.07).
La presse fait mousser le thème de la résolution de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adoptée il y a deux semaines qui condamnait l'"occupation" soviétique des pays baltes et exigeait un dédommagement de part de la Russie.
Le rapport annuel de la Police estonienne (KAPO) a suscité de nombreux articles évoquant le regain d'activités hostiles à l'égard de l'Etat estonien de la part des services secrets et des autorités russes. "Les tentatives d'enrôlement de citoyens estoniens - fonctionnaires, hommes d'affaires, étudiants - sont de plus en plus fréquentes sur le territoire russe. Le chantage et les violences physiques sont, d'après la KAPO, quelques-unes des méthodes employées (Delfi, 08.07).
Plusieurs articles de médias électroniques critiquent la politique russe de soutien à la communauté russophone dans les pays baltes. "Le plat du jour appelé "Aide aux compatriotes" proposé par les chefs de la Douma est du réchauffé" (Delfi, 12.07).
LETTONIE
Le thème du traité frontalier avec la Russie a largement prédominé cette semaine. Les médias avancent la thèse selon laquelle Moscou cherche à éviter toute coopération politique, en se concentrant exclusivement sur les contacts économiques. "Aucune proposition n'a été faite par la Russie. Les propos de Poutine (sur la volonté de poursuivre le débat autour du traité frontalier) doivent de toute évidence être considérés comme une tentative de se présenter aux yeux du monde entier comme un leader raisonnable, en mesure de maîtriser ses émotions" (Larvijas avize, 07.07).
Les rapports entre l'Union européenne et la Russie sont décrits par la presse lettonne comme marqués par la "dépendance énergétique" de l'Europe. "L'Europe ferait bien de résister à l'enivrement causé par le pétrole et le gaz importés de Russie (...). La dépendance de l'UE vis à vis du pays qui, ces dix dernières années, fait invariablement l'objet de nombreuses leçons et critiques de la part des politiques européens, ne cesse de croître à une vitesse vertigineuse" (Biznes&Baltia, 08.07).
La décision de la Russie de relever les prix du gaz livré aux pays baltes, à la Géorgie, à la Moldavie et à l'Ukraine est considérée comme purement politique. "Nous sommes prêts à comprendre les raisons économiques de nos partenaires mais nous ne sommes pas disposés à régler les problèmes économiques dans un climat de parlote (...). Les politiques russes disent qu'ils prennent le parti des russophones. Mais comment la hausse réelle des prix se répercutera sur ceux qu'ils prétendent aujourd'hui protéger ?" ("Diena", 07.07).
LITUANIE
La menace de voir Gazprom acquérir le bloc de contrôle des raffineries Mazeikiu nafta a été l'un des sujets débattus par la presse nationale au cours de cette semaine. La question est activement soulevée par l'opposition parlementaire, les conservateurs, dont le leader, Andrius Kubilius, n'a pas hésité à menacer le premier ministre lituanien, Algirdas Brazauskas, d'engager à son encontre une procédure de destitution si cette transaction prend corps. (Respublika, 12.07).
Les médias continuent de gonfler le scandale lié à la ministre lituanienne de l'Agriculture Kazimiera Prunskene qui a effectué, sans l'aval de Vilnius, un voyage à Kaliningrad, à l'occasion du 750e anniversaire de la ville. Le plus souvent, les articles consacrés à Mme Prunskene rappellent qu'elle a récemment reçu le titre de "princesse de Russie", ainsi que l'information, pourtant démentie il y a quelques années par voie judiciaire, selon laquelle la ministre a collaboré avec le KGB sous le pseudonyme de Chatria. "Les Russes qui l'avaient appelée Chatria, alias ministre de l'Agriculture, est revenue avec le titre de princesse pour donner des leçons de politique étrangère au président lituanien" ("Lietuvos rytas", 08.07).
L'action judiciaire intentée par le Parquet général russe contre l'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov est présentée par les médias lituaniens comme un nouveau tour des poursuites lancées par le Kremlin contre les éventuels concurrents dans la lutte pour le pouvoir. "La cause est dérisoire, vu les moeurs russes : un petit terrain de 11 ha, avec une villa, est privatisé frauduleusement ! Depuis quand ces vétilles ont-elles commencé à intéresser les députés à la Douma ? Mais l'ex-premier ministre a voulu devenir président et s'est mis à dénigrer le Kremlin. Voilà ce qui est condamnable" (Journal populaire de Lituanie, 11.07).
UKRAINE
La déclaration faite par Vladimir Poutine au cours de la conférence de presse à l'issue du Sommet du G8 en Ecosse dans laquelle le Président russe accuse l'Ukraine de voler le gaz russe, est qualifiée par les médias de "démarche forte" dans le conflit "gazier". "Ces propos tenus dans les milieux de l'Union Européenne (UE) et des Etats-Unis ont pour but de jeter le discrédit parmi les partenaires de l'Ukraine sur les initiatives énergétiques de Kiev. C'est justement cet objectif qui se cache derrière le terme familier de "chiper" (Rupor, 11.07). "Après ces déclarations de Poutine, l'Ukraine a de fait raté une chance d'obtenir l'aide d'un pays européen tiers afin d'établir la vérité sur la disparition de huit milliards de mètres cubes de gaz - la Russie a été la première à porter plainte contre les Ukrainiens qui lui "chipent" son gaz" (Rupor, 11.07).
Se faisant l'écho des critiques adressées au gouvernement, la presse a publié des allégations sur la crise du pouvoir ukrainien en place qui aurait manifesté son incapacité, tant dans le règlement du litige dans le complexe combustible-énergie que lors de la solution de la question sur l'adhésion à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). "L'incapacité (ou le refus?) d'établir le dialogue est en quelque sorte la carte de visite de l'actuel pouvoir" (ForUm, 11.07). "L'adhésion de l'Ukraine à l'Organisation mondiale du Commerce aux conditions actuelles rendrait pratiquement impossible la création de l'Espace économique unique (EEU) avec la participation de l'Ukraine et de la Russie. Nos relations avec la Russie ont perdu leur sérénité et risquent de se dégrader encore plus" ("Oukraïnska pravda", 08.07).
MOLDAVIE
Le fait que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) n'a fait aucun cas des amendements au projet de résolution sur la République de Moldavie coïncide avec le début des pressions exercées sur la Moldavie par la Russie pour obliger Chisinau à renoncer au rôle principal dans le règlement transnistrien. "Moscou ne cherche pas forcément à mettre main sur la Bessarabie, mais la Russie a besoin de la région séparatiste et ce, à n'importe quel prix. Et comme la Transnistrie (république autoproclamée sur le territoire de la Moldavie à population majoritairement russophone) n'est pas à vendre, Moscou essaie de l'annexer en liquidant la Moldavie" ("Flux", 12.07).
Les agissements des ressortissants russes, Sergueï Mourzaïev et Taras Zoubatch, en Moldavie ont servi de prétexte pour accuser la Fédération de Russie d'espionnage sur le territoire moldave. "Moscou a créé chez nous une véritable base d'espionnage et de subversion informationnelle pour déstabiliser la situation et épauler les éléments pro-russes au détriment des pro-occidentaux. La Russie souhaite que le chaos politique et économique s'instaure en Moldavie" ("Flux", 12.07).
Les médias reproduisent des articles de la presse occidentale sur la mise en veilleuse des réformes démocratiques en Fédération de Russie. "Le leader russe réorganise en sourdine la Russie, tout en mettant en veilleuse les réformes démocratiques de l'époque post-soviétique, en durcissant de plus en plus le contrôle du Kremlin sur cet immense pays et en cherchant à rétablir l'influence de la Russie dans le monde, mais, pour y parvenir, il ne s'appuie plus sur la puissance combative de l'Armée Rouge, mais sur les ressources pétrogazières" ("PRESS-obozrenié", 07.07).
ARMENIE
Les futurs débats au Sénat américain sur le volume de l'assistance à l'Arménie ont suscité l'intérêt accru des médias pour le thème de la "confrontation" entre la Russie et les Etats-Unis dans leur lutte pour l'influence sur l'Arménie. "L'aggravation de la confrontation entre Moscou et Washington peut placer Erevan dans une situation embarrassante. Il fallait s'y attendre. Le désintéressement n'existe qu'au sein des associations caritatives" (PanARMENIAN.Net, 07.07). Les médias craignent que le fait d'accepter une assistance financière de l'Amérique ne mette l'Arménie dans une situation de dépendance. Certains experts font remarquer qu'en épaulant le régime en place en Arménie, la Russie ne voit que ses propres intérêts nationaux. "Cela permettrait à la Russie de conserver ses positions dominantes dans la région du Caucase du Sud, mais cela ne correspond pas aux intérêts de l'Arménie elle-même" ("Aikakan Zhamanak", 06.07).
La semaine dernière, les données sur le chiffre d'affaires du commerce extérieur de l'Arménie ont permis aux médias de parler du rôle essentiel joué par le partenariat avec la Russie. "En 2004, la Russie est devenue le plus gros partenaire commercial de l'Arménie" ("Aiastani Anrapetutun", 06.07).
GEORGIE
Les négociations entre les représentants de la Géorgie, de la Russie et de l'Abkhazie sur le rétablissement de la liaison ferroviaire entre la Géorgie et la Russie via l'Abkhazie se sont déroulées à Tbilissi sur fond de très vifs débats sur cette question dans les médias géorgiens. "Dans les jours qui viennent, Tbilissi envisage d'organiser des actions contre la possibilité d'ouvrir une liaison directe par chemin de fer à travers la république autoproclamée d'Abkhazie, ce qui pourrait relier la Russie aux Etats du Caucase du Sud et à l'Iran" ("Abkhazia.org", 07.07).
Les analystes sont persuadés que la décision d'élever les prix du gaz, adoptée par Gazprom est politique. "Tout porte à croire que la Russie veut une fois de plus manifester sa puissance aux yeux des Etats qui s'alignent sur l'Occident, tout en leur rappelant que leur approvisionnement en énergie ne dépend que d'elle et d'elle seule" ("Akhali versia", 06.07).
La Russie est de nouveau reconnue coupable de la pérennisation des problèmes dans le règlement négocié du conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud. "Il serait vain d'espérer que les autorités de Tskhinvali acceptent nos initiatives de paix, adoptent une attitude positive et s'engagent enfin dans un dialogue car elles sont totalement contrôlées par la Russie" ("Akhali Taoba", 12.07).
AZERBAIDJAN
La mise en mouvement d'une action pénale à l'encontre de l'ancien premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a été désapprouvée par les médias. "Il s'agit d'une affaire commandée liée à l'intention de M. Kassianov de présenter sa candidature aux prochaines élections présidentielles" ("Yeni Musavat", 12.07).
L'explosion du gazoduc au Daghestan a suscité une vive réaction dans le contexte de la menace croissante du terrorisme, dont cette république devient de plus en plus souvent la cible, et qui risque de s'étendre au territoire de l'Azerbaïdjan voisin, en mettant en danger la sécurité de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. "La violence ne cesse de s'accentuer, non seulement dans la zone du couloir de transport Nord-Sud, mais aussi à proximité immédiate du couloir Est-Ouest et de l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Ceci donne moralement aux pays du Caucase du Sud le droit de demander à la communauté internationale une aide pour faire face à la menace d'instabilité émanant du territoire russe" ("Echo", 09.07).
Les médias ont qualifié de tentative de pression politique sur les pays "insoumis" à la Russie le fait que la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) a demandé au premier ministre russe, Mikhaïl Fradkov, d'examiner la possibilité de vendre du gaz aux prix mondiaux aux pays baltes, à la Moldavie, à la Géorgie et à l'Ukraine. ("Echo", 09.07).
KAZAKHSTAN
Les médias ont couvert en détail le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS : Russie, Chine, Kazakhstan, Biélorussie, Kirghizistan et Tadjikistan). "Les pays membres de l'OCS pourraient représenter pour l'Alliance de l'Atlantique Nord un adversaire tangible et bien concret, mais pour faire face à celui-ci, il faut posséder des armes nucléaires, des millions de soldats et d'officiers, des centaines de milliers de missiles et de canons, des dizaines de milliers de chars et de blindés, des milliers d'avions et des centaines de navires... La déclaration des leaders des pays membres de l'OCS (exhortant les Etats-Unis et l'OTAN à fixer les délais précis de l'utilisation provisoire de l'infrastructure militaire et de la présence des militaires américains et otaniens sur le territoire de plusieurs pays membres), atténuée ensuite par une "source" émanant de la délégation russe ("Il ne s'agit pas d'un ultimatum"), peut être considérée comme le premier signal donné à Washington. ("Nomad", 06.07).
Les journalistes estiment que le sommet de l'OCS à Astana a confirmé l'importance de la position du Kazakhstan dans la lutte contre le terrorisme et qu'il a démontré une fois de plus la croissance du prestige international de la république. "Le Kazakhstan, qui n'a pas connu les horreurs de la guerre civile et du chaos des troubles sociaux, est un exemple de potentiel inépuisable en matière de maintien de la paix" ("Kazakhstanskaïa pravda", 07.07).
KIRGHIZIE
Sur fond d'élection présidentielle, les médias cherchent à comprendre les perspectives du développement post-électoral du pays. Les priorités pro-russes de la stratégie étrangère de Bichkek ont fait l'objet d'un entretien entre Kourmanbek Bakiev et le chef de la mission d'observation de la CEI, Vladimir Rouchaïlo. "La Russie a toujours été notre alliée stratégique, et nous devrions renforcer nos liens économiques" (Kabar, 11.07).
Les médias ont suivi de très près le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), à Astana. Certains journalistes font ressortir le caractère antiaméricain de certaines dispositions de la déclaration adoptée à l'issue du sommet. Cette déclaration invite les États-Unis à fixer les délais de la présence de leurs bases militaires en Asie centrale. "Toute présence sur une terre étrangère a des limites. C'est pourquoi nous, membres de l'OCS, avons posé la question des délais", a notamment indiqué la ministre kirghize des Affaires étrangères par intérim, Roza Otounbaïeva (Jany Kylym, 08.07).
OUZBEKISTAN
En soulignant la nature antiaméricaine de la déclaration adoptée à l'issue du sommet d'Astana, plusieurs médias mettent en doute l'efficacité des décisions de l'OCS. Certains estiment que la Russie a joué un rôle clé dans la préparation des déclarations antiaméricaines et que celles-ci pouvaient évincer les Occidentaux de la région. "L'Occident semble ne pas comprendre qu'un G-2 russo-chinois vient de naître discrètement sur l'échiquier international et risque de devenir un G-3 avec l'Ouzbékistan, voire un G-4 avec la Corée du Nord" (Moussoulmanski Ouzbékistan, 09.07).
Le rapprochement entre la Russie et l'Ouzbékistan est considéré comme le début d'une nouvelle guerre froide dans la région. "La déclaration de l'OCS est, de fait, une énorme provocation politique avec des conséquences à long terme. Elle signale le début d'une nouvelle guerre froide, et certaines de ses dispositions sapent les fondements de l'ONU" (Moussoulmanski Ouzbékistan, 09.07). "C'est une répétition régionale de la guerre froide, une version russe de la crise des missiles de Cuba" (Uzland-uz, 11.07).
Le soutien prêté à Islam Karimov est interprété comme une manœuvre de diversion orchestrée par le Kremlin pour rehausser l'image de marque du président russe. "Poutine a besoin d'une guerre froide avec l'Occident et l'Amérique. Il a besoin de faire revenir la traditionnelle idée nationale selon laquelle la Russie serait entourée d'ennemis, alors que la cote de popularité du président Poutine en est chute libre: seulement 38% des interrogés lui font confiance, selon des médias russes" (Moussoulmanski Ouzbékistan, 09.07).
TADJIKISTAN
L'appel de l'OCS lancé à la coalition antiterroriste traduit, selon des médias, "la volonté des pays membres de l'organisation à assumer plus de responsabilités dans la lutte contre les menaces qui pèsent sur leur stabilité" (Asia-plus, 07.07).
L'Ouzbékistan est prêt à accueillir des militaires russes en cas de déstabilisation de la situation en Asie centrale. Les accords signés lors de la visite d'Islam Karimov à Moscou démontrent que Tachkent a fini par réorienter sa politique étrangère vers la Russie.
La presse couvre notamment la réaction de Washington face au revirement de la politique étrangère ouzbèke. "La Chambre des représentants du Congrès américain a exclu l'Ouzbékistan du programme américain de financement militaire à l'étranger. Ce projet de loi a recueilli 393 voix pour et 32 contre. Désormais, Tachkent ne pourra compter que sur l'aide économique et militaire de Moscou" (Asia-plus, 07.07).