L'espace post-soviétique a besoin de l'aide du G8

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MOSCOU, 15 juin. (Par Vladimir Simonov, commentateur politique de RIA Novosti).

Il serait bien que le club des huit puissances industrielles les plus développées, autrement appelé G8, étende la coopération avec les pays qui se sont formés sur les débris de l'ancienne Union soviétique.

L'assistance à ces nouveaux Etats pourrait être l'un des principaux axes de l'activité du G8 l'année prochaine, au cours de laquelle la présidence passera à la Russie.

Cette idée a été émise par le président Vladimir Poutine au cours de la rencontre de travail qu'il a eue le week-end dernier à Moscou avec le premier ministre britannique, Tony Blair. Celui-ci achève un périple qui l'a conduit dans les capitales des membres européens du G8, notamment à Berlin et à Paris, afin de préparer le programme et les documents du sommet fixé pour les 6-8 juillet à Gleneagles (Ecosse).

D'après les résultats de la rencontre de Moscou et des pourparlers que le premier ministre britannique avait eus précédemment avec les dirigeants de l'Italie et des Etats-Unis, le sommet de juillet sera consacré essentiellement à deux thèmes: l'annulation de la dette des pays pauvres d'Afrique et la réalisation du Protocole de Kyoto sur les changements climatiques.

Vladimir Poutine a soutenu énergiquement l'initiative de Tony Blair concernant l'annulation de la dette de 18 pays africains et qui a été fixée dans une entente entérinée il y a quelques jours à Londres par les grands argentiers du G8. Qui plus est, au cours de la rencontre moscovite des dirigeants russe et britannique il s'est avéré que Moscou lui aussi savait se montrer généreux. En chiffres absolus, pour ce qui est de l'effacement des dettes africaines, la Russie arrive en troisième position derrière le Japon et la France.

Cette circonstance permet de mieux comprendre le rôle particulier joué par la Russie au sein du G8, appelé parfois club de riches. Riche par ses ressources naturelles, humaines et culturelles et aussi grande puissance nucléaire, la Russie est nettement devancée par ses sept partenaires en ce qui concerne les revenus par habitant. Cependant, la participation de la Russie au G8 acquiert un sens supplémentaire du moment que la Russie, pour reprendre Vladimir Poutine, "comprend plus facilement les problèmes auxquels se heurtent les pays à économie de transition".

L'idée du président russe concernant l'aide que le G8 pourrait accorder aux pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) va dans le droit fil de l'allègement de la dette des Etats africains. Effectivement, après l'annulation des dettes des pays africains les plus pauvres, le comblement du retard économique de jeunes pays comme l'Ouzbékistan, la Kirghizie, la Moldavie et la Géorgie figure parmi les tâches prioritaires de la communauté mondiale. Il ne fait aucun doute que la pauvreté et les autres problèmes sociaux aigus constituent l'une des causes essentielles des accès d'instabilité politique et des ébranlements observés dans les Etats de la CEI.

Cette instabilité incite l'Occident et Moscou à considérer l'espace post-soviétique comme un champ de bataille. Aujourd'hui la Russie propose quelque chose de radical, à savoir transformer cet espace en champ de coopération et aider les pays de la CEI à développer la démocratie et l'économie. De l'avis de Vladimir Poutine, ce thème pourrait être au coeur des débats lors du G8 qui se tiendra l'année prochaine en Russie.

La rencontre de travail à Moscou a montré que Vladimir Poutine et Tony Blair étaient sur la même longueur d'onde en ce qui concerne cette autre priorité du premier ministre britannique qu'est le contrôle de l'application du Protocole de Kyoto réglementant les rejets dans l'atmosphère de ce que l'on appelle les gaz à effet de serre.

"Il est nécessaire de travailler en direction des pays qui n'ont pas adhéré au Protocole de Kyoto", a relevé le dirigeant russe qui avait en vue surtout les Etats-Unis. Et dans ce sens il a probablement été rejoint par Tony Blair qui lors de la rencontre qu'il vient d'avoir avec George W.Bush n'a pas réussi à faire évoluer d'un yota la position du président américain qui refuse obstinément de signer le protocole en question. Comme toujours, George W.Bush invoque le risque pour les Etats-Unis de perdre des "millions" d'emplois et de subir un préjudice se chiffrant à des "centaines de milliards de dollars". Sa thèse principale ici repose sur le fait que le réchauffement de la planète "n'a pas encore été scientifiquement démontré".

Toutefois, un coup sensible vient d'être porté à la position du président américain". Les académies des sciences des pays du G8 ainsi que des chercheurs chinois, brésiliens et indiens ont tout récemment réclamé de leurs gouvernements qu'ils prennent des mesures en vue de limiter les rejets de gaz nocifs dans l'atmosphère. Après cela on ne saurait prétendre que l'effet de serre "n'est pas scientifiquement démontré" sans verser dans le ridicule. Au sommet du G8 en Ecosse Tony Blair et Vladimir Poutine pourront reparler de ce sujet à George W.Bush.

Le climat général dans lequel la rencontre de travail des dirigeants russe et britannique s'est déroulée à Moscou a montré on ne peut mieux que les relations entre les deux pays n'étaient pas aussi tendues que certains commentateurs internationaux aiment à l'écrire.

C'est vrai, une pause assez longue avait été observée dans les contacts personnels de Vladimir Poutine et de Tony Blair: il ne s'étaient pas revus depuis le mois de juin 2003. Ce qui avait donné matière à penser que la Russie se sentait "offensée" après que Londres eut accordé l'asile politique à des oligarques russes et à un chef terroriste tchétchène en fuite. Cependant, si une incompréhension avait pu se faire jour à une certaine époque entre les deux dirigeants, elle ne s'est pas du tout manifestée le week-end dernier à Moscou. Tony Blair, qui le 1er juillet assumera la présidence de l'Union européenne, a promis à la Russie de l'aider au maximum à se rapprocher de l'UE. Par ailleurs, des sources de RIA Novosti au Kremlin ont révélé un petit secret: au mois d'octobre Vladimir Poutine effectuera une visite de travail en Grande-Bretagne. Sur la toile de fond des dissensions au sein de l'UE, cette harmonie des deux dirigeants est particulièrement réjouissante.

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