Energuiia a défini sa stratégie

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MOSCOU, 14 juin. (Par Andreï Kisliakov, commentateur politique de RIA Novosti).

L'année prochaine la Russie entamera la réalisation du plus vaste programme spatial national de ces dernières décennies, échelonné sur dix ans. Le sort a voulu que la réalisation de ce programme commence par la réforme de la principale entreprise spatiale russe répondant du secteur balistique et du développement de l'astronautique pilotée.

Cette entreprise, c'est la Corporation balistique spatiale (RKK) Energuiia. Jusqu'à ces derniers temps elle avait longtemps été dirigée par Youri Semenov, constructeur général des vaisseaux et des stations spatiaux soviétiques et russes. Le 30 mai, sur décision de l'assemblée des actionnaires, il a été remplacé à la tête de la corporation par Nikolaï Sevastianov, 44 ans, arrivé tout droit d'un département de Gazprom, étroitement lié à RKK par des programmes ayant trait à la conception de satellites de télécommunications. Le départ de Youri Semenov est dû au fait que bien qu'étant toujours numéro un mondial de la balistique, RKK n'était pas devenue rentable pour autant.

Au cours des vingt dernières années l'astronautique jadis entreprise innovante s'est transformée en composante inaliénable des économies nationales. C'est d'ailleurs ce qu'elle doit être. Partant, l'activité spatiale de l'Etat réclame une assise économique bien précise.

Si l'on en juge d'après les derniers propos du nouveau patron d'Energuiia, la stratégie de l'entreprise représentant la Russie dans le domaine de l'espace se distinguera par un pragmatisme pesé. Elle sera notamment affranchie de la sempiternelle confrontation entre les partisans des vols pilotés et leurs adversaires prônant l'automatisation. "Dans la période de transition où nous nous trouvons la nouvelle phase de développement de l'astronautique est industrielle, c'est la raison pour laquelle nous devons proposer des projets dont la société a besoin", a dit Nikolaï Sevastianov devant les actionnaires de la corporation.

Evoquant les projets pour le futur, le nouveau PDG de RKK Energuia a détaché la mise en valeur des ressources naturelles de la Lune. "Le projet concernant l'extraction sur la Lune d'hélium-3, qui lors de la réaction de fusion thermonucléaire libère une énorme quantité d'énergie écologiquement propre, pourrait être réalisé dans les 15-20 ans à venir, mais compte tenu du grand scepticisme qu'il suscite actuellement, il serait plus raisonnable de parler de 25 à 30 ans", a fait remarquer Nikolaï Sevastianov.

Dans le domaine des satellites, le patron d'Energuiia pense que son entreprise "dispose des conditions nécessaires pour pouvoir être compétitive sur le marché mondial des satellites de télécommunications et d'observation".

Le nouveau dirigeant veut s'en tenir à la gestion de l'économie au moyen de projets. "Dans l'économie du pays de nombreuses structures passent à cette méthode. Dans le secteur spatial on attendait toujours les commandes publiques en se disant: "On va nous donner de l'argent et cela nous permettra de vivre". Seulement si la compagnie est devenue commerciale, elle doit être capable de travailler de manière autonome, et sur le marché où elle n'est attendue par personne", a déclaré Nikolaï Sevastianov.

D'ores et déjà la corporation est tournée vers la coopération internationale. Il s'agit surtout de sa participation au programme de la Station spatiale internationale (ISS). Au cours d'un point de presse-Internet tenu le 7 juin, le directeur adjoint de Roskosmos, Alexandre Medvedtchikov, a mis l'accent sur la portée de ce programme en tant que projet "jouant un rôle très important étant donné qu'il a pour la première fois permis d'associer des pays très divers par la mentalité et le statut politique" et s'est arrêté tout particulièrement sur l'avenir international d'Energuiia. "Le récent remplacement de la direction supérieure de la corporation balistique spatiale Energuiia n'aura aucune incidence sur la réalisation des contrats internationaux, a-t-il dit. Pour ce qui est de la fiabilité de ces engagements, il ne faut pas oublier que l'Etat est le garant de nombreux contrats et projets internationaux, notamment ceux qui ont trait à l'ISS. D'autres contrats sont garantis par l'Agence spatiale fédérale. A ce jour nous n'avons jamais failli à des engagements nous liant à nos partenaires internationaux".

Si tout ce qui a été annoncé se réalise, alors on pourra dire que l'astronautique et son puissant potentiel scientifique et industriel ont enfin acquis une structure de gestion moderne.

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