Jusqu'ici, ce sont principalement les philologues qui étudiaient en Russie la vie et l'œuvre d'Alexandre Pouchkine (1799-1837), alors que ses considérations curieuses sur les fondements de l'État et l'identité nationale russe n'ont pas reçu une couverture tous azimuts.
Pour Pouchkine, la noblesse héréditaire représentait le seul garant de l'équilibre socio-politique de la vie sociale et de la succession des traditions culturelles.
Le poète avait des exigences élevées pour la qualité des élites. Et il n'a jamais su pardonner à Pierre le Grand et à Catherine la Grande d'avoir introduit la noblesse d'office.
Selon le chercheur, Pouchkine s'opposait à la violence révolutionnaire et voyait la Révolution française d'un œil sceptique.
Au moment de la répression de la révolte du 17 novembre 1830 à Varsovie, Pouchkine s'est prononcé pour une riposte draconienne des autorités. La Pologne faisait alors partie de l'Empire russe. Pour étouffer la révolte, Nicolas Ier a mobilisé l'armée russe qui revenait de Turquie.
L'intervention politique active de l'Occident dans ce "conflit entre Slaves", il la qualifiait d'atteinte ouverte à la souveraineté russe, alors même que les diplomates occidentaux appelaient Russie le "gendarme de l'Europe" ou la "prison des peuples". La position de Pouchkine se résumait à une protestation farouche contre l'humiliation de l'État russe. Selon Nikolaï Petrakov, il ne reste qu'à s'étonner de la perspicacité de Pouchkine, en observant comment l'Occident utilise aujourd'hui les mêmes clichés, cette fois-ci pour la Tchétchénie, la Géorgie et les pays baltes.
