Les constructeurs automobiles russes optent pour les modèles étrangers

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MOSCOU, 23 mai. (Par Alexandre Yourov, commentateur politique de RIA Novosti).

En territoire russe il n'est pratiquement plus une seule usine automobile qui ne soit en pourparlers sur le lancement de l'assemblage d'un modèle étranger sur ses chaînes. Les constructeurs automobiles russes ont enfin compris les insinuations transparentes et les signaux clairs du gouvernement et commencent à pénétrer le marché en recourant à des principes nouveaux.

Le projet GM-AvtoVAZ concernant la fabrication du tout-terrain Chevy-Niva se développe depuis plusieurs années. Un projet d'assemblage d'un quatre-quatre indien par l'entreprise automobile GAZ est en cours de préparation. Ijevsk, la capitale de l'Oudmourtie (ouest des monts Oural), lancera la production du nouveau sedan sud-coréen Spectra à la fin de cet été. Un autre bastion s'est écroulé voici quelques jours. La société Severstal-avto a annoncé qu'elle avait commencé l'assemblage du tout-terrain sud-coréen Ssang Yong Rexton dans l'usine qui jusqu'ici avait sorti une version de la microcylindrée russe Oka bon marché. Il est remarquable que lors de la présentation de son nouveau projet la direction de Severstal-avto a rendu publics des plans de coopération d'envergure avec des constructeurs automobiles étrangers. Les entreprises de la société vont progressivement diversifier la gamme des modèles étrangers de manière à pouvoir, d'ici à 2007, fabriquer pas moins de trois types de tout-terrains de créneaux de prix différents. Au total il est envisagé de produire au total 40.000 véhicules par an. De surcroît, Severstal-avto entend également assembler son produit traditionnel, à savoir le mini-tout-terrain russe OuAZ, sur un châssis Rexton.

Le "dernier des Mohicans" est donc l'Usine automobile de Serpoukhov (région de Moscou) qui entend poursuivre la fabrication de la plus petite cylindrée russe dotée d'un moteur de 800 cm3 maxi. Toutefois, ici aussi les dirigeants de l'entreprise estiment que la rentabilité de la microcylindrée Oka laissait à désirer. Si cet indice était amélioré, l'usine continuerait d'assembler ce véhicule ou passerait à la fabrication de l'Oka-2 de demain. Cependant, pour renouveler le modèle il faut procéder à un investissement que les experts chiffrent à quelque 70 millions de dollars. Aussi plusieurs autres solutions sont-elles étudiées.

Guennadi Bykov, assistant du directeur de l'usine, pense qu'aucun problème technique ne pourrait empêcher l'entreprise de Serpoukhov de lancer l'assemblage d'un véhicule étranger. A l'heure actuelle les spécialistes envisagent la fabrication de tout-terrains. Des négociations ont déjà été menées avec des constructeurs automobiles chinois et allemands dont les noms n'ont pas été révélés. En dernière analyse l'entreprise pourrait renoncer à la fabrication des microcylindrées russes pour se lancer dans l'assemblage d'un quatre-quatre chinois bon marché ou d'un élégant sedan allemand.

L'activité des constructeurs automobiles russes est bien compréhensible. Il est patent que les autorités russes n'entendent pas changer leurs plans. La Russie a déjà réduit quasiment à zéro les taxes d'importation frappant les éléments pour l'assemblage de véhicules étrangers en Russie. Qui plus est, Moscou entend dans le courant de 2005 introduire des taxes pratiquement prohibitives sur les véhicules étrangers d'occasion.

A ce que sait Severstal-avto, l'un des plus grands constructeurs automobiles de Russie, les véhicules étrangers d'occasion représentent 11 pour cent du marché des voitures particulières. Cependant, conformément au plan élaboré par le gouvernement, l'âge "toléré" des voitures étrangères d'occasion sera abaissé de 7 à 5 ans. Les véhicules plus âgés seront soumis à des pénalisations douanières. En d'autres termes, il ne sera plus du tout avantageux de leur faire traverser la frontière.

Par conséquent, d'ici à la fin de l'année une niche à remplir va se constituer sur le marché automobile du pays. 11 pour cent du marché, cela signifie qu'au cours du seul premier trimestre de 2005 plus de 90.000 véhicules étrangers d'occasion ont été vendus en Russie.

Les constructeurs automobiles russes ne disposent pas des modèles appropriés pour combler cette brèche. D'où leur regain d'activité dans la recherche de partenaires étrangers. A propos, les sociétés étrangères elles aussi pensent que cette coopération pourrait être très profitable. C'est qu'en matière de compétitivité l'industrie automobile russe affiche bien des avantages. Par exemple, le lancement de la fabrication de modèles étrangers dans les entreprises russes est bien moins coûteux que d'entreprendre la construction d'usines. Severstal-avto a annoncé que l'adaptation technique des chaînes technologiques de ses entreprises à l'assemblage du quatre-quatre Ssang Yong Rexton reviendrait à 56 millions de dollars. Or, le lancement de la fabrication en Russie de la Ford Focus avait coûté au moins deux fois plus cher.

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