La Russie veut attirer les investisseurs dans la région de Kaliningrad

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MOSCOU. /par Yana Yourova, commentatrice politique de RIA Novosti/. La région de Kaliningrad sera bientôt sacrée zone économique spéciale. De toute façon, le gouvernement fédéral a déjà approuvé le projet de loi la concernant. L'adoption de ce document aidera-t-elle à égaliser sa situation socio-économique avec celle de ses voisins les plus proches qui sont membres de l'Union européenne?

La région de Kaliningrad a dès maintenant un statut particulier aussi bien du point de vue géographique (comme l'Alaska pour les Etats-Unis, cette enclave russe est bordée de part et d'autre par des pays étrangers) que sur le plan juridique. Décrétée zone économique libre depuis janvier 1996, elle a fonctionné plutôt comme zone franche. Elle garde toujours son droit de laisser passer en franchise une large gamme de marchandises. Au début, ce statut a en effet imprimé une puissante impulsion au développement de la région séparée du reste de la Russie. Mais, tout comme dans les autres zones économiques spéciales du pays (il y en avait dix-huit dans les années 1990), l'étape de développement impétueux a été peu après suivie d'une période de stagnation.

C'est que par tradition il n'y avait, sur le territoire de la région, que des industries militaires, ce qui ne plaisait guère aux pays voisins, ceux de l'Union européenne. Ils ont donc fait beaucoup d'effort pour le démilitariser. Des lobbies européens y ont implanté plusieurs productions d'envergure : assemblage de voitures, fabrication d'appareils électroménagers. Après une restructuration rapide, l'industrie régionale s'est reconvertie dans le civil et a commencé à fournir des produits d'assez bonne qualité. A propos, cela n'a pas coûté trop cher aux investisseurs étrangers du point de vue financier parce que les usines se trouvaient à proximité et se prêtaient de ce fait facilement au contrôle technique et, qui plus est, les risques n'étaient pas élevés.

Cependant, petit à petit, la zone économique de Kaliningrad a cessé d'être une zone de nouveaux emplois pour devenir une plaque tournante pour les produits en provenance des pays voisins qui subissaient une opération finale dans les entreprises locales. En d'autres termes les producteurs ont pris l'habitude de se contenter du gain que leur procuraient les avantages, sans se soucier du développement de la région. Le statut particulier a considérablement déformé la structure de l'économie kaliningradienne, ce qui n'a pas tardé à se répercuter sur les indices économiques.

Ainsi, en 2002, le budget régional, au lieu de rapporter au pays, a dû être doté au niveau de 43% et le déficit extérieur a atteint 90% du produit régional brut du fait que les importations se sont accrues de 130% alors que les exportations n'ont augmenté que de 20% à 25%.

Pour cette raison, dans son traditionnel message à l'Assemblée fédérale d'il y a deux ans, le président Poutine a évoqué le développement de la région de Kaliningrad parmi les tâches prioritaires, en incitant ainsi les fonctionnaires à élaborer une nouvelle loi, la Loi sur la zone économique spéciale de la région de Kaliningrad".

De l'avis du ministre du Développement économique et du Commerce, Guerman Gref, qui est l'un des coauteurs du document, cette loi "exclut au maximum tous les abus possibles" parce que ces normes sont "plus transparentes". Maintenant la zone aura un organe dirigeant que l'on a déjà appelé l'"administration de la zone économique spéciale". Il est vrai qu'elle ne différera pas beaucoup des autorités locales parce que ces dernières seront chargées d'administrer la ZES. L'administration aura pour mission de sélectionner les acteurs économiques de la zone et les inscrire sur un registre. A noter que la "porte de la zone" ne sera pas ouverte au tout venant des hommes d'affaires régionaux. Les producteurs d'alcool ou de tabac, les ateliers de dépannage auto, les établissements de crédit, les sociétés financières, ainsi que les compagnies pétrolières n'auront pas droit à des privilèges.

Cependant, les facilités en douane qui ont déformé l'économie régionale et dont on attend l'annulation ne seront pas abrogées dans l'immédiat. De toute façon, ceux qui en bénéficient aujourd'hui continueront d'en profiter pendant encore dix ans. A l'heure actuelle les importateurs kaliningradiens sont exonérés de droits de douane et de TVA. Les producteurs qui traitent les équipements importés de façon à ce que leur prix n'augmente pas de plus de 30% ne paient pas la taxe à l'exportation et la TVA. Pour l'électronique ce chiffre est inférieur à 15%. Mais ceux qui décideront de monter une affaire dans la région après l'adoption de la nouvelle loi ne bénéficieront d'avantages qu'en matière d'importation. Cependant, seuls les produits auxquels est appliqué le statut de zone économique spéciale sont concernés. Leur liste sera établie selon une procédure spéciale.

La nouvelle loi aidera-t-elle à redresser la situation socio-économique de la région de Kaliningrad et à l'égaliser avec celles des pays voisins? Selon les prévisions du ministère russe du Développement économique et du Commerce, le produit régional brut devrait augmenter de 10% à 15% par an pendant la période 2005-2010. Mais le bilan des innovations dépendra directement de l'intérêt que les investisseurs porteront aux conditions qui leur seront proposées. Aujourd'hui, aucun ministre ne peut dire même approximativement quel pourrait être le montant des investissements dans la région. L'histoire nous enseigne que d'une façon générale le marché russe attire beaucoup de producteurs étrangers.

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