L'entraîneur du Lokomotiv Moscou, Youri Semine, a pris les commandes de la sélection russe de football. Sa candidature a été adoptée le 18 avril par le Bureau du Comité exécutif de l'Union footballistique de Russie (RFS) et elle devrait être entérinée sans problèmes par le Comité exécutif qui se réunira le 26. Dès mardi le nouveau coach - le huitième depuis 1993 - a annoncé qu'il allait s'entretenir avec les membres maintenus du staff d'encadrement. En ce qui concerne son club, le Lokomotiv Moscou, champion en titre de Russie, Youri Semine a indiqué qu'il passait la main à Vladimir Echtrekov avec lequel il travaille depuis treize ans.
Le choix qui vient d'être fait a quelque chose d'exceptionnel. Premièrement, la version de l'entraîneur étranger a une nouvelle fois été repoussée alors que le tout niveau président de la RFS, Vitali Moutko, a déclaré, après la nomination de Youri Semine au poste d'entraîneur de la sélection russe, que des pourparlers avaient été engagés avec des coachs chevronnés comme le Serbe Bora Milutinovic, l'Allemand Ottmar Hitzfield et le Français Gérard Houiller. Les hauts responsables du football russe ont quand même jugé qu'à l'étape actuelle il était préférable de faire appel à un spécialiste du cru "connaissant le football national", pour reprendre Vitali Moutko.
Deuxièmement, le président du Lokomotiv, Valeri Filatov, avait annoncé qu'il n'était pas question que Youri Semine conserve son poste d'entraîneur des cheminots. "Cela nuirait aux intérêts du Lokomotiv", avait dit sans ambages Filatov. Viatchev Fetissov, directeur de l'Agence fédérale pour la culture physique et le sport, lui aussi s'était prononcé contre le cumul des fonctions, soulignant que "si l'entraîneur de la sélection nationale veut obtenir des résultats, il doit se consacrer entièrement à cette équipe".
C'est vrai qu'en cas d'incident de parcours Semine pourra toujours revenir au Lokomotiv. En tout cas, Valeri Filatov a clairement laissé entendre que les portes du club lui seraient toujours ouvertes. Pour ce qui concerne le principal intéressé, il a qualifié de "mission commandée" sa nouvelle nomination qui, selon lui, pourrait s'achever à la fin de l'année. Quoi qu'il en soit, Youri Semine va devoir constituer au plus vite son staff qui comprendra, sur entente avec la RFS, un entraîneur en second et deux assistants, et se mettre immédiatement au travail.
Youri Semine a souligné à plusieurs reprises qu'il était toujours parti de zéro. Dans les années 80, à Douchanbe (Tadjikistan), lorsque le jeune entraîneur était à la tête du Pamir, au Lokomotiv, auquel il a consacré quinze années de sa vie, et même en Nouvelle-Zélande où il a exercé ses talents au début des années 90.
Youri Semine a fait du Lokomotiv, alors très modeste club moscovite, une des équipes phares du football russe, remportant deux fois le championnat et quatre fois la Coupe de Russie, terrassant l'Inter et Monaco en Ligue des champions.
Il n'est pas exclu que Youri Semine fasse appel en priorité à des joueurs du Lokomotiv qu'il connaît bien. Sergueï Ovtchinnikov, ignoré par le précédent entraîneur du onze russe, Gueorgui Yartsev, pourrait retrouver sa place dans les buts. Semine pourrait aussi tester le jeune milieu de terrain Diniar Vilialetdinov et faire jouer davantage les principaux éléments du club, à savoir Dmitri Loskov, Marat Izmaïlov, Dmitri Khokhlov et Dmitri Sytchev. Il ne devrait pas non plus se passer des services de l'expérimenté Boris Ighnatiev, qui voici quelques années avait coaché la sélection nationale et ensuite épaulé Semine au Lokomotov.
D'un autre côté, Youri Semine a promis de revoir entièrement le jeu de la sélection qui manque de rapidité. Or, actuellement le Lokomotiv ne brille pas particulièrement dans ce domaine. Sur ce plan les joueurs du CSKA Moscou et du Zenit Saint-Pétersbourg, auxquels le coach précédent du onze russeavait fait appel, sont inégalés. Par conséquent, il ne faut pas s'attendre à ce que Youri Semine procède à de grands bouleversements.
Le nouvel entraîneur entend également créer au sein de l'équipe un climat psychologique favorable, de manière à ce que les footballeurs aient envie d'y jouer. Cependant, c'est en faisant des déclarations similaires que Gueorgui Yartsev avait pris en main le onze russe il y a dix-huit mois. Tout d'abord il y avait eu le triomphe lors de la phase de qualification pour l'Euro 2004, mais ensuite cela avait été le catastrophique championnat d'Europe au Portugal, après quoi la sélection russe avait perdu son unité, certains de ses joueurs déclarant même qu'ils ne souhaitaient plus porter son maillot.
Nous saurons bientôt si Youri Semine réussira à matérialiser son dessein. Dès le 4 juin, à Saint-Pétersbourg, la sélection russe affrontera la Lettonie en match de qualification pour le Mondial 2006. A mi-parcours les internationaux russes ont trois points de retard sur leurs homologues portugais et slovaques et deux de plus que les... Lettons. Le match de Saint-Pétersbourg sera donc déterminant pour les deux équipes et aussi pour Youri Semine.
