Au milieu des années 1990, le film "Les particularités de la chasse nationale" d'Alexandre Rogojkine avait battu tous les records de recettes en Russie. Les personnages et le sujet étaient allés droit au coeur du public. Le réalisateur avait tapé dans le mille: de tous temps la chasse a été pour les Russes un divertissement associant fougue, bravoure et convivialité. La chasse, c'est le pique-nique avec vodka et profusion de hors-d'oeuvre, des histoires drôles, des récits cynégétiques extraordinaires et, inévitablement, des aléas de toutes sortes. La chasse russe c'est un mélange de genres, allant de l'épouvante jusqu'à la comédie en passant par le thriller.
La chasse en Russie a toujours été une occupation populaire: les tsars, les nobles (cette chasse a été décrite sous toutes ses facettes par Léon Tolstoï dans ses romans), les paysans s'y adonnaient. Les domaines de chasse russes sont peuplés par une bonne cinquantaine d'espèces d'oiseaux, 43 espèces de carnassiers, une vingtaine d'ongulés et dix espèces de rongeurs. Les procédés de chasse ont toujours été innombrables. Ces procédés et le rituel de la chasse ont d'ailleurs récemment fait l'objet d'une exposition thématique au Musée d'histoire de Moscou.
La chasse a son folklore, ses chansons et ses fables, accessibles sur les sites Internet spécialisés. De très nombreux livres sur la chasse ont été édités au cours des cinq dernières années. Des films d'initiation sont également disponibles.
Cette distraction qui a pour nom "chasse" gagne en popularité. Maintenant parmi les nouveaux russes il est de mode d'aller traquer l'ours, le sanglier, le loup et autres bestioles pour se titiller les nerfs et ensuite se glorifier en bonne société. Aujourd'hui il est possible de chasser dans toutes les régions de Russie. D'intéressants programmes sont proposés par de nombreuses agences versées dans le tourisme extrême et aventurier.
Des étrangers se rendent en Sibérie ainsi qu'en Russie moyenne pour tirer le sanglier, l'élan, le loup, le renard et le lièvre. Un jour nous nous sommes entretenus avec deux Allemands venus chasser en été dans la région de Vladimir, au nord-est de Moscou. Ils avaient été logés dans des pavillons de chasse. "La Russie centrale est densément peuplée mais elle possède quand même des forêts giboyeuses! On peut les parcourir pendant des heures sans rencontrer âme qui vive!", s'étaient-ils étonnés. Interrogés sur le coût des pièces, ils avaient répondu: "la moins chère est le canard: 25 dollars. Des prix aussi bas ne sont pas pratiqués partout".
Un ours peut revenir à 1.500 dollars, un élan à 750. Pour un cerf tacheté, un loup ou un renard, il vous en coûtera respectivement 650, 350 et 80 dollars. Dans ce prix figurent le premier apprêt et la licence de chasse. Les services du garde-chasse sont généralement réglés à part. Le tour standard est de 7 jours dont 4-5 sont consacrés à la chasse.
Au printemps on peut chasser le faisan, le coq de bruyère et le canard dans toutes les régions russes. Dans la presqu'île du Kamtchatka, en Extrême-Orient russe, ainsi que dans la région de Kirov, on peut chasser l'ours.
En hiver les plantigrades sont chassés dans les territoires septentrionaux: Carélie, une contrée aux forêts luxuriantes, et région de Novgorod.
Le cerf est chassé dans la Russie centrale et occidentale (dans la région de Smolensk, par exemple) en automne et en hiver, de septembre à décembre. A la même époque on peut tirer le maral (cerf) et le chamois sibérien dans l'Altaï (Sibérie méridionale), le "pays des montagnes d'or" aux riches traditions culturelles. Le chevreuil peut être chassé dans la même contrée, mais d'août à octobre. La chasse à l'élan est très populaire et pratiquée un peu partout. Des services sont proposés dans le Povoljié (régions d'Astrakhan et de Yaroslavl), dans le nord, le nord-ouest et le nord-est (régions de Mourmansk, de Novgorod et de Vladimir), et au Kamtchatka, le pays des geysers (Extrême-Orient russe).
A Mechtchera, dans la région de Moscou, ainsi que dans les régions de Vladimir et de Riazan l'hébergement des chasseurs est particulièrement confortable: bungalows classe luxe et plus modestes pour deux personnes ou plusieurs couples. C'est vrai qu'ici les prix sont sensiblement plus élevés que dans les simples bases de chasse datant de l'époque soviétique - là bas il en coûte 500 roubles la nuit (le dollar s'échange contre un peu moins de 28 roubles) - ou les camps de toile. Les izbas pimpantes sont dotées d'un coin-cuisine avec eau chaude, WC et chauffage autonome. On trouve aussi parfois un sauna, un billard russe et même un centre-fitness. Les touristes sont accueillis et raccompagnés, les transferts sont assurés.
La république septentrionale de Carélie offre des maisonnettes en rondins - avec cuisine équipée, réfrigérateur, douche, sauna, meubles capitonnés, télévision et magnétophone - implantées en bordure de lac. Les bains russes sont à deux pas tout comme le parking. Des embarcations peuvent être louées.
Akhtouba, dans la basse Volga, a toujours été appréciée des chasseurs pour sa beauté, son air pur, ses forêts giboyeuses et ses eaux poissonneuses. Un établissement de cure avec locaux d'habitation confortables y est ouvert douze mois sur douze. C'est un lieu fréquenté pas des Russes et des étrangers aisés.
Il est possible d'acheter ou de louer des équipements dans toutes les grandes villes de Russie. Les nombreux magasins Chasse et pêche offrent un registre très étendu de matériels bon marché et haut de gamme. Mais pour pleinement ressentir ce que c'est que la chasse russe, alors faites-vous accompagner par des autochtones. Ils ne manqueront pas de vous donner de précieux conseils culinaires et autres.
