La bourse a démarré lundi dans le calme, par une baisse légère des cotes, mais lorsque le Service fiscal fédéral a annoncé avoir multiplié par 6,5 ses réclamations faites au groupe pétrolier TNK-BP pour 2001, en les portant de 4 à 26 milliards de roubles (à un peu moins de 1 milliard de dollars), le marché s'est littéralement écroulé. Les titres liquides et les "blue chips" ont tout de suite perdu 2,5% à 4% de leur valeur.
"On peut dire seulement que la nouvelle est au plus haut degré surprenante", estime Alexéi Logvine, d'Interfintrade.
Elle a été annoncée après les déclarations des autorités du pays tendant à améliorer la perception par les investisseurs du climat d'affaires dans le pays, a-t-il expliqué.
"L'apparition dans ce contexte de griefs contre TNK ne pouvait que plonger le marché dans un état de choc", a-t-il ajouté.
Le principal effet négatif de la décision du fisc est qu'elle "peut aboutir à une révision des risques d'investissement en Russie et rendre stériles toutes les dernières actions décidées par les autorités pour rétablir la confiance des investisseurs dans notre pays", estime Oleg Tcherkachine, de Zerich.
Néanmoins, les experts soutiennent qu'il est encore prématuré de parler d'une dégradation sérieuse du climat d'investissement en Russie. Le marché a besoin que le fisc fournisse des explications supplémentaires.
"Le moment n'est pas encore venu de parler d'un préjudice grave, mais c'est un signal fort désagréable", estime Konstantin Gouliaïev, du groupe Region.
Il a rappelé que la nouvelle avait eu une réaction négative parmi les investisseurs. "Si des explications claires et nettes du fisc ne suivent pas dans l'immédiat, le marché se figera dans un état négatif stable et l'activité sera très basse. Mais je ne suis pas près de comparer les réclamations formulées contre TNK avec l'affaire Ioukos", a-t-il ajouté.
Pavel Mamaï, du groupe Renaissance Capital, reste optimiste sur la tournure des événements.
"L'intervention de l'actionnaire étranger aidera TNK-BP de trouver un compromis avec les organes fiscaux", affirme-t-il. Les événements autour de TNK-BP ne doivent pas avoir une incidence tant soit peu importante sur le risque de crédit d'autres entreprises russes", soutient-il.
Le débat judiciaire sur les premiers arriérés d'impôts (4 milliards de roubles) est prévu le 13 avril.
Le directeur pour le développement du volet gazeux de TNK-BP-Management, Viktor Vekselberg, a déclaré la veille dans les couloirs du Forum économique russe de Londres, que TNK ne pouvait être redevable de 26 milliards de roubles d'arriérés d'impôts. Si cette question n'est pas résolue à l'amiable, par voie extrajudiciaire, la "société défendra sa cause en justice", a-t-il souligné.
