La Russie vue par la presse de la CEI et des Etats baltes

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UKRAINE

Sur fond de multiplication des contacts ukraino-géorgiens dans le cadre de l'union informelle du GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan et Moldavie), les médias rappellent que l'objectif principal de cette organisation après la "révolution orange" consiste à créer un contrepoids politique efficace à la Russie dans l'espace post-soviétique. "Sur le plan économique, le GUUAM n'a pas de potentiel considérable. Les membres de l'organisation sont peu complémentaires les uns par rapport aux autres, chacun ayant des liens économiques plus solides avec la Fédération de Russie qu'avec ses partenaires. Le GUUAM est, plutôt, un centre idéologique que politique dans l'opposition contre le Kremlin" ("Glavred", 31.03)

Une grande attention est accordée à la visite à Moscou de la première ministre ukrainienne, Youlia Timochenko, prévue pour la mi-avril. La presse prédit que ses négociations avec les dirigeants russes seront centrées sur des problèmes économiques et, en premier lieu, sur la question des livraisons à l'Ukraine de produits pétroliers russes. "Pour Youlia Timochenko, cette visite sera importante du point de vie de son prestige international. Elle fera tout son possible pour apparaître devant les hommes d'affaires et les journalistes russes sous un jour favorable" ("ForUm", 05,04).

Derrière la conclusion du traité de coopération et de partenariat entre le Parti socialiste d'Ukraine (PSU) et le parti russe Rodina, les médias voient la volonté du PSU de se mettre à la tête des forces politiques ukrainiennes orientées sur la coopération avec Moscou. "Car Rodina, quoi qu'on en dise, est un projet du Kremlin" ("Den", 30.03).

La presse demeure attentive aux projets d'Alpha-Group russe qui cherche à élargir sa présence sur le marché ukrainien des télécommunications. "Alpha-Group projette d'introduire sur le marché son plus grand actif russe, Vympelkom" (" Zerkalo nedeli ", 02.04).

MOLDAVIE

La publication, par le service de presse du bloc "Moldavie démocratique" (BDM), à la veille du vote présidentiel au parlement moldave, des "Conditions principales du BDM pour l'élection du président", a suscité de vastes échos. Ce document, qui exige de dénoncer l'accord russo-moldave sur le règlement du conflit en Transnistrie et de proclamer illégale la présence des troupes russes en Moldavie, a été perçu par des médias comme un acte de trahison du Bloc envers Moscou qui lui avait apporté son soutien au cours de la récente campagne électorale. ("Vremia", 01.04).

La presse publie les messages adressés au gouvernement moldave lui demandant d'abandonner le format "à cinq" des négociations sur le règlement en Transnistrie et d'obtenir au plus vite le retrait de cette région du contingent de paix russe. ("Ziarul de Garda", 31.03).

La décision de l'administration de Tiraspol de créer une entreprise autonome, distincte de Moldova-Gaz, pour l'importation de combustible bleu russe en Transnistrie, est présentée par la presse comme une nouvelle manoeuvre du Kremlin visant à renforcer ses pressions économiques sur Chisinau. "Une fois créée, cette structure permettra à Moscou de mettre en oeuvre ses projets de relèvement des tarifs du gaz livré à la Moldavie. D'autre part, le retrait de Transnistrie de Moldova-Gaz conduira à l'augmentation du quota russe dans cette société par actions ("BASA-press", 30.03).

ESTONIE

Le thème des festivités du 60e anniversaire de la Victoire sur l'Allemagne nazie à Moscou est toujours débattu par la presse estonienne qui ne cache pas sa satisfaction face au refus des présidents ukrainien et géorgien de se rendre le 9 mai dans la capitale russe. Les journaux prédisent que leur exemple sera suivi par le premier ministre japonais Junichiro Koizumi, mécontent par la position de la Russie sur la question des îles Kouriles.

Le match de football entre les sélections russe et estonienne qui s'est terminé par un nul (1 à 1) et qui est présenté par la presse dans un contexte politique, de même que le refus de Moscou de reconnaître les exécutions dans la forêt de Katyn comme un acte de génocide du peuple polonais, ont fourni de nouveaux arguments aux médias estoniens qui s'entraînent à la rhétorique anti-russe.

LETTONIE

La presse et l'opinion discutent toujours de l'intention déclarée du Président des Etats-Unis, George W. Bush, de visiter la Lettonie le 6 mai prochain. "Cette décision de George W. Bush a sans doute un sens profond... A présent, la visite du Président américain montre que les Etats baltes redeviennent une sorte de "papier de tournesol" pour tester la démocratie en Russie. Cette visite serait aussi un appel lancé à Vladimir Poutine lui disant: reconnaissez enfin les faits historiques, reconnaissez l'occupation des pays baltes" ("Vesti segodnia", 30.03).

On parle beaucoup de la visite en Suède de la Présidente de la Lettonie, Vaira Vike-Freiberga, où celle-ci "s'est souvenue avec reconnaissance de l'époque suédoise en Lettonie" et où, comme le prétend la presse lettonne, elle aurait reçu un appui explicite à sa politique à l'égard de la Russie. "De 1621 à 1710, Riga fut l'un des centres de l'Empire suédois, et les réformes réalisées par les autorités suédoises étaient essentiellement progressistes. Ce progrès n'a été arrêté que par la défaite de la Suède dans la Guerre du Nord et la conquête progressive du territoire de la Lettonie par l'Empire russe" (Vaira Vike-Freiberga, Delfi, 01.04). "Evoquant le sort de la Lettonie à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la partie suédoise a utilisé pour la première fois le terme d'"occupation" ("Latvijas avize", 02.04).

A l'approche de la signature imminente d'un traité frontalier entre la Russie et la Lettonie, on voit s'activer des forces qui s'opposent à cette évolution de la situation. Ainsi, en réponse aux déclarations d'A.Kirsteins, président de la Commission pour les Affaires étrangères à la Diète lettonne, prétendant notamment que la Russie et la Lettonie mèneraient des négociations secrètes sur une éventuelle restitution à la Lettonie du district de Pytalovo, la presse russophone de la Lettonie cite une interview de Vladimir Jirinovski qui affirme qu'un plan de rattachement de Daugavpils à la Fédération de Russie serait élaboré par Moscou.

LITUANIE

En dépit des scandales diplomatiques qui éclatent sporadiquement entre la Lituanie et la Fédération de Russie, les parlementaires lituaniens ont refusé d'attiser la tension dans les relations avec la Russie. "Le dialogue avec la Russie par l'intermédiaire des médias nuit aux intérêts de la Lituanie et à la politique de voisinage de l'Union européenne (UE)" (Sugardas.lt, 30.03).

Le refus de la Présidente de la Lettonie, Vaira Vike-Freiberga, de venir à Tallinn aux célébrations de l'anniversaire de l'adhésion des Etats baltes à l'Alliance de l'Atlantique Nord est interprété par les médias lituaniens comme le résultat des "intrigues du Kremlin". "La Russie parvient à briser l'unité des pays baltes et à diviser leur opinion" ("Letuvos ritas", 30.03).

La première décision judiciaire sur le "dossier YOUKOS" - 20 ans de prison pour A.Pitchouguine - et la requête du Procureur qui a demandé 10 ans d'emprisonnement pour Mikhaïl Khodorkovski et Platon Lebedev ont suscité des commentaires extrêmement négatifs dans la presse lituanienne, se montrant très critique à l'égard de la jurisprudence russe et de l'état général de la société russe. "C'est la malveillance non dissimulée d'une justice de poche face à des gens qui ne perdent pas leur dignité même dans le contexte d'une justice sommaire" ("Litovskaïa narodnaïa gazeta", 31.03).

GEORGIE

A l'occasion des événements en Kirghizie, la presse prédit la désagrégation prochaine de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Les médias géorgiens entrevoient aussi une révolution en Russie elle-même. "Au cours des révolutions en Géorgie et en Ukraine, plusieurs jeunes gens de la Fédération de Russie veillaient très attentivement à l'évolution des événements. Ils disaient alors leur désir de former aussi un tel mouvement en Russie. Le mouvement "Kmara" entretient depuis des contacts permanents avec ces jeunes gens, et nous n'ignorons pas qu'un mouvement très sérieux est en train de s'organiser en Russie" ("Rezonansi", 01.04).

La future visite en Géorgie du Président des Etats-Unis, George W. Bush, fait couler beaucoup d'encre. Les médias interprètent les actions du Président américain comme une démarche dirigée contre la politique russe au Caucase. "Alors que les autorités de la Géorgie ont opté pour une ligne ferme de principe, en réclamant le retrait des bases russes du pays, il sera une fois de plus souligné que la Géorgie n'est pas abandonnée à son sort, seule en face de la Russie, mais qu'elle a un allié puissant" ("Khvalindeli dgue", 31.03).

La visite informelle de cette fin de semaine en Géorgie du Président de l'Arménie, Robert Kotcharian, est perçue par les médias comme un signe évident de l'abandon par Erevan de son alignement inconditionnel sur Moscou. "Le rapprochement entre Robert Kotcharian et Mikhaïl Saakachvili ne plaira guère à Vladimir Poutine si à la suite de cette rencontre, la coopération entre ces deux Présidents se poursuit en politique extérieure et au niveau régional. Depuis ces derniers temps, Robert Kotcharian s'est notablement rapproché de l'Occident, et tout particulièrement de l'Alliance de l'Atlantique Nord ("Khvalindeli dgue", 04.04).

La Russie se présente toujours comme le partenaire à la fois le plus important et le plus redoutable dans les projets économiques.

ARMÉNIE

La déception provoquée par la visite de Vladimir Poutine à Erevan a entraîné une explosion médiatique antirusse en Arménie. Les médias considèrent les relations avec la Russie comme une ancre qui maintient l'Arménie dans l'isolement international. On s'efforce d'adapter le scénario kirghiz à la situation politique en Arménie.

Les données sur le volume des investissements russes dans l'économie arménienne montrent que la Russie investit beaucoup plus dans les économies des autres pays membres de la CEI. "Le partenariat stratégique" entre la Russie et l'Arménie est de plus en plus souvent considéré comme une formule cynique permettant à la Russie de conclure des contrats avantageux aux dépens de l'Arménie. Les médias critiquent les autorités arméniennes pour les concessions économiques faites à la Russie.

Les journaux dénoncent la position russe à l'égard de la construction du gazoduc reliant l'Iran à l'Arménie. "Considérant l'avenir de la Russie comme imprévisible, l'Occident recherche d'autres voies de transport des produits énergétiques. Ici nos intérêts coïncident certainement avec ceux de l'Occident ("Aïkakan Jamanak", 30.03).

AZERBAÏDJAN

La presse ne met plus en doute l'affaiblissement de l'influence du Kremlin dans l'espace post-soviétique. Les événements en Kirghizie sont considérés comme un nouveau maillon dans la chaîne des échecs de la politique extérieure russe.

"La révolution en Kirghizie pourrait prétendre au rôle de Rubicon, en tout cas pour l'establishment russe" ("Écho", 02.04).

La faible influence de Moscou sur l'Arménie est au centre de l'attention des médias. "On a l'impression que les Etats-Unis s'efforcent de transformer le pays en véritable fief occidental pour désavouer les propos irréfléchis du président de la Douma russe Boris Gryzlov qui a qualifié l'Arménie d'avant-poste russe" ("Écho", 30.03).

L'intensification des activités des organisations islamiques dans le nord de l'Azerbaïdjan suscite l'inquiétude de la presse. Selon certains médias, les actions extrémistes seraient provoquées par les services secrets russes. "Les organisations extrémistes nouvellement créées sont un pilier de la réalisation des noirs desseins tramés par certains milieux russes contre notre pays" ("Zerkalo", 04.04).

Inspirés par des éditions occidentales, les médias locaux supposent que le Kremlin a l'intention d'utiliser la montée du nationalisme en Russie pour assurer un troisième mandat à Vladimir Poutine ou la victoire d'une de ses personnes de confiance à la présidentielle de 2008.

KAZAKHSTAN

Le spectre de la révolution orange a obligé les médias pro-gouvernementaux à oublier, pour un temps, les sujets traditionnels, pour concentrer leur attention autour du président Noursoultan Nazarbaïev. Ils ne mentionnent que brièvement la Russie. Dans le même temps, l'intervention des opposants kazakhs Jarmakhan Touïakbaï, Boulat Abilov, Oraz Djandossov et Altynbek Sarsenbaïev sur les ondes de radio "Écho de Moscou" et l'interview accordée par Jarmakhan Touïakbaï à la "Nezavissimaïa gazeta" ont reçu un écho négatif dans la presse. Aucune critique n'a été émise à l'encontre de la Russie qui avait offert une tribune aux opposants au régime, mais il faut s'y attendre dans un avenir proche (Liter.Kz, 01.04).

Les médias analysent toujours la situation en Kirghizie. Certains députés kazakhs ont commenté la position russe à ce sujet. "On peut dire que la Russie a essuyé une nouvelle défaite. (Vladimir) Poutine a misé sur (Askar) Akaïev... A présent, il se trouve en Russie et c'est bien, il les arrangeait et ils sont probablement en train de réfléchir aux moyens de le faire réélire le 26 juin. La Russie défendra, évidemment, ses intérêts" ("Navigator II", 30.03).

KIRGHIZIE

Une source électronique représentant un parti de l'opposition accuse la Russie d'avoir trahi le peuple kirghize qui, même après le démembrement de l'URSS, gardait de la sympathie pour le "grand frère" russe. "La Kirghizie a toujours sympathisé avec la Russie. Ici, les tendances prorusses sont traditionnellement fortes... Le peuple kirghize espérait une assistance et un soutien du frère russe, mais a reçu en réponse la promesse d'aider Askar Akaïev à étouffer la révolte. Les responsables politiques russes font une nouvelle fois la même erreur" ("Ar-Namys", 04.04).

Les médias annoncent que le président kirghize par intérim, Kourmanbek Bakiev, a reçu à Bichkek une délégation russe composée de responsables de l'Agriculture et des Situations d'urgence. "Au cours de cette rencontre qui s'est tenue au siège du gouvernement, Kourmanbek Bakiev a mis en relief trois grandes questions: les semailles, la sécurité alimentaire et la gestion des situations de crise... Le ministère russe de l'Agriculture devrait accorder des semences, des engrais, du gazole et du blé alimentaire" (Kyrgyzinfo, 01.04).

OUZBÉKISTAN

On annonce les résultats de la nouvelle session du Conseil de la structure antiterroriste régionale de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui a réuni, à Tachkent, les délégations russe et ouzbek (UzReport.com, 31.03).

Les médias citent des sources russes s'exprimant sur la révolution en Kirghizie. On cite notamment le député Konstantin Zatouline qui affirme que de tels événements sont impossibles en Ouzbékistan ou en Turkménie. "On y comprend bien que Saparmourat Niazov et Islam Karymov n'hésiteront pas une seconde à recourir à la force, alors qu'Akaïev n'envisageait pas le scénario musclé" (Ferghana.ru, 30.03).

Les médias électroniques mettent en relief la double position de la Russie sur la question kirghize. "La mise à l'écart surprise du président Akaïev en Kirghizie a pris de court le Kremlin. Se remettant du premier choc, les autorités russes cherchent à établir des relations de travail étroites avec le gouvernement provisoire de Bichkek. Vladimir Poutine s'est dit prêt à aider le nouveau cabinet à stabiliser la situation politique" (ZamonInfo, 31.03).

TADJIKISTAN

Les médias citent Nikolaï Petrov, membre du Conseil scientifique du centre Carnegie de Moscou, qui s'exprime au sujet des perspectives de l'évolution de la CEI et met en relief la nécessité d'une réforme de grande ampleur. Il estime prématuré d'évoquer l'éclatement de la CEI ("ViD", 30.03).

On évoque également les propos de Mikhaïl Marguelov, président du comité international du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), dénonçant la menace du "fondamentalisme radical" que promettait la révolution kirghize. "Aucun changement intérieur en Kirghizie ne menace la sécurité de la Russie et des États-Unis tant que ce pays reste dans notre giron. La question du fondamentalisme radical reste ouverte dans cette zone" ("Asia-Plus", 31.03).

On annonce le début des exercices d'état-major de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), Roubej-2005. Ces manœuvres ont pour objectif de tester la cohésion des forces de sécurité collectives des pays membres de l'OTSC ("Avesta", 02.04).

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