Fin mars 2005 à Grozny, capitale de la Tchétchénie jadis séparatiste, pour la première fois en dix années de conflit sur fond de séparatisme et de terrorisme, un militaire russe a été accusé d'avoir sauvagement battu un Tchétchène qui a disparu ensuite sans laisser de traces et condamné par un tribunal local.
Le lieutenant-chef de la police Serguei Lapine, habitant de la ville de Khanty-Mansiïsk, dans le Nord de la Russie, qui a servi en Tchétchénie en 2001 a été reconnu coupable d'abus de fonctions, de faux et usage de faux et condamné à 11 ans de détention.
Ce cas est sans précédent, car le procès a eu lieu à Grozny et parce que le policier russe a été jugé par des juges tchétchènes qui n'éprouvent pas d'indulgence pour ceux qui usent de la violence contre leurs congénères. Cependant, les défenseurs russes des droits de l'homme de la Fondation "Verdict public" qui ont tâché d'influer, plusieurs années durant, sur l'enquête et sur le procès, sont mécontents de la légèreté de la peine: ils reprochent à l'accusation ne n'avoir pas réussi à prouver que le policier Serguei Lapine a assassiné le jeune Tchétchène Zelimkhan Mourdalov.
Qui a contraint Zelimkhan Mourdalov à disparaître? Qu'est-ce qui lui est arrivé? S'il a été tué, où a-t-il été enterré? Les proches du jeune homme sont certains que le policier russe Serguei Lapine a tout combiné, par conséquent, ils sont prêts à recueillir de nouvelles preuves.
Le commandement fédéral affirme que les séparatistes et les terroristes pratiquent le kidnapping. Ils enlèvent les gens en vue d'obtenir une rançon et poursuivent activement ce business criminel, au moins depuis l'été 1996, lorsque le régime séparatiste d'Aslan Maskhadov, récemment tué par les fédéraux, a été au pouvoir pendant un certain temps.
C'est vrai: pour obtenir une rançon, les hommes de Maskhadov enlevaient des Tchétchènes, même à Moscou, sans parler des razzias organisées dans les villages des environs de Grozny.
Mais ce n'est pas toute la vérité. "Les formations armées qui agissent en Tchétchénie sous le contrôle des services secrets russes et qui effectuent des "ratissages" dans les localités continuent d'enlever des gens, dont certains disparaissent ensuite. Nombre d'entre eux ont été recherchés en vain depuis 1999, même depuis 1996". Ces propos ont été tenus il y a deux semaines par un homme qui jouit de la confiance du commandement fédéral. Aslambek Aslakhanov, un des plus célèbres Tchétchènes de Russie, ancien député à la Douma (chambre basse du parlement russe), aujourd'hui conseiller du président russe Vladimir Poutine, affirme que de nombreux jeunes hommes tchétchènes prennent les armes uniquement parce que, dans le cas contraire, ils risquent de devenir victimes des "escadrons de la mort" proches des services secrets russes.
"Chaque violation des droits de l'homme en Tchétchénie fera l'objet d'une enquête et les coupables seront punis", a déclaré Serguei Abramov, président du gouvernement tchétchène, au cours de la conférence de presse qui s'est tenue quelques jours après l'annonce du verdict contre le policier russe Serguei Lapine.
C'eût été une bonne nouvelle si, quelques heures avant, les agences d'information russes n'avaient pas annoncé l'enlèvement de trois autres Tchétchènes.
"Dans le village d'Aguichbatoï du district de Vedeno, des inconnus en tenues de camouflage ont fait irruption dans une maison et, sous la menace d'armes automatiques, ont emmené un habitant local dans une direction inconnue", a raconté à RIA Novosti une source des organes judiciaires de Tchétchénie.
Ce crime, sera-t-il instruit et puni? Par qui et par quelle partie a-t-il été commis? Lorsque le problème du séparatisme est, pour l'essentiel, retiré de l'ordre du jour en Tchétchénie, les droits de l'homme deviennent le principal champ de bataille dans cette république martyrisée par la guerre.