Les tremblements de terre du 26 décembre 2004 et du 28 mars 2005 enregistrés près de l'île indonésienne de Sumatra comptent parmi les dix plus puissants de ces cent dernières années.
La secousse du 26 décembre dernier avait une puissance à peu près égale à celle de la totalité des stocks d'armes nucléaires accumulés dans le monde entier et a dégagé autant d'énergie que toute la planète en consomme par an.
La période précédente d'activité sismique globale se situait à la charnière des 19e et 20e siècles (les informations exactes sont impossibles en raison de l'absence, à l'époque, d'observations instrumentées globales). De 1965 à la fin de 2004, aucun tremblement de terre analogue à ceux de l'Indonésie n'a été constaté.
Sommes-nous témoins d'une nouvelle période d'activité sismique globale?
De nombreux chercheurs russes partagent ce point de vue.
Où des tremblements de terre peuvent-ils bien se produire?
Les secousses telluriques puissantes sont les plus probables dans les zones formant la ceinture sismique du Pacifique qui longe le pourtour de l'océan. Elles sont beaucoup plus rares dans la ceinture méditerranéenne qui commence dans la région des îles du Cap Vert et traverse le Portugal, la Méditerranée, la mer Noire, l'Asie mineure, l'Himalaya pour aboutir en Indonésie. Cette ceinture a une branche latérale qui va au centre de la Chine. C'est là, la population de la région étant très dense, que les séismes ont d'habitude des conséquences catastrophiques. Le tremblement de terre de Tang-Shan de 1976 et celui de Sumatra de 2004 qui ont fait de 50 000 à 1 million de morts nous en apportent la preuve.
Parmi les catastrophes analogues qui ont eu lieu dans le Pacifique, on ne peut évoquer que le séisme de Tokyo qui a tué près de 150 000 personnes en 1923.
En Russie, les régions les plus sensibles sont les îles Kouriles et le Kamtchatka. Des tremblements de terre aussi puissants que celui de Sumatra de 2004 y sont parfaitement possibles. En effet, le séisme enregistré en 1952 au sud du Kamtchatka compte parmi les cinq plus puissants de ces cent dernières années. Les autres zones sismiques de Russie sont le Caucase du Nord, le lac Baïkal, l'Altaï et les Sayans mais des secousses d'une magnitude supérieure à 6,5 y sont très peu probables.
Il y a lieu de noter que du point de vue des conséquences éventuelles, le danger ne vient pas seulement des séismes de magnitude 8,5 et plus puissants. Si l'épicentre d'une secousse beaucoup plus faible se trouve à proximité d'une grande ville, le préjudice peut être catastrophique. Le tremblement de terre de Tang-Shan de 7,6 degrés qui a frappé la Chine en 1976 a été la plus terrible catastrophe du 20e siècle. Il a tué 255 000 personnes, d'après les chiffres officiels et au moins deux fois plus, selon des sources officieuses. Par contre, le plus puissant des séismes connus, le tremblement de terre chilien de 1960 qui avait une magnitude de 9,5 et avait provoqué un tsunami, comme celui du 26 décembre dernier, ne compte même pas parmi les trente catastrophes les plus meurtrières.
Peut-on prédire les tremblements de terre?
Outre la mise en uvre de mesures antisismiques, les scientifiques russes n'ont jamais cessé leurs études sur les prévisions des séismes. L'Institut international de théorie des prévisions des tremblements de terre et de géophysique mathématique est l'un des centres scientifiques les plus importants. Le personnel de cet établissement fondé et dirigé pendant une longue période par l'académicien Vladimir Keilis-Borok a pu prouver la possibilité théorique de prévoir les secousses telluriques. Ces recherches ont été effectuées avec des collègues américains.
Dirigépar l'académicien Keilis-Borok, un groupe de chercheurs de cet Institut et de l'Université californienne de Los Angeles a conçu une nouvelle méthode qui augmente sensiblement la précision des prévisions et réduit considérablement le nombre des fausses alertes. La probabilité d'un séisme puissant peut être maintenant prévue avec plus de certitude. Deux tremblements de terre se sont produits à la date prédite: le 25 septembre 2003 à proximité de Hokkaido, au Japon, le 22 décembre 2003 en Californie centrale, aux Etats-Unis, les deux ayant été annoncés six mois à l'avance. Avec certaines réserves, d'autres prévisions se sont avérées justes, notamment celles du séisme qui s'est produit à la frontière slovéno-autrichienne le 12 juillet 2004 et celles de la série de secousses qui ont eu lieu au Japon en septembre et octobre 2004. Il est encore prématuré d'en tirer des conclusions définitives au sujet de la nouvelle méthode car elle a encore besoin de confirmations supplémentaires. Mais il est possible de conclure dès maintenant qu'un progrès spectaculaire s'annonce dans la résolution du problème de la prévision des tremblements de terre.