L'objectif du projet est de garantir aux particuliers la restitution de leur argent, par le biais de l'Agence pour l'assurance des dépôts (ASV), si la banque concernée n'arrive pas à respecter ses engagements. Le montant maximal du dépôt que l'État s'engage à compenser est de 100 000 roubles par banque, quel que soit le nombre de comptes personnels appartenant au client. Les autres 28% des banques, marginales, ont soit retiré leurs demandes d'adhésion, soit ne correspondent pas aux critères requis. Ces dernières ont encore une chance d'adhésion: la Banque centrale, qui doit procéder à une nouvelle vérification, pourrait les intégrer d'ici au 27 septembre prochain.
La première et essentielle conséquence de la réforme: l'assurance des dépôts encourage l'investissement des particuliers. À l'heure actuelle, la plupart des Russes voient les banques d'un il plutôt méfiant. Beaucoup d'entre eux continuent de garder leurs économies dans des bas de laine. Selon des estimations, la population détient ainsi entre 60 et 75 milliards de roubles. Mais progressivement, grâce, entre autres, à l'assurance des dépôts, la situation s'améliore. Selon une étude sociologique réalisée sur commande de l'ASV, un déposant sur quatre fait plus confiance aux banques russes depuis l'entrée en vigueur de la loi sur l'assurance des dépôts. En 2004, 8% des interrogés ont augmenté leurs dépôts, dont 45% inspirés par le nouveau système d'assurance.
Deuxièmement, la spécialisation et la réorganisation des banques s'accélèrent. Les banques qui ont volontairement refusé defaire partie du système d'assurance n'ont que deux voies à suivre: soit privilégier les gros clients, soit fusionner avec d'autres banques. Les experts augurent unanimement que l'absorption des marginaux est dans l'intérêt des grandes banques russes qui multiplient leurs filiales et des banques étrangères qui veulent se positionner à peu de frais sur le marché russe.
Troisièmement, l'assurance des dépôts est un instrument important de mise en place d'un environnement concurrentiel. Grâce au nouveau système qui crée pour toutes les banques les conditions de garantie égales, les banques moyennes seraient plus attractives aux yeux du déposant. En offrant une rentabilité élevée, elles séduiraient une partie des clients, et la part des grands acteurs sur le marché des dépôts des particuliers, notamment celle du monopole Sberbank, pourrait diminuer.
Enfin, rappelons que les banques désireuses d'être intégrées au système d'assurance seront mises à l'épreuve par la Banque de Russie qui testera leur solidité financière. Ainsi, l'introduction de la loi sur l'assurance des dépôts assainit le système bancaire russe dans son ensemble. Dans beaucoup de banques intégrées au système, les actifs sont devenus plus fiables, et les banques elles-mêmes plus transparentes. Le directeur de l'ASB, Alexandre Tourbanov, est confiant: il n'y aura pas cette année de faillites parmi les banques incorporées au système d'assurance des dépôts.
Comme toute innovation, l'assurance des dépôts suscite des craintes. Le fonds d'assurance des dépôts est financé en partie par l'État et en partie par les cotisations des banques elles-mêmes. Ce qui gonfle le prix de revient. Certains analystes augurent donc un renchérissement des crédits et une baisse des taux d'intérêts des dépôts.
En principe, le montant des taux d'intérêt des dépôts ne dépend pas de l'assurance. Les représentants de l'ASB cherchent à convaincre l'opinion que la baisse des taux d'intérêts s'explique autrement. Selon Alexandre Tourbanov, c'est un processus objectif qui se poursuit depuis plus d'un an et qui serait lié au développement économique dans son ensemble et à la baisse du taux d'inflation.
Vladimir Koulov, de la banque MKB, s'attend, par contre, à une légère baisse, cette année, des taux d'intérêts des dépôts due, en premier lieu, au fait que les banques intégrées au système d'assurance doivent verser les cotisations nécessaires.
Somme toute, résume l'économiste Alexandre Chokhine, l'introduction du système d'assurance des dépôts doit assainir le système bancaire d'ici au milieu de 2005.
