L'avenir de l'EEU était l'un des points essentiels de l'ordre du jour des pourparlers bilatéraux. Une partie importante des pourparlers au sommet ainsi que la presque totalité des entretiens entre le président russe et la première ministre ukrainienne, Ioulia Timochenko, ont été consacrées à ce thème. A cet égard, Vladimir Poutine a déclaré que la réalisation heureuse du projet favoriserait le développement des relations économiques des deux pays et permettrait, entre autres, d'éliminer le déséquilibre dans le commerce russo-ukrainien. Tout en relevant qu'il avait "senti l'intéressement des dirigeants ukrainiens à voir ce projet avancer".
Le président ukrainien, Viktor Iouchtchenko, a souligné de son côté qu'une étape importante de la création de l'EEU devrait être la zone de libre échange qui permettrait de "résoudre les problèmes liés aux régimes commerciaux et constituerait le meilleur moyen de rééquilibrer le commerce russo-ukrainien".
En d'autres termes, il n'a pas du tout été question de l'enterrement de l'EEU.
La douloureuse problématique de la frontière du plan d'eau Azov-Kertch n'a pas non plus été ignorée des parties. Le dirigeant russe a souligné que des progrès étaient observés dans la délimitation de la frontière maritime. Il a rappelé que "ce problème était resté en suspens pendant des années parce que personne n'osait s'y attaquer". Cependant, de l'avis de Vladimir Poutine "si les parties le veulent réellement, elles parviendront toujours à des ententes".
Parmi les thèmes débattus à Kiev par les présidents il y avait celui du consortium de transport gazier. Vladimir Poutine a déclaré que la Russie souhaitait impliquer des partenaires occidentaux dans la création du consortium international chargé de faire transiter le gaz vers l'Europe. De l'avis du président russe, "cela rendrait le projet plus transparent". Pour Vladimir Poutine, "le partenaire le plus naturel dans le cas présent est l'Allemagne du moment qu'elle est le plus important consommateur de gaz russe et qu'elle obtient le gros de ce combustible par le système de transport ukrainien". Dans le même temps, a-t-il relevé, "nous pensons que d'autres partenaires européens pourraient être sollicités. Gaz de France et le groupe italien ENI se déclarent intéressés". "Nous sommes disposés à élargir cette coopération", a souligné le président russe.
Vladimir Poutine s'est également arrêté sur les intérêts de l'Ukraine lors de la réalisation de ce projet. Il a rappelé que plus de 80 pour cent du gaz russe transitaient par l'Ukraine, ce qui rapportait au budget ukrainien 127 millions de dollars l'an. Si le projet de consortium se réalisait, les rentrées de devises de l'Ukraine seraient encore plus importantes, a assuré le président russe.
Viktor Iouchtchenko, lui, a relevé que la partie ukrainienne partait du fait qu'à "l'état actuel le consortium de transport gazier était la propriété de l'Ukraine et qu'il faisait l'objet d'une nouvelle approche qui devrait accroître les potentialités du système de transport ukrainien".
Dans l'ensemble Vladimir Poutine s'est félicité de ses pourparlers avec Viktor Iouchtchenko, soulignant qu'ils s'étaient déroulés dans "un climat de grande bienveillance et dans un esprit constructif".
Il est remarquable que la visite de Vladimir Poutine à Kiev ait eu lieu le lendemain de sa rencontre à Paris avec les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Espagne, au cours de laquelle le président russe a déclaré sans ambages que "la Russie salue l'élargissement de la coopération de l'Ukraine avec l'Union européenne, du moment que cela répond à nos intérêts".
Dans le contexte du rapprochement observé dans le cadre des "quatre", les relations de la Russie et de l'Ukraine pourraient prendre une dimension supplémentaire, européenne celle-là.