La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

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UKRAINE

La couverture négative des thèmes russes s'explique par la critique virulente de la politique intérieure du Kremlin. On reproche à Vladimir Poutine des atteintes sans précédent aux libertés des médias et la volonté d'instaurer en Russie une dictature. "La direction de la chaîne de télévision NTV a annulé une émission retraçant l'enquête sur l'assassinat du journaliste Gueorgui Gongadze. Des sources au sein de compagnie ont annoncé que l'interdiction provenait directement du Kremlin. On a fait comprendre à la direction de la chaîne que celle-ci devrait désormais éviter d'aborder le sujet" ("ProUA", 10.03).

L'élimination d'Aslan Maskhadov permet d'accuser Moscou de vouloir saper les initiatives de règlement pacifique en Tchétchénie avancées par le leader séparatiste. La plupart des médias sont unanimes à estimer que la mort de Maskhadov entraînera un regain d'activités terroristes. "La poursuite de la terreur fait le jeu de certaines forces influentes en Russie, des "siloviki" (structures de forces) entourant Poutine qui espèrent que le maintien de l'instabilité dans le pays, les menaces constantes et les succès spectaculaires dans la lutte contre ces menaces, comme la mort de Maskhadov, les aideront d'une façon ou d'une autre à résoudre le problème du troisième mandat présidentiel" ("Den", 11.03).

La rencontre de Viktor Iouchtchenko avec des représentants du grand capital russe, à Kiev, est jugée "fructueuse". Les médias affirment que les négociations avec les investisseurs russes ont largement renforcé les positions du président ukrainien en prévision de la visite de Vladimir Poutine en Ukraine ("ForUm", 15.03).

Les projets russes de construction d'un gazoduc vers l'Europe au détour du territoire ukrainien sont accueillis négativement par les médias. "Moscou cherche à prendre le contrôle des tuyaux en Europe... Mais le nouveau gazoduc ne pourra pas satisfaire la demande croissante des pays européens de gaz russe. En outre, les experts constatent qu'il reviendrait moins cher de perfectionner les réseaux existants en Ukraine et en Biélorussie" ("Oukraïnska Pravda", 15.03).

MOLDAVIE

Les médias qualifient les dernières législatives de nouvel échec de la politique étrangère de Moscou dans la CEI. On affirme même que le parlement dans sa nouvelle composition durcira le ton vis-à-vis de Moscou ("Flux", 10.03; "Vremia", 11.03).

Une campagne médiatique est en train de se déchaîner contre le bloc Moldavie démocratique auquel la presse reproche son alliance avec le Kremlin. "Le soutien de Moscou a apporté à Moldavie démocratique un certain nombre de voix, mais le bloc en a perdu plus pour cette même raison" ("Jurnal de Chisinau", 11.03).

L'arrestation en Moldavie du conseiller pour les affaires extérieures du patron de EES Rossii (Électricité de Russie), Valeri Passat, a été interprétée comme une réaction des autorités officielles de Chisinau. "L'arrestation de Passat qu a appuyé Moldavie démocratique ouvre de nouvelles opportunités pour le chantage exercé sur d'autres membres du bloc qui seront obligés, lors de la présidentielle, de voter comme on le leur dira" ("Timpul", 15.03).

Passifs face à la mort d'Aslan Maskhadov, les médias ne s'intéressent qu'aux prévisions concernant la candidature au poste de leader des séparatistes tchétchènes. "Il n'est pas exclu que, pour conserver un dialogue politique avec l'Occident, l'émissaire du président Maskhadov, Akhmed Zakaïev, domicilié à Londres, présente sa candidature à la présidence de l'Itchkérie indépendantiste" ("Vremia", 09.03).

ESTONIE

Le refus du président Arnold Rüütel de se rendre à Moscou pour assister aux festivités du 60e anniversaire de la victoire sur le fascisme a divisé la société estonienne d'après le principe ethnique, mais la presse dans son ensemble approuve la décision du président. "Le problème de la représentation des pays baltes à Moscou est réglé d'une façon excellente: ils y seront représentés par la présidente de la Lettonie, en même temps, l'absence de deux présidents attire l'attention sur le problème" ("Eesti Päevaleht", 09.03).

L'élimination du leader des terroristes tchétchènes Aslan Maskhadov a été accueillie très négativement par tous les médias et a fourni un prétexte pour parler de la destruction de l'espoir d'établissement de la paix en Tchétchénie. Certains articles essaient de présenter Aslan Maskhadov comme un héros, ils citent souvent Akhmad Zakaiev et prédisent une nouvelle escalade de la guerre de Tchétchénie. "La scène politique de la Tchétchénie reste entre les mains de deux aventuriers: le terroriste Chamil Bassaiev et le vice-premier ministre Ramzan Kadyrov. Nombreux sont ceux à Moscou qui reconnaissent qu'on ne voit pas encore très bien lequel est le plus dangereux pour le Kremlin: Chamil Bassaiev, considéré comme un ennemi, ou bien Ramzan Kadyrov, qualifié d'ami" ("Postimees", 11.03).

Plusieurs articles sont consacrés au 20e anniversaire de la nomination de Mikhail Gorbatchev au poste de Secrétaire général du CC du PCUS. Les publications soulignent son rôle de "réformateur". "La renaissance de l'Estonie et son développement ultérieur sont devenus possibles, pour beaucoup, grâce à Mikhail Gorbatchev. Il a prouvé au monde que l'écroulement des empires et la renaissance des Etats sont possibles sans bouleversements", ("Postimees", 12.03).

LETTONIE

L'élimination du leader des terroristes tchétchènes Aslan Maskhadov est le sujet principal des discussions dans la presse. Les médias et les hommes politiques lettons condamnent unanimement cet acte. "Il est très important de faire la différence entre les combattants pour la liberté et les terroristes" ("Latvias Avize", 10.03). La presse parle beaucoup de la liquidation préméditée de l'unique partenaire potentiel à des pourparlers de paix et décrit les scénarios catastrophiques de l'avenir de la Russie. "C'est probablement le tour de Ramzan Kadyrov, fils de l'ancien président de la Tchétchénie, car les Tchétchènes le haïssent et le craignent"("Rigas Balss", 10.03).

A la lumière des propos tenus de nouveau en Ukraine et en Géorgie sur l'utilité de faire renaître le GUUAM (Union qui regroupe la Géorgie, l'Ukraine, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et la Moldavie) et de la récente visite du président ukrainien en Allemagne, le thème de la dépendance excessive des pays baltes et de plusieurs Etats d'Europe vis-à-vis des matières énergétiques russes devient de nouveau actuel. "Le projet de la GUUAM permettra de diriger le transit du pétrole en contournant la Russie, en empruntant l'itinéraire Bakou-Supsa-Odessa-Brody" ("Dienas Biznes", 11.03).

La presse nationale ne cache pas sa satisfaction face aux résultats des élections municipales, selon lesquels les partis russes n'ont gagné la majorité nulle part, alors que les forces de droite ont obtenu une certaine supériorité à la douma de Riga. "Il est temps de cesser de créer les partis d'après l'indice ethnique, car ils divisent la société" ("Neatkariga rita Avise" (15.03).

LITUANIE

Le refus du Président de la Lituanie, Valdas Adamkus, de se rendre à Moscou pour participer aux célébrations du 9 mai suscite au sein de la société lituanienne de plus en plus de critiques. "Les sondages d'opinion montrent que la société aurait majoritairement approuvé la visite de Valdas Adamkus à Moscou" ("Respublika", 09.03).

Le 15-ème anniversaire du rétablissement de l'indépendance de la Lituanie a servi en quelque sorte de prétexte pour la publication d'une nouvelle série d'articles très négatifs sur la Russie, matériaux où la Fédération de Russie est considérée de préférence comme un "adversaire historique de la Lituanie".

Les officiels de Vilnius ont réagi négativement à la déclaration du ministre des Affaires étrangères de Russie, Sergueï Lavrov, sur l'inadmissibilité de présenter les libérateurs comme des occupants, tout en faisant passer les acolytes des hitlériens pour des combattants de la liberté.

La réaction de l'opinion lituanienne à l'élimination d'Aslan Maskhadov est très négative et dirigée contre la Fédération de Russie. "L'assassinat du Présidant tchétchène Aslan Maskhadov prouve que le terrorisme est légitimé en Russie au niveau de l'Etat" ("Respublika", 09.03).

On constate une brusque réduction du nombre des publications favorables à la coopération économique mutuellement avantageuse entre la Russie et la Lituanie.

GEORGIE

La réaction plutôt modérée de Moscou à la résolution du Parlement géorgien sur le retrait des bases militaires russes du territoire de la Géorgie est interprétée par les médias comme un signe indiquant que Moscou est prêt à faire des concessions. Dans le même temps, des craintes sont émises selon lesquelles la Russie pourrait revendiquer en échange le contrôle d'ouvrages économiques clés en Géorgie.

Dans la réaction réservée de la Fédération de Russie à la résolution concernant ses bases militaires, les médias voient une préparation informationnelle de Moscou précédant l'application de mesures sévères. Le problème de l'endettement financier des bases militaires russes en Géorgie fait aussi couler beaucoup d'encre.

L'élimination d'Aslan Maskhadov par les services secrets russes est largement commentée. Les médias sont unanimes à interpréter sa liquidation comme un acte inconsidéré des services secrets de Russie. "La Russie n'évitera pas de répondre pour cette action et une multitude d'autres crimes. Et les Tchétchènes ne seront pas les seuls à l'exiger, le monde entier lui demandera des comptes. Aujourd'hui, la Russie est elle-même le plus grand terroriste du monde" ("Akhali taoba", 14.03).

Une large discussion est aussi alimentée par l'initiative avancée par le groupe de députés "Rodina" ("Patrie") à la Douma d'Etat (Chambre basse du Parlement russe) en vue adopter un schéma simplifié d'admission de nouvelles entités au sein de la Fédération de Russie. La Russie est accusée d'attenter à l'intégrité territoriale de la Géorgie. "Alors qu'au Caucase du Nord, le Kremlin est menacé d'une guerre civile qui pourrait éclater de plus belle, en Géorgie, Moscou fait tout pour encourager le séparatisme. Dans le pire des cas, cela peut dégénérer en une guerre embrasant tout le Caucase, dans le meilleur - cela peut tout simplement anticiper la désagrégation définitive de l'Empire de Russie" ("Khvalindeli dgue", 14.03).

Les médias sont invariablement hostiles à une éventuelle vente du grand gazoduc géorgien au géant russe "Gazprom". "Gazprom" ne peut pas être efficace dans la gestion. Il traîne derrière lui son système de gestion autoritaire de style soviétique" ("24 saati", 14.03).

Arménie

Malgré les inquiétudes éprouvées par les médias à l'occasion de l'intention de la Géorgie de pousser la Russie à évacuer le plus vite possible ses bases militaires du pays, la presse soutient la position d'Erevan qui a déclaré que l'Arménie ne s'ingérerait pas dans les affaires intérieures géorgiennes.

Commentant la visite en Arménie du secrétaire exécutif de la CEI (Communauté des Etats indépendants), Vladimir Rouchaïlo, les médias concluent que la Communauté n'est pas un organisme viable, en faisant ressortir le manque de professionnalisme de Vladimir Rouchaïlo comme newsmaker.

La presse apprécie l'activité de RAO EES Rossii ("Systèmes énergétiques interconnectés de Russie") en Arménie et les perspectives de coopération à long terme avec le holding énergétique russe.

Les médias s'intéressent à l'éventualité d'un passage du gazoduc irano-ukrainien par le territoire arménien. Les journalistes essayent d'évaluer la possibilité de changement par la Russie de son attitude négative à l'égard de ce projet.

"Les deux itinéraires les plus probables sont cités (Iran - Arménie - Géorgie - Russie - Ukraine et Iran - Arménie - Géorgie - mer Noire - Ukraine), et les deux passent par Erevan. Le premier coûtera beaucoup moins cher. Mais sa réalisation se heurte à l'opposition de la Russie, qui ne veut pas se résigner à la présence d'un concurrent sur le marché mondial du gaz. Moscou entravera le projet tant qu'il n'aura pas acquis la conviction que le tuyau sera installé malgré tout. Dans ce contexte, il sera plus avantageux pour la Russie de mettre son territoire à la disposition de ses voisins afin d'avoir accès au moins aux mécanismes de contrôle du torrent bleu" ("Aïastani Anrapetoutioun", 10.03).

Azerbaïdjan

Les médias ont vivement réagi à l'examen à la Douma d'Etat (chambre basse du parlement russe) du projet de loi destiné à alléger les modalités d'adhésion à la Fédération de Russie des anciennes autonomies soviétiques, parmi lesquelles a été mentionné le Nagorny Karabakh.

"Les quelques éléments démocratiques n'ont guère modifié l'essence impériale de la Russie. La partie russe envisage la possibilité de violer l'intégrité territoriale des Etats dont font partie ces prétendues autonomies, au statut juridique international jusqu'à présent indéterminé" ("Echo", 12.03).

La mort d'Aslan Maskhadov est considérée par les médias comme un témoignage du fait que Moscou a refusé de régler le conflit par la voie pacifique.

"Ces quelques dernières années, Maskhadov proposait à Poutine de signer la paix. Cependant, les autorités russes l'ont tué. Ils ont tué Djokhar Doudaïev, mais la guerre s'est poursuivie avec encore plus de violence" ("Echo", 11.03).

KAZAKHSTAN

Les médias commentent la déclaration du porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Iakovenko concernant l'initiative du président kazakh Noursoultan Nazarbaïev de créer l'Union des États d'Asie Centrale. "M.Iakovenko a écarté la supposition de certains médias étrangers selon laquelle l'idée kazakhe avait un caractère antirusse" ("Kazinform", 14.03).

Pour la presse nationaliste les propos très durs de la présidente lettone envers la Russie signifient le refus de Vaira Vike-Freiberga de se rendre à Moscou le 9 mai prochain et sont un prétexte pour évoquer le thème du paiement de compensations pour "l'occupation soviétique" en l'adaptant au Kazakhstan. "Après la Seconde guerre mondiale, l'Empire rouge a fait souffrir non seulement les pays baltes, mais aussi les pays d'Asie Centrale, surtout le Kazakhstan. Mais nous gardons le silence" ("Turkestan", 10.03).

Un journal rapporte que les skinheads ont tué 44 Kazakhs en Russie en 2004 en se référant à des "données officielles" . "La Russie ne punit pas les skinheads, parce qu'ils sont inspirés par l'idée de la "Grande Russie". Cela signifie que la Russie rapatriera des dizaines de représentants d'autres nationalités dans des cercueils" ("Turkestan", 10.03).

Les médias attirent l'attention sur la condition difficile des migrants venus des ex-républiques soviétiques en Russie. "Comme de coutume, les migrants se voient confisquer tout leur argent liquide, mais la police économise sur les expulsions" ("Navigator II", 15.03).

KIRGHIZIE

La presse d'opposition affirme que les élections au parlement kirghiz tenues en février dernier révèlent l'agonie du régime actuel. La Russie risque de perdre son influence dans la région après avoir soutenu le président Askar Akaïev. "La Russie peut céder la Kirghizie aux Américains et perdre le reste de son influence en raison de sa politique maladroite" ("Agym", 11.03).

Les médias annoncent que des armements supplémentaires sont arrivés sur la base aérienne russe déployée en Kirghizie ("Kyrgyz Ruhu", 11.03).

OUZBEKISTAN

La presse ouzbèque affirme que les musulmans sont persécutés dans la république russe d'Oudmourtie. "Il semble que les organes judiciaires perçoivent la lutte antiterroriste comme une lutte contre les personnes qui professent l'islam" ("Ouzbékistan musulman", 14.03).

Les journaux rapportent que des manifestations de protestation contre la construction au Tadjikistan d'une usine d'aluminium par la société russe "RusAl" se déroulent en Ouzbékistan. Le mécontentement des gens s'explique par les éventuelles conséquences négatives sur la situation écologique dans la région.

TADJIKISTAN

Les médias locaux publient une interview du président du Comité tadjik pour la protection de la frontière (KOGG) Saïdamir Zoukhourov. Le général affirme que l'ensemble de la frontière tadjiko-afghane sera contrôlé par le Tadjikistan d'ici à la fin de 2006, alors que les gardes-frontières russes resteront au Tadjikistan en qualité de conseillers militaires. "Les gardes-frontières du KOGG protègent déjà, comme deuxième échelon, le secteur moscovite de la frontière avec les militaires russes" ("Asia-plus", 15.03).

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