L'OPEP ne serait plus en mesure de contrôler les prix du pétrole

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MOSCOU, 16 mars - RIA Novosti. Si l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) décidait d'augmenter les quotas pétroliers globaux de 500 000 barils par jour - et à en juger d'après les informations parvenant d'Ispahan, la situation est en train d'évoluer justement dans ce sens - le prix du pétrole dans le monde ne baisserait sans doute pas. C'est ce qu'ont notamment estimé, dans une interview à RIA-Novosti, des experts de grosses compagnies d'investissement de Russie.

Ce mercredi, la 135-ème conférence de l'OPEP a entamé ses travaux à Ispahan.

Se référant à une source au sein d'un groupe d'experts, RIA-Novosti a antérieurement fait savoir qu'à une réunion des ministres du Pétrole des Etats de l'OPEP qui s'est déroulée à huis clos, il a été décidé d'augmenter d'un demi-million de barils par jour les quotas d'extraction et d'exportation de pétrole, en les portant à 27,5 millions de barils.

Les premières déclarations sur l'éventuelle augmentation des quotas d'un demi-million de barils ont été faites mardi dernier par les représentants de l'OPEP.

Les experts estiment qu'une telle augmentation ne se répercuterait pas sur les prix mondiaux du pétrole qui se maintiennent toujours à un niveau élevé.

"500 000 barils ne suffiraient pas pour faire baisser les prix", est persuadé Konstantin Gouliaïev de la compagnie d'investissement "Région". Selon lui, le marché s'attendait à une augmentation plus importante. Aussi, le prix du pétrole est-il resté élevé, a noté l'expert.

Ainsi, le baril de pétrole Urals coûte aujourd'hui à peu près 47,93 dollars, et le baril de pétrole Brent se vend au prix de 54,34 dollars."En effet, ce n'est pas une très forte augmentation", accepte Dimitri Manguilev, de "Prospekt", en commentant les projets de l'OPEP d'augmentation des quotas.

"Cette décision de l'OPEP (d'augmenter les quotas) ne peut que stabiliser le niveau des prix dans le meilleur des cas, estime Valeri Nesterov, de "Troïka-Dialogue". Il n'est pas impossible que les craintes s'apaisent quelque peu de voir le prix du pétrole dépasser 60 ou même 70 dollars".

D'après le représentant de "Troïka-Dialogue", à l'heure actuelle, les possibilités de l'OPEP d'exercer un impact sur le niveau des prix du pétrole au moyen d'une augmentation des volumes d'extraction de pétrole sont plutôt limitées. "Effectivement, l'OPEP ne peut plus augmenter l'extraction de pétrole car ses propres capacités de production sont épuisées", fait remarquer Valeri Nesterov.

Konstantin Gouliaïev est du même avis. L'expert a indiqué que les quotas de l'OPEP d'extraction de pétrole ne sont pas respectés à la lettre, de sorte qu'à présent, avec un quota de 27 millions de barils par jour, c'est près de 29 millions de barils qui sont produits en réalité, c'est à la limite des possibilités effectives de l'OPEP.

Une élévation des quotas jusqu'au niveau réel d'extraction, soit une augmentation de près de deux millions de barils, se serait sans doute répercutée sur les prix, a supposé Konstantin Gouliaïev.

"Quant à augmenter les volumes d'extraction de pétrole pour résorber le déficit actuel, il faudrait au moins deux millions de barils supplémentaires par jour", est persuadé le représentant de "Prospekt". Pourtant, les pays de l'OPEP se rapprochent d'ores et déjà de la limite de leurs possibilités. Selon Dimitri Manguilev, les volumes d'extraction réelle de pétrole par les pays membres de l'OPEP se situent aujourd'hui aux alentours de 29 millions de tonnes, alors que la limite est de 31 à 32 millions de tonnes.

Les experts estiment qu'en 2005, le prix moyen du pétrole devrait rester élevé, voire même augmenter légèrement par rapport à l'indice de l'année précédente.

"Quoi qu'on en dise, les prix élevés du pétrole ont des avantages incontestables", résume Dimitri Manguilev.

Pour sa part, Konstantin Gouliaïev estime que le prix moyen du pétrole Urals ne changera pratiquement pas en 2005 par comparaison avec 2004, en se montant à peu près à 35 dollars, alors que l'année dernière, ce prix a gravité autour de 34,7 dollars le baril.

D'après Valeri Nesterov, le prix moyen du baril de pétrole Brent devrait avoisiner 40 dollars, et le prix du pétrole Urals - 37 dollars le baril.

"Force est de constater que les prix du pétrole ne sont pas assez élevés pour entraver la croissance économique, tout en provoquant une implantation massive de know-how permettant de diminuer la consommation du pétrole et précipiter le passage à des sources non traditionnelles d'énergie", signale Valeri Nesterov.

Il n'y a pas longtemps, l'Agence de notation Fitch Ratings a revu ses précédentes prévisions concernant les prix du pétrole. L'Agence s'attend notamment à ce que le prix moyen du pétrole Brent en 2005 soit de 43 dollars le baril et celui du pétrole Urals de 39 dollars le baril.

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