Rossiiskaia gazeta
Trois comportements possibles de la Russie vis-à-vis de la CEI
La CEI est en crise, c'est patent. Si l'on regarde la vérité en face, alors force est de dire qu'avec aucun autre pays la Russie n'entretient des rapports plus compliqués que ceux qu'elle a avec ses partenaires de la Communauté des Etats indépendants. Exception faite, toutefois, des Républiques baltes, anciennes républiques soviétiques, avec lesquelles la situation est pire. Une conclusion s'impose: il faut faire quelque chose. Les rapports entre la Russie et la CEI ont été le thème d'une interview accordée à la Rossiskaïa gazeta par le politologue Leonide Radzikhovski.
Les événements peuvent évoluer dans trois directions.
Premièrement, on peut poursuivre, seulement avec une plus grande rigueur, la politique actuelle et tenter de s'imposer en qualité de chef de file de la CEI. Les instruments politiques dont dispose la Russie sont connus: prix préférentiels du gaz et de l'électricité, mise en avant des "problèmes des Russes" dans les républiques, combinaisons plus ou moins entortillées avec les républiques non-reconnues (Abkhazie, Ossétie du Sud, Transnistrie). Ce jeu peut être mené indéfiniment, cependant ses objectifs stratégiques deviennent de moins en moins clairs.
Deuxièmement, la Russie doit manifester la "sagesse qui sied à une grande soeur" et faire marche arrière. En d'autres termes, Moscou continue d'approvisionner de nombreux pays de la CEI en gaz et en électricité tout en affaiblissant sa pression politique, en ne fronçant pas les sourcils face aux velléités d'adhésion à l'OTAN, aux coquetteries devant les Etats-Unis et aux exercices de rhétorique antirusse. Les "calomniateurs de la Russie" se calmeraient peut-être alors.
La troisième voie enfin. L'heure ne serait-elle pas venue d'admettre que le "projet CEI" s'est épuisé. La CEI avait été utilisée en 1992 en tant qu'"anesthésie locale" lors du démembrement de l'URSS. Seulement douze années se sont écoulées depuis et l'effet de l'anesthésie s'estompe.
L'URSS s'est désintégrée en 1991. L'heure semble être venue de dissiper le "mirage" CEI. Pour beaucoup la disparition du dernier mirage serait terrible: la Russie resterait seule au monde. Eh bien, c'est là le sort que connaissent les anciens empires. Seulement l'empire russe est-il "ancien"?
C'est vrai, dans la conception du XX-e siècle, un empire sans colonies, cela n'existe pas. Seulement en ce XXI-e siècle post-colonial de nouveaux critères de l'empire ont vu le jour et la Fédération de Russie y correspond pleinement. Par conséquent, en s'affranchissant du "boulet territorial" la Russie aurait ainsi une chance de se réaliser en tant qu'empire moderne mais en empruntant une autre voie.
Profil
L'Union GUUAM en proie à des contradictions
Le président géorgien Mikhaïl Saakachvili s'efforce de redonner vie au GUUAM, union conclue dans les années 1990 entre la Géorgie, l'Ukraine, l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan et la Moldavie. Cependant, les perspectives de la nouvelle association restent vagues, écrit l'hebdomadaire Profil.
Tout d'abord, Saakachvili n'a pas encore réussi à faire revenir à l'union l'Azerbaïdjan et l'Ouzbékistan. Or sans le pétrole azerbaïdjanais, le GUUAM n'a pas de raison d'être du point de vue économique.
D'autre part, les initiatives du président géorgien ne sont pas acclamées aux Etats-Unis. Tant que les pays du GUUAM n'ont rien à proposer à Washington, ils ne peuvent pas compter sur un soutien important.
Ensuite, le nouveau GUUAM a en son sein plusieurs contradictions insolubles. Ses créateurs ont très peu de commun entre eux. Le président communiste de la Moldavie, Vladimir Voronine, a l'air bizarre en compagnie des "révolutionnaires" géorgien et ukrainien, Mikhaïl Saakachvili et Viktor Iouchtchenko, et ne convient nullement au rôle de combattant pour les valeurs démocratiques occidentales dans l'espace post-soviétique.
Le nouveau GUUAM est davantage une union idéologique que l'ancien. Mais l'idéologie n'est pas la base la plus solide. La décision de Voronine d'user de la rhétorique révolutionnaire et anti-impériale de Tbilissi et de Kiev a été prise probablement sous la pression des circonstances politiques intérieures. Il l'abandonnera facilement une fois la situation normalisée dans son pays. On peut dire la même chose de l'Ukraine : à la différence de Saakachvili, Iouchtchenko ne semble pas vouloir continuer sa révolution éternellement.
Tout cela n'est pas un grand danger pour la Russie et ses intérêts dans l'espace post-soviétique, sans compter sa propre réaction excessive aux événements en cours. Après les élections abkhazes, ukrainiennes et moldaves, Moscou voit partout toutes sortes de menaces. Mais les combats avec l'ombre peuvent, aujourd'hui précisément, coûter cher à la Russie et à ses positions dans la CEI. Tout porte à croire que le plus raisonnable serait de ne prêter aucune attention au GUUAM. D'autant plus vite il sera de nouveau l'apanage de l'histoire.
Izvestia
Des troupes nouvelles peuvent faire leur apparition dans l'armée russe
Les Forces spéciales peuvent être créées prochainement dans la structure des Forces armées russes. Il est prévu d'examiner leur conception à la prochaine réunion du Conseil de sécurité, indiquent les Izvestia.
Il est prévu de créer ces troupes sur la base des brigades et des unités spéciales des régions militaires et des flottes, a déclaré une source haut placée du ministère de la Défense. On suppose que ces troupes auront trois composantes: aérienne, terrestre et maritime. Parmi les objectifs principaux à atteindre, ces troupes doivent participer aux opérations spéciales, notamment en vue de prévenir les actes terroristes. Le commandement des Forces spéciales sera créé en vue d'organiser l'instruction pour le combat et de planifier les opérations.
La structure des Forces armées russes comporte trois types et trois armes. Les types des forces armées comprennent les troupes terrestres, l'aviation et la flotte. Quant aux armes, ce sont les Troupes de missiles stratégiques, les Troupes spatiales et les Troupes aéroportées. L'apparition des troupes nouvelles est un événement significatif. Pour la première fois, les forces spéciales auront un commandement unique dans la Fédération de Russie.
Aujourd'hui, les unités spéciales sont subordonnées au commandement des régions et des flottes dont elles font partie. C'est pourquoi, pour employer dans une opération les unités relevant de diverses régions, le ministère de la Défense doit surmonter des barrières bureaucratiques difficiles, qui se répercutent fâcheusement sur la rapidité et empêchent la planification des opérations. Par exemple, en Tchétchénie, les unités spéciales ont agi sans contact avec les troupes fédérales principales.
Un autre point significatif de l'apparition des Forces spéciales s'inscrit dans la doctrine des coups préventifs à porter aux bases des terroristes, où qu'elles se trouvent. Cette doctrine a été exposée par le ministre de la Défense Serguei Ivanov. Nombreux étaient ceux qui pensaient que Serguei Ivanov avait en vue l'utilisation de l'aviation et des missiles. Mais il n'est pas exclu que les Forces spéciales soient employées pour porter ces coups non seulement à l'intérieur du pays, mais aussi au-delà des frontières de la Russie.
Gazeta
Gazprom ouvre une tête de pont sur le marché américain du gaz liquéfié
Le holding britanno-néerlandais Royal Dutch/Shell est disposé à vendre à Gazprom une part de 7 pour cent dans le projet Sakhaline-2. Cela permettrait au consortium gazier russe de constituer une base pour l'exportation de gaz liquéfié aux Etats-Unis, écrit la Gazeta.
L'idée de constituer une filiale en Extrême-Orient russe était venue à Gazprom voici près de deux ans. En qualité de site pour cette entreprise le choix s'était porté sur Sakhaline-2, un projet réalisé par des investisseurs étrangers aux conditions du partage de la production. A l'époque, les propriétaires de cet actif - la compagnie Sakhalin Energy et ses actionnaires, à savoir Royal Dutch/Shell (55 pour cent) et les japonaises Mitsui (25 pour cent) et Mitsubishi (20 pour cent) - n'avaient pas l'intention de céder au monopole une partie de leur business. Gazprom a remporté un premier et modeste succès à la fin de l'année dernière: Royal Dutch/Shell semblait être sur le point de céder aux Russes 20 pour cent du projet en échange d'un accès à la couche neocomienne du gisement Zapolarny. Toutefois, les négociations sont encore en cours.
Lundi on a appris l'existence d'une autre version du troc. Royal Dutch/Shell a accepté de céder au monopole une part de 7 pour cent de Sakhaline-2 en échange d'un accès à la mise en valeur du gisement de condensat de gaz de Shtokman, en mer de Barents.
Une source proche de la compagnie russe a annoncé qu'il pourrait s'agir d'une part supplémentaire dans Sakhaline-2 qui s'ajouterait aux 20 pour cent susmentionnés.
Selon les experts, au premier abord l'échange semble avantageux pour les deux compagnies. Si les deux marchés se concluaient, Gazprom détiendrait la minorité de blocage de Sakhaline-2, ce qui lui permettrait d'accéder directement au marché américain du gaz liquide. Par ailleurs, en la personne de Shell, le consortium gazier disposerait d'un investisseur prêt à financer la coûteuse mise en valeur du gisement de Shtokman. De son côté Shell pourrait demander à Gazprom de l'aider à obtenir de nouvelles licences pour la mise en valeur de gisements russes.
Quoi qu'il en soit, il serait prématuré d'évoquer un succès substantiel de Gazprom. Le projet Sakhaline-2 n'est plus l'actif qu'il était. A la mi-février Shell a vendu 70 pour cent du gaz encore non extrait de Sakhaline-2 à la compagnie sud-coréenne Korea Gas. Gazprom va donc arriver sur un gisement à moitié bradé en échange d'actifs plus riches et pas encore mis en valeur.
Nezavissimaia gazeta
La canalisation Bakou-Novorossiïsk va être mise hors jeu
L'Azerbaïdjan commence à évincer la Russie de son marché du pétrole. Il a déjà annoncé que dans un mois au maximum la Compagnie pétrolière publique d'Azerbaïdjan cesserait d'exporter son pétrole par l'itinéraire nord allant de Bakou à Novorossiïsk. La raison officielle de cette décision est le projet de la Compagnie opératrice internationale d'Azerbaïdjan (AIOC) d'utiliser cette canalisation pour exporter une partie de son pétrole, écrit le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
L'AOIC est l'opérateur d'exploitation du tronçon azerbaïdjanais de l'oléoduc Bakou-Novorossiïsk et a le droit prioritaire de l'exploiter dans son propre intérêt.
Cependant, on ne saurait exclure qu'en décidant cette permutation Bakou lance un "ballon d'essai" pour voir la réaction de Moscou. Si elle est modérée, la canalisation allant vers la Russie pourrait tout simplement être mise hors jeu avant la fin de l'année.
C'est que cet automne le principal oléoduc d'exportation Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) d'un débit de plus de 50 millions de tonnes de brut par an doit être mis en service. A la première étape il ne sera pas facile de le remplir. C'est pourquoi Bakou a entrepris de trouver des quantités de pétrole supplémentaires pour assurer le fonctionnement normal de la nouvelle canalisation. En fait, cela revient à mettre une croix sur le transport de pétrole azerbaïdjanais vers Novorossiïsk. Dans le meilleur des cas, l'itinéraire nord sera utilisé pour le transport en sens inverse.
Le directeur de l'Institut des études politiques, Serguéi Markov, estime que l'Azerbaïdjan ne suspend pas seulement le transport de ses ressources pétrolières vers le nord, mais commence à mettre en service l'itinéraire sud débouchant sur la Méditerranée. En ce sens, la construction de l'oléoduc BTC marque le début de la diversification de l'ensemble du réseau de transport. L'itinéraire nord, qui passe par la Russie, sera désaffecté petit à petit.
"Pour éviter ce genre de revirement à l'avenir, la Russie doit en premier lieu augmenter son influence dans les pays de la CEI, dans les anciens pays socialistes et en Turquie", estime l'expert.
Vremia novostei
IOUKOS prévoit de reprendre l'exportation du pétrole
La compagnie pétrolière IOUKOS qui a cessé, après la vente de sa principale filiale d'extraction "Youganskneftegaz", d'exporter le pétrole par le réseau "Transneft" (monopoliste du transport du pétrole russe par le pipe-line principal) a l'intention de reprendre, à partir d'avril, l'envoi du brut à l'étranger, a fait savoir hier Alexandre Temerko, vice-président du conseil d'administration du holding, lit-on dans le quotidien Vremia Novostei.
Selon lui, le brut sera fourni à l'Europe, mais le schéma précis n'est pas encore défini. Auparavant, la compagnie avait déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de livrer son pétrole à l'étranger, car elle n'avait pas d'argent pour payer la taxe à l'exportation (ses comptes et ceux de ses filiales sont bloqués).
Formellement, le holding a reçu un quota de transport du pétrole au premier trimestre par le pipe-line "Transneft" compte tenu de l'extraction de "Youganskneftegaz". Cependant, les capacités accordées à IOUKOS avaient été remplies de brut d'autres compagnies pétrolières russes.
"Transneft" ne voit pas de raisons pour priver le holding de la possibilité d'exporter le brut. "Ils ont pratiquement payé pour nos services rendus, c'est pourquoi, si la compagnie fait connaître les volumes qu'elle est en mesure d'assurer, elle pourra recevoir un quota et reprendre l'exportation", a dit Serguei Grigoriev, vice-président de la compagnie de transport.
Les moyens employés par IOUKOS pour se procurer de l'argent n'ont pas été éclaircis hier. Maria Radina, analyste de la compagnie d'investissement "Finam", estime que le holding a trouvé un acheteur qui paiera la taxe pour elle. Maria Radina n'exclut pas que ce trader pétrolier peut être affilié au groupe MENATEP, principal actionnaire de IOUKOS.
L'arrivée de l'argent sur les comptes de la compagnie lui permettrait d'éviter la vente ultérieure de ses actifs. IOUKOS et les sociétés qui en relèvent doivent aujourd'hui au budget environ 8,5 milliards de dollars.
Cependant, même en remboursant les dettes à l'Etat, IOUKOS peut avoir affaire aux griefs de la compagnie d'Etat "Rosneft" (propriétaire de "Youganskneftegaz") qui a fait connaître son intention de percevoir sur IOUKOS 3,8 milliards de dollars dus à "Youganskneftegaz" pour le pétrole fourni précédemment. Le montant des griefs peut atteindre 11 milliards de dollars.