Les médias examinent les perspectives de la Communauté des Etats indépendants après le retrait possible de cette organisation de l'Ukraine et de la Géorgie. La thèse selon laquelle la CEI, créée comme un "mécanisme de divorce civilisé" des ex-républiques soviétiques, a rempli sa mission et que sa désagrégation est imminente, est activement soutenue. "Principal ayant droit de l'URSS, la Fédération de Russie pouvait et devait proposer aux pays post-soviétiques un certain projet géopolitique, un programme d'avenir qui aurait donné à la CEI une impulsion de développement positive. Quant aux Etats-Unis et à l'UE, ils ont proposé des projets géopolitiques et géo-économiques, peut-être pas tout à fait réalistes mais tangibles, projets qui entraînent des obligations à long terme" ("Glavred", 05.03). "L'Ukraine pourrait développer la coopération dans le cadre du GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, Moldavie) ("Glavred", 02.03).
Annonçant la campagne de révision des résultats des privatisations lancées par le gouvernement de Youlia Timochenko, les médias supposent que la "reprivatisation" ne concernera pas les intérêts des grands groupes industriels et financiers russes. "Le gouvernement n'osera pas remettre en cause les relations de bon voisinage avec la Russie : seuls les groupes n'ayant pas de fortes positions à l'intérieur de la Russie pourraient en pâtir, tout comme ceux dont la propriété suscite l'intérêt des structures d'affaires proches du pouvoir (ukrainien). Les autres, dans le pire des cas, devront verser un supplément de prix pour les actifs acquis ("ForUm", 03.03).
Une analyse détaillée des projets conjoints des industries de la défense ukrainiennes et russes a été publiée. La thèse sur une baisse notable, depuis ces dix dernières années, du niveau de coopération entre les entreprises des deux pays, est avancée. "Les industries de la défense ukrainiennes et russes ont depuis longtemps appris à gagner de l'argent séparément (...). Les produits des industries ukrainiennes de la défense sont de moins en moins demandés en Russie et cette tendance ne date pas d'hier. A terme, 8 à 10 usines ukrainiennes au maximum, entreprises dans lesquelles la Fédération de Russie pourrait prétendre à une part de propriété, créant, ouvertement ou indirectement, une niche monopoliste pour l'achat de produits ukrainiens, coopéreront avec les industries de la défense russes" ("Galitskié-Kontrakty", 03.03).
MOLDAVIE
Les médias moldaves continuent de se montrer ostensiblement hostiles envers la Russie. Jusqu'aux élections parlementaires du 6 mars remportées par le parti communiste (46% des voix), la presse n'a cessé de durement critiquer le Kremlin pour ses prétendues tentatives d'ingérence dans le processus électoral moldave. "Une campagne pour soutenir ses favoris par le truchement des chaînes de télévision russes et des agents d'influence implantés en Moldavie a été déployée. Une action d'intimidation économique des citoyens moldaves est également menée" ("Moldova Suverana", 02.03).
L'information sur les projets de Kiev, Tbilissi et Chisinau de redonner un souffle nouveau au GUUAM, structure positionnée par les médias comme une organisation ouvertement anti-russe, est accueillie avec optimisme. "Il convient de souligner que, parmi les grandes priorités économiques du nouveau GUUAM deux, au moins, contredisent les intérêts de la Fédération de Russie. Le premier, c'est la relance de la coopération dans la sphère du transport de pétrole et de gaz (...). Le deuxième, c'est la déclaration sur la coopération de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie en matière de création de couloirs conjoints de transport d'électricité. Dépendant de la volonté de RAO EES (groupe énergétique russe), Tbilissi et Chisinau trouvent avantageux de recourir au potentiel des centrales ukrainiennes" ("Vremia", Moldova, 03.03, se référant à ProUA").
Les médias citent abondamment la déclaration conjointe des présidents de la Moldavie et de la Géorgie, dans laquelle Vladimir Voronine et Mikhaïl Saakachvili ont qualifié la présence de contingents de paix russes dans leurs pays de "catalyseur principal des conflits territoriaux" locaux.
ESTONIE
Les médias estoniens portent leur attention sur les consultations du président estonien Arnold Ruutel avec les leaders des partis politiques consacrées à son éventuelle participation aux festivités qui se dérouleront à Moscou le 9 mai prochain à l'occasion du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme. Le refus du président de se rendre à Moscou a fait l'objet de nombreux commentaires critiques. "Le refus d'aller à Moscou rejette toutes les recommandations des partis... M.Ruutel a jeté à la poubelle ses promesses faites à Vladimir Poutine selon lesquelles les ministres des Affaires étrangères signeraient l'accord frontalier avec la Russie et les deux présidents pourraient échanger les instruments de ratification à Moscou le 10 mai" ("Postimees", 07.03).
Cependant les médias citent aussi beaucoup de déclarations en faveur de la décision présidentielle. "Il n'y aura pas de catastrophe et la Russie a reçu un signal clair: il ne faut pas traiter les pays baltes de cette manière" ("Eesti Päevaleht", 08.03).
Les autorités estoniennes ont considéré l'entretien entre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le ministère estonien des Affaires étrangères comme une "bonne surprise". M.Lavrov a annoncé que la Russie n'associait pas la signature des accords frontaliers à l'adoption de déclarations conjointes. La Russie avait initialement proposé de signer une déclaration conjointe sur les relations russo-estoniennes en même temps qu'un accord frontalier russo-estonien à Moscou. L'Estonie insiste sur le fait qu'il ne faut pas signer de déclaration.
Les médias estoniens affirment que le refus des autorités russes d'accorder le statut de département d'outre-terre à la région de Kaliningrad exercera une influence négative sur le développement de la région la plus occidentale de la Russie. ("Pärnu Postimees", 02.03).
LETTONIE
Les médias russophones commentent ironiquement l'interview d'Aleksandrs Kirstejns, président de la commission pour les affaires internationales de la Diète (parlement). M.Kirstejns évoque de nouveau le rapatriement des Russes résidant en Lettonie qu'il considère comme des occupants. "La réalisation du rêve de M.Kirstejns sur l'expulsion des Russes ruinerait le budget letton. On devra également envoyer à l'Est une dizaine de députés de la Diète, un tiers de l'armée lettone, la moitié de l'équipe nationale de hockey et pratiquement toute l'équipe lettone de football" ("Telegraf", 03.03).
Les politiques et les médias ont accueilli avec enthousiasme la déclaration du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov selon laquelle la Russie n'associait plus la signature d'un accord sur la frontière à l'adoption d'une déclaration politique conjointe sur les relations russo-lettones. Cependant de nombreux commentateurs estiment que la Russie a changé d'avis sous la pression de l'UE. "Notre frontière est une frontière de l'OTAN et de l'UE et la Russie s'est vu recommander de ne pas atermoyer la signature de l'accord. Il ne faut pas oublier que M.Poutine s'est entretenu avec M.Bush. ("Neatkariga Rita Avize", 07.03).
Le refus des présidents lituanien et estonien de participer aux festivités qui se dérouleront à Moscou le 9 mai prochain à l'occasion du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme a eu un grand retentissement dans la presse lettone. Les politiques lettons déplorent l'absence de politique unique à l'égard de la Russie dans les pays baltes.
La presse se félicite des résultats des législatives en Moldavie qu'elle considère comme une nouvelle défaite du Kremlin sur la scène internationale. "Du point de vue politique, la notion de CEI appartiendra tout prochainement à l'Histoire" ("Telegraf", 07.03).
Des articles sur l'économie russe attrayante pour les investisseurs étrangers sont de plus en plus fréquents. Cependant les médias notent un niveau de corruption élevé en Russie.
LITUANIE
Les médias lituaniens ont salué la décision du président lituanien Valdas Adamkus de ne pas assister aux festivités qui se dérouleront à Moscou le 9 mai prochain à l'occasion du 60e anniversaire de la victoire sur le nazisme. "Notre diplomatie peut résister aux pressions non seulement de Moscou, mais aussi de Washington" ("Letuvos Rytas", 08.03).
Cependant, des appels au président lituanien à se rendre à Moscou pour améliorer les relations bilatérales se sont fait entendre pendant une semaine. "Le refus de participer aux solennités de Moscou peut nuire à l'économie du pays, parce que la Russie reste un marché important d'achat des matières premières et un débouché pour les produits lituaniens" (News.lt, 03.03).
Les médias sont préoccupés par la grande influence médiatique de la Russie sur l'idéologie des habitants de la république. "Les films de guerre russes glorifiant le FSB et son prédécesseur, le KGB, évincent de plus en plus souvent les films de guerre produits à Hollywood et les séries lituaniennes" ("Laikas", 04.03).
GEORGIE
Le problème du retrait des bases militaires russes du territoire de la Géorgie est en train de devenir le thème essentiel des médias du pays. "Les autorités doivent déclarer hors la loi non seulement les bases militaires russes déployées en Géorgie, mais aussi les forces de maintien de la paix. Si nous admettons que la Russie est notre ennemi, il est hors de question qu'elle puisse apparaître à nos yeux dans le rôle de pacificateur" ("Akhali taoba", 04.03).
Or, quand le Parlement géorgien a décidé d'examiner au cours d'une séance plénière le projet de résolution sur le retrait obligatoire par la Russie de ses bases militaires du territoire de la Géorgie avant le 1-er janvier 2006, les médias ont immédiatement changé de ton. C'est que la menace de mesures de rétorsion de la part de la Fédération de Russie paraît plus que probable pour les experts. "Il suffit que la Russie arrête ses livraisons d'électricité et de gaz en Géorgie pour qu'une révolution sociale y éclate" ("Alia", 08.03).
Les médias considèrent aussi comme tout à fait réelle une menace d'emploi de la force par la Russie contre la Géorgie sous prétexte notamment de lutter contre les terroristes. Sur ce fond, la presse préfère appuyer la demande adressée par les officiels de Tbilissi aux pays d'Occident de s'ingérer dans la situation. "Vladimir Poutine attise le séparatisme ossète et abkhaze. Il se comporte comme si la Géorgie était la Russie. L'ingérence de l'Europe et de l'Amérique est tout à fait indispensable, car la tension aux conséquences imprévisibles monte". ("24 saati", 04.03).
Une éventuelle privatisation par "Gazprom" du grand gazoduc de Géorgie fait toujours couler beaucoup d'encre. La presse s'oppose le plus catégoriquement à une telle transaction. "Ce fait que des ouvrages stratégiques de la Géorgie sont actuellement vendus à des compagnies publiques de Russie signifie que la Fédération de Russie a la possibilité juridique d'introduire ses troupes en Géorgie pour protéger ces biens. La Russie a ses desseins en Géorgie, y compris celui de barrer la route à l'Occident vers l'Asie Centrale". ("Akhali taoba", 08.03).
ARMENIE
La visite à Erevan du Secrétaire exécutif de la Communauté des Etats indépendants (CEI), Vladimir Rouchaïlo, constitue l'événement central. Sa déclaration sur une éventuelle participation de la CEI au règlement dans le Haut-Karabakh n'a pratiquement pas été commentée, bien que signalée par tous les principaux médias.
La déclaration du président du Parti populaire d'Arménie (PPA), S. Demirtchian, disant que le PPA intervient pour une alliance stratégique avec la Russie, contraste avec les attaques incessantes de l'opposition arménienne contre la politique pro-russe du Président arménien Robert Kotcharian.
La presse rapporte aussi l'intention de RAO "EES Rossii" (Electricité de Russie) de prendre sous son contrôle le système énergétique de l'Arménie.
AZERBAIDJAN
La presse parle beaucoup de la disparition à terme de la Communauté des Etats indépendants (CEI) à l'issue du retrait éventuel de l'Ukraine et de la Géorgie de cette organisation. ("Zerkalo", 03.03; "Eni Musavat", "Ekho", 04.03).
L'intensification du GUUAM, considéré comme un contrepoids à la CEI dans l'espace post-soviétique, a de très larges retentissements dans la presse. Les médias estiment notamment que l'intégration avec Kiev et Tbilissi est beaucoup plus prometteuse pour l'Azerbaïdjan. "Si les positions de Chisinau, de Kiev et de Tbilissi ne laissent pas Bakou indifférent, on pourra affirmer qu'un nouveau bloc politique est créé sur le territoire de la CEI. Nul doute que ce bloc interviendra non seulement contre l'Espace économique unique (EEU), mais aussi et surtout contre la CEI elle-même" ("Zerkalo", 04.03).
Les médias commentent très vivement l'information reçue selon leurs propres canaux sur la reprise d'hostilités de grande envergure en Tchétchénie. "De lourds combats se poursuivent en Tchétchénie. Les fédéraux et les 3 000 combattants sous les ordres du vice-Premier ministre de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, procèdent à des "ratissages" sur le territoire de la république sous prétexte d'une opération antiterroriste" ("Eni Musavat", 03.03).
KAZAKHSTAN
Les médias accordent une attention privilégiée au rôle que joue le Kazakhstan dans les alliances créées sur l'échiquier post-soviétique. "La mise en place d'un système de sécurité nationale moderne et adéquat à la situation intérieure et extérieure a été la condition indispensable pour l'affirmation du Kazakhstan en tant qu'État indépendant" (Gazeta.kz, 02.03).
Des appels sont lancés aux parlementaires kazakhs invitant à cesser de disserter au sujet de l'interviewscandaleuse du vice-président de la Douma, Vladimir Jirinovski, où celui-ci affirmait que le Kazakhstan ne pouvait pas être considéré comme un État. "Les extravagances de Jirinovski n'ont jamais fait l'objet de débats dans les milieux parlementaires d'autres pays" (Kompromat.kz, 04.03).
La presse a également jugé prometteur le financement des opérations d'import-export réalisés dans le cadre de la Communauté économique eurasiatique ("Kazinform", 04.03).
KIRGHIZIE
Les médias citent les propos du secrétaire général de la Communauté économique eurasiatique (CEEA), Grigori Rapota, qui pense que les conditions économiques pour des "révolutions oranges" dans les pays de la CEEA ne sont pas réunies ("KyrghyzInfo", 03.03).
Le conseil politique du Mouvement populaire de Kirghizie publie son message adressé aux présidents russe et américain, au Congrès américain et à la Douma russe dans lequel il leur demande de défendre les médias indépendants kirghizes contre les persécutions ("Jany Kylym", 04.03).
Le problème de la migration de la main-d'uvre vers la Russie continue de faire la une de la presse. "Des accords sur les travailleurs immigrés ont été signés avec la Russie et certains autres pays de la CEI qui réglementent les déplacements réciproques" ("Kabar", 04.03).
Le service de presse du ministère des affaires étrangères fait publier des explications sur ses "divergences de vues" avec l'ambassade des États-Unis en Kirghizie au sujet du stationnement d'avions Awacs sur le territoire du pays ("Kabar", 04.03).
On annonce que la base aérienne russe stationnée à Kant dans l'intérêt des Forces collectives de déploiement rapide en Asie centrale sera renforcée par de nouveaux avions de combat (AKIpress, 07.03).
OUZBÉKISTAN
La presse cite une série de médias russes qui analysent la tactique de financement des "révolutions de velours" dans l'espace post-soviétique adoptée par Washington (Tribune-uz, 05.03).
Les médias ont apprécié les propos du président du directoire de EES Rossii, Anatoli Tchoubaïs, sur le développement des rapports de partenariat avec l'Ouzbékistan. "La Russie et l'Ouzbékistan disposent d'un énorme potentiel pour satisfaire leurs besoins énergétiques sans être aidés par qui que ce soit" ("Novosti Ouzbekistana", 04.03).
Interrogé par des journalistes sur le développement d'une coopération économique mutuellement avantageuse entre la Russie et l'Ouzbékistan, l'ambassadeur russe à Tachkent, Farid Moukhametchine, a notamment indiqué: "En 2004, les échanges russo-ouzbeks ont enregistré un chiffre d'affaires d'environ 1,6 milliard de dollars, la part des régions russes s'élevant à 52%" (UzReport.com, 03.03).
TADJIKISTAN
L'ambassade russe a fait publier un communiqué à l'issue des législatives au Tadjikistan. "Ces élections... ont été bien organisées, en conformité avec les impératifs de la législation électorale nationale" ("Khovar", 03.03).
La presse annonce notamment la nomination prochaine de Rouslan Abdoulatipov, homme politique et chercheur russe de renom, au poste d'ambassadeur de Russie au Tadjikistan (Tadzhikistan.com, 07.03).
Les médias relatent également la rencontre entre le président de la Chambre d'industrie et de commerce du Tadjikistan, Charif Saïdov, et le premier vice-président de la Chambre d'industrie et de commerce de Russie, Boris Pastoukhov ("Khovar", 03.03).