Nezavissimaia gazeta/Kommersant
Aslan Maskhadov est remplacé par un wahhabite radical
Après la mort d'Aslan Maskhadov, le chef de guerre Abdoul-Khalim Saïdoullaiev, président du tribunal de la charia d'Itchkérie, est devenu leader des terroristes, ont annoncé les sites des séparatistes tchétchènes. Les quotidiens Nezavissimaia gazeta et Kommersant publient des commentaires à ce sujet.
Selon un commentaire rendu public, en été 2002, Aslan Maskhadov avait signé le décret stipulant ce qui suit: "En cas de mort ou de capture du président d'Itchkérie, toutes ses fonctions seront assumées, jusqu'aux nouvelles élections libres, par le président de la Cour suprême de la charia".
Chamil Bassaiev a déjà prêté serment au nouveau président et a appelé les groupes armés à se rallier autour du nouveau leader. D'ailleurs, comme le disent les dirigeants actuels de la Tchétchénie, Saïdoullaiev est un homme inconnu dans la république.
Le mufti de Tchétchénie Akhmad-Khadji Chamaiev a dit hier qu'Abdoul-Khalim Saïdoullaiev était "le wahhabite numéro un de la république". Selon le mufti, c'est le terroriste le plus extrémiste. Le mufti a également rappelé que le nouveau président d'Itchkérie, âgé de moins de 40 ans et sans aucune formation religieuse, autorisait les terroristes à perpétrer des attentats et ce au nom de la Cour suprême de la charia.
Selon Dmitri Orechkine, dirigeant du groupe "Merkator", il n'y a pas aujourd'hui parmi les dirigeants de l'Itchkérie d'homme de l'envergure d'Aslan Maskhadov. C'est pourquoi Chamil Bassaiev jouera un rôle important en assurant la direction des opérations militaires. Il est vrai, les terroristes sont passés depuis longtemps à l'autogestion.
Un porte-parole d'Aslan Maskhadov mort le 8 mars affirme que ce séparatiste "modéré" avait toujours une attitude prudente envers le wahhabite radical Abdoul-Khalim Saïdoullaiev. "Celui-ci n'acceptera aucun dialogue", a-t-il affirmé.
Vedomosti
Moscou prêt à retirer ses bases de Géorgie en trois ans
La Russie se déclare prête à retirer ses forces de Géorgie en trois ou quatre ans, déclaré hier le chef de la Direction principale de la coopération militaire internationale du ministère russe de la Défense, le général colonel Anatoli Mazourkevitch, rappelle le quotidien Vedomosti.
Au début Moscou insistait sur six à sept ans. "La proposition de réduire les délais a été formulée pour la première fois, elle n'a pas encore été débattue avec la partie géorgienne par des canaux diplomatiques", a expliqué le représentant du ministère russe de la Défense.
Selon un représentant haut placé du ministère des Affaires étrangères de Géorgie, les délais concrets de retrait seront déterminés au cours des négociations russo-géorgiennes qui commenceront dans les jours qui viennent.
Pour stimuler les négociateurs, le parlement géorgien a décidé hier qu'à partir du 1-er janvier 2006 les bases russes seront déclarées hors la loi, si la Russie ne signe pas avant le 15 mai un accord sur les délais et les modalités de l'évacuation de ses installations. Cela signifie que la Géorgie n'accordera pas de visas aux militaires russes et ne permettra pas de faire entrer dans son territoire du combustible, des matériaux et du matériel nécessaires à l'activité des bases, à l'exception de ce qui est nécessaire pour les évacuer.
La Russie accepterait de retirer ses bases plus tôt que ne le dit Mazourkevitch parce que du point de vue militaire elles sont pratiquement inutiles, affirme Alexandre Skakov, de l'Institut des études stratégiques de Russie. "Le retrait des bases russes est devenu un objet de marchandage politique", estime une analyste de l'Institut international des études stratégiques de Londres, Oksana Antonenko, qui ne doute pas que la Russie parviendra à obtenir de Tbilissi l'engagement de ne pas installer sur son territoire des bases de l'OTAN ou des Etats-Unis.
La Russie a en Géorgie deux bases militaires et l'état-major du Groupe de forces armées en Transcaucasie. Les effectifs du contingent russe approchent dans cette région 3000 hommes.
Kommersant
La Turkménie met en péril le monopole de Gazprom
Le patron du groupe énergétique allemand E.ON, Wulf Bernotat, estime que l'un des problèmes du marché européen du gaz est la baisse de l'offre. A l'appui de sa déclaration, il a annoncé l'arrêt des livraisons de gaz turkmène à la Russie et l'adhésion éventuelle de E.ON au consortium russo-ukrainien de transport de gaz. Les activités du groupe allemand en Ukraine risquent de mettre en péril le monopole de Gazprom sur le marché du gaz, estime le quotidien Kommersant.
La société publique Turkmenneftegaz a bloqué ses livraisons de gaz à la Russie et à l'Ukraine depuis le début de l'année en prétextant des travaux techniques et a insisté en même temps sur la nécessité d'augmenter les prix. Naftogaz Ukraïny a accepté d'augmenter le prix d'achat du gaz turkmène en le portant de 42 à 58 dollars les 1000 m3, mais Gazprom a refusé cette proposition.
Les livraisons de gaz à la Russie sont toujours suspendues et Turkmenneftegaz demande de porter le prix au niveau de celui accepté par l'Ukraine. Gazprom n'a ni confirmé ni infirmé cette information, en déclarant que le holding considère que les prix stipulés dans les contrats passés avec la Turkménie restent en vigueur. Ainsi, le patron de E.ON a été le premier à annoncer la "guerre du gaz" entre la Russie et la Turkménie.
Alexéi Ivtchenko, chef de Naftogaz Ukraïny, a dit hier qu'une maison de commerce ukraino-germano-polonaise pourrait être créée pour commercialiser le gaz d'origine non russe sur le territoire de l'Union européenne. Evidemment, cette entreprise aurait pour vocation d'acheter du gaz à la Turkménie et au Kazakhstan, mécontents du monopole de Gazprom en Europe.
La proposition que cette maison de commerce pourrait faire à Turkmenneftegaz aggraverait sensiblement les positions de Gazprom. L'unique argument en sa faveur est l'impossibilité de transporter du gaz turkmène en contournant le territoire de la Russie. Alors, la pression exercée sur la Russie pour obtenir l'accès des fournisseurs centrasiatiques aux marchés européens augmenterait considérablement.
A E.ON, partenaire stratégique de Gazprom, on s'en rend bien compte. Tout porte à croire que le groupe allemand profitera de la situation pour faire pression sur Gazprom dans tous ses projets en Russie. Gazprom, pour sa part, n'a pas l'embarras de choix. Les négociations sur la coopération avec RWA, concurrent allemand de E.ON. restent à ce jour sans résultat.