Revue de la presse russe du 5 mars

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MOSCOU - RIA Novosti

Gazeta

Vladimir Poutine déterminera le schéma de la fusion de Gazprom et de Rosneft

Les personnes qui au sein de l'administration du Kremlin sont chargées de la fusion de Gazprom et de Rosneft ont pris un temps mort. Cependant, le président Vladimir Poutine va devoir sans doute prendre une décision d'urgence: conserver l'indépendance de la compagnie pétrolière ou remettre celle-ci au monopole gazier, estime la Gazeta.

La lutte au sein de l'administration du président s'est exacerbée après la décision de Vladimir Poutine d'intégrer dans Gazprom les actifs de Rosneft. Le chef de l'administration, Dmitri Medvedev, souhaitait l'absorption totale de Rosneft par le monopole pétrolier. Seulement Medvedev a pour opposant son adjoint, Igor Setchine, partisan de l'indépendance de Rosneft. Les deux hommes sont à la tête des conseils d'administration des deux compagnies. Jusqu'ici ils n'avaient pas fait état de leurs divergences publiquement. Le patron de Gazprom, Alexeï Miller, et le président de Rosneft, Sergueï Bogdantchikov, le faisaient à leur place.

Ce dernier a adressé à Vladimir Poutine une lettre dans laquelle il l'informe que Gazprom ne recevra pas plus de 80 pour cent des actions de Rosneft. Ses arguments n'ont pas convaincu le chef de l'Etat. Un atout était apparu entre les mains de Setchine et de Bogdantchikov quand Rosneft avait fait l'acquisition de Iouganskneftegaz, le principal actif de IOUKOS. Igor Setchine avait alors concocté un nouveau schéma de fusion, en vertu duquel Gazprom ne prenait possession que d'un paquet minoritaire d'actions de Rosneft.

Quoi qu'il en soit, Bogdantchikov et Miller ont officiellement déclaré que Gazprom absorberait Rosneft dans sa totalité et que Iouganskneftegaz deviendrait une compagnie autonome avec Bogdantchikov à sa tête. Inopinément la compagnie Rosneft a annoncé que tout cela était faux et déclaré qu'elle conservait son indépendance.

Cette démarche a donc ouvert la voie à une confrontation ouverte. Par une agence d'information interposée, une source proche du Kremlin a qualifié d'erronée la déclaration de Rosneft. Selon elle, Bogdantchikov n'était pas au courant de ce que faisaient ses subordonnés puisqu'il se trouvait en vacances à l'étranger.

Il ne sera pas facile à Vladimir Poutine de désigner le vainqueur, a indiqué le directeur de l'Institut des technologies politiques, Alexeï Makarkine. Pour le patron de l'Institut de stratégie nationale, Stanislav Belkovski, Medvedev et Setchine ont transgressé aux principes de l'administration présidentielle selon lesquels on lave toujours son linge sale en famille. Dans les deux à trois semaines à venir Vladimir Poutine va devoir se résigner à sacrifier quelqu'un. Selon Stanislav Belkovski, pour la première fois Setchine pourrait se voir refuser la confiance du président.

Kommersant

MENATEP prêt à financer l'opposition conduite par Kassianov

Léonide Nevzline, actionnaire majoritaire du Group MENATEP (principal actionnaire de Ioukos), a déclaré dans une interview au quotidien Kommersant sa volonté de soutenir la "nouvelle" opposition russe.

C'est l'ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov qu'il voit à la tête de cette opposition. "Il n'y a pas d'autre figure de cette taille aujourd'hui", a-t-il déclaré.

"Kassianov vient de la nomenklatura mais il s'est débarrassé de bien des choses, à en juger par ce qu'il dit", estime l'actionnaire majoritaire du Group MENATEP. "S'il a besoin d'une aide, il l'aura. Celui qui a été touché par l'affaire Ioukos, lui est reconnaissant. Moi aussi", a-t-il dit.

Il explique ainsi sa volonté de soutenir l'ancien premier ministre : "S'il n'y a pas d'opposition démocratique dans le pays, il est inutile d'espérer que l'Oncle Sam viendra pour régler tous nos problèmes pour nous". L'Occident n'est nullement motivé. "En Russie il n'y a personne qu'il pourrait soutenir, avec qui il pourrait mener un dialogue".

Kassianov, Kasparov, Ryjkov sont, selon Nevzline, des "candidats sérieux pour l'avenir, ce sont des hommes sensés aux idées libérales".

"Si un "ancien" vient me demander de l'argent, je l'enverrai au Kremlin qui doit le prendre à sa charge. Si des hommes "nouveaux" viennent demander une assistance et si je les crois, on pourra s'entendre", déclare Nevzline, catégorique.

Mikhaïl Kassianov avait déclaré la semaine dernière qu'il pourrait se porter candidat à la présidence. L'ex-premier ministre avait critiqué avec virulence le Kremlin qui, à son avis, "mène le pays dans la mauvaise direction".

Depuis l'été 2003 Nevzline réside en permanence en Israël. Les autorités israéliennes refusent d'extrader l'homme d'affaires à la justice russe qui a lancé contre lui un ordre de recherche international.

Nezavissimaia gazeta

Les cadences des réformes se ralentiront dans les prochaines années

La Russie figure actuellement parmi les pays à économie en transition qui retardent dans la mise en œuvre des réformes économiques. Selon les pronostics faits par les experts pour la période à venir, l'accélération n'aura probablement pas lieu.

Cet avis a été émis, dans une interview à Nezavissimaia gazeta, par Mikhail Dmitriev, ancien vice-ministre du développement économique et du commerce, chercheur du Centre d'études stratégiques.

Selon Mikhail Dmitriev, en 2005, la progression des réformes sera impossible à cause des circonstances issues de la monétisation des avantages (leur remplacement par les compensations en espèces). Les années 2006 et 2007 sont trop proches des élections pour compter sur l'accélération considérable des transformations.

De plus, les divergences qui existent au niveau du pouvoir exécutif sur la stratégie à long terme indiquent que le pays et, surtout, le pouvoir, n'a pas d'idées claires sur les priorités des transformations de marché.

On le voit tout particulièrement sur l'exemple du programme à moyen terme, document ambitieux, dont le contenu a été apprécié assez hautement par les experts russes et internationaux. Selon les estimations du Centre d'études stratégiques, si tout ce qui est écrit dans le projet était mis en œuvre, la Russie se trouverait, dans plusieurs domaines, au niveau le plus haut de progression des transformations parmi les pays à économie en transition. Cependant, il s'est avéré très difficile de parvenir à un accord sur le projet de programme au sein du gouvernement.

En outre, le ralentissement des cadences de progression économique a été provoqué par l'accroissement de l'incertitude apparue à la suite de "l'affaire IOUKOS" et d'autres cas de répartition des biens qui n'est pas très judicieuse du point de vue juridique.

"Si la politique conduisant à l'accroissement de l'incertitude continue, a dit Mikhail Dmitriev, son influence sur le climat économique dans le pays sera de plus en plus négative".

L'un des objectifs principaux immédiats de la politique économique sera de prendre des mesures pour renforcer la confiance des hommes d'affaires dans l'Etat et en vue de développer le dialogue avec eux.

Gazeta

La fonction de maire restera-t-elle élective en Russie ?

Les gouverneurs régionaux pourront être récompensés pour le nouveau système d'élection : ils seront autorisés à nommer les maires des villes et des municipalités, annonce le quotidien Gazeta. Un projet de loi en la matière sera soumis tout prochainement à la Douma, a promis hier la première vice-présidente de la chambre basse du parlement russe, Lioubov Sliska.

"Lorsqu'un maire sera nommé par le gouverneur, il travaillera comme gérant, concierge, infirmier plutôt que de s'occuper de la politique", c'est ainsi qu'elle a expliqué aux journalistes le but de la réforme envisagée.

L'année dernière lorsque la Douma examinait le projet de loi sur le nouveau système d'élection des chefs régionaux, de nombreux gouverneurs avaient tenté de s'entendre avec le centre fédéralpour pouvoir nommer eux-mêmes les maires des villes et d'autres municipalités. L'assistant du président, Igor Chouvalov, leur avait alors donné à comprendre que le marchandage était déplacé.

L'obstination du Kremlin avait pour origine les engagements internationaux de la Russie : la Charte européenne de l'autonomie locale, ratifiée par la Russie, prévoit que les autorités municipales doivent être élues directement par la population.

L'Europe a déjà eu du mal à digérer la modification du système d'élection des gouverneurs en Russie, bien qu'aucune charte n'ait été violée, rappelle le chef du comité de la Douma pour les affaires de la Fédération et la politique régionale, Viktor Grichine, qui estime qu'il vaut mieux éviter des aggravations dans les relations avec la communauté internationale, d'autant que la verticale du pouvoir est déjà suffisamment solide.

Cependant, les experts pensent que le Kremlin va tenter d'investir les gouverneurs du pouvoir de nommer les maires sans violer la Charte européenne. Le gouverneur pourrait lui-même proposer une candidature au poste de chef de telle ou telle collectivité locale. Peut-être, ne seraient-ils autorisés qu'à nommer les chefs des localités les plus importantes, en leur accordant des pouvoirs étendus tout en laissant à la population le droit d'élire les autres organes locaux, estime le directeur adjoint du Centre des technologies politiques, Alexéi Makarkine.

Vedomosti

"Rosneft" demande un rabais sur le transport du pétrole vers la Chine

"Rosneft" peut faire ce que IOUKOS n'a pas réussi à faire l'année dernière. "Rosneft" demande à la compagnie "Chemins de fer russes" de baisser les tarifs du transport du pétrole vers la Chine. Les compagnies d'Etat ont déjà déposé des demandes appropriées au Service fédéral des tarifs (FST), lit-on dans le quotidien Vedomosti.

Selon Vladimir Yakounine, vice-président des "Chemins de fer russes", si le volume des fournitures garanties destinées à la Chine atteint 30 millions de tonnes de pétrole par an, le tarif peut baisser de dizaines de pour cent. Mais cette baisse concernera non seulement "Rosneft", mais toutes les compagnies qui travaillent en direction de la Chine.

Cette perspective a réjoui les compagnies pétrolières. Selon Guennadi Krassovski, chef du service du travail avec les investisseurs de LUKOIL, la possibilité d'intensifier les fournitures est tout à fait réaliste: cette année, il est prévu de transporter en Chine plus de 10 millions de tonnes (contre 6 millions de tonnes l'année dernière), dont 3 millions de tonnes seront fournies par LUKOIL.

Les tarifs sont effectivement élevés, constate l'analyste de l'agence "Argus" Mikhail Perfilov: le tarif de base du transport du pétrole vers la Chine est de 77 dollars la tonne, contre 14 dollars en 2000.

"Selon les "Chemins de fer russes", la décision sur la baisse des tarifs sera prise en fonction des volumes qui seront proposés par "Rosneft". Les fonctionnaires se baseront probablement sur cela", a dit Kakha Kiknavelidze, analyste du groupe d'investissement "Troïka Dialogue". Si les volumes et les fournitures prévues sont importants, la baisse des tarifs sera avantageuse pour tout le monde. "C'est à cause des volumes insuffisants que la baisse des tarifs a été refusée à IOUKOS", rappelle l'analyste.

IOUKOS était la première à essayer d'obtenir la baisse des tarifs du transport du pétrole vers la Chine. "Les tarifs des chemins de fer en direction de la Chine se sont élevés ces trois dernières années de 400 %. Ce n'est pas normal", ont déclaré les représentants de la compagnie au début de l'année dernière. IOUKOS a proposé alors à la commission gouvernementale pour les tarifs ferroviaires et au FST de baisser de moitié les tarifs et de les fixer en dollars pour quelques années à venir, en garantissant l'accroissement des volumes des fournitures. Mais les fonctionnaires n'ont pas soutenu cette idée.

Novye izvestia

Un russe sur deux marqué par le culte de la personnalité de Staline

Il y a 52 ans, le 5 mars 1953, Iossif Staline mourait. Plusieurs instituts de sondage ont réalisé des enquêtes sur l'attitude des Russes vis à vis de la personnalité et des actes du dirigeant soviétique. Les résultats de ces enquêtes révèlent que sur ce sujet la société russe est divisée en deux parties à peu de choses près égales.

Le sondage réalisé par la compagnie "Bachkirov et partenaires" montre que 47 pour cent des personnes interrogées sont persuadées que le généralissime Staline a joué un rôle positif dans l'histoire du pays et que 43 pour cent observent une attitude plus ou moins négative vis-à-vis de ce personnage.

Dans le même temps, le sondage réalisé par le Centre russe d'étude de l'opinion (CREO) montre que 50 pour cent des Russes étaient encore sous l'influence du "culte de la personnalité" et que seulement 37 pour cent d'entre eux condamnaient son activité. Les sociologues du CREO ont observé une augmentation de 4 pour cent du nombre de gens estimant extrêmement positif le rôle de Staline.

Les enquêteurs du CREO ont aussi posé des questions provocatrices: la Russie contemporaine a-t-elle besoin d'un politique comme Staline? Ici la société est divisée en deux camps: 42 pour cent des sondés souhaitent voir au Kremlin un "nouveau Staline", 52 pour cent y sont opposés. Ce sont surtout les représentants de la génération aînée qui se prononcent pour un "nouveau Staline". Ils sont 60 pour cent à regretter la "poigne de fer". 31 pour cent des jeunes sont de cet avis.

Les sociologues du Centre analytique de Youri Levada ont voulu savoir ce que les Russes pensaient de l'érection éventuelle d'un monument à Iossif Staline à l'occasion du 60-e anniversaire de la Victoire. 37 pour cent des personnes interrogées pensent que cela n'est pas nécessaire tandis que 29 pour cent appuient cette idée. Les sans opinion sont 28 pour cent.

La proposition de restituer à la ville de Volgograd (Stalingrad jusqu'en 1961) son ancien nom a été repoussée par 61 pour cent des personnes interrogées. 23 pour cent des Russes y seraient favorables.

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