La Russie cherche à dissuader l'Iran de créer son propre "cycle nucléaire"

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MOSCOU, 1-er mars. (Commentatrice de RIA- Novosti, Tatiana Sinitsyna). "Du moment que les Iraniens font partie du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, rien ne les empêche de développer leur propre cycle nucléaire. Nous leur déconseillons cependant de le faire, en montrant que cela n'est pas raisonnable du point de vue économique", a déclaré au cours d'une conférence de presse à RIA-Novosti le directeur de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique (Rosatom), Alexandre Roumiantsev.

La Russie est en train de mener avec l'Iran des négociations sur une très large gamme de questions relatives à l'utilisation du know-how nucléaire et de l'énergie atomique à des fins pacifiques. Comme l'a fait remarquer Alexandre Roumiantsev, les Iraniens sont informés que des documents scientifiquement argumentés prouvent de manière mathématique l'inutilité absolue, voire le caractère ruineux, du développement de son propre cycle nucléaire par un pays possédant moins de 8 à 10 réacteurs nucléaires d'une puissance de 1 000 mW.

Le terme même de "cycle nucléaire" suppose un très sérieux potentiel scientifique et une immense et puissante industrie d'extraction et d'enrichissement des matières nucléaires, ainsi qu'une solide base de construction et de maintenance des ouvrages atomiques. Tous les Etats ne peuvent pas se permettre ce luxe, loin s'en faut! En Russie cette branche emploie quelque 337 000 personnes. Néanmoins, la "tentation nucléaire" est grande, de sorte que de nombreux Etats sont à présent sur le point d'y céder. Tout récemment encore, l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a accusé l'Egypte de s'être livrée à des expérimentations secrètes avec du plutonium sans l'avoir notifié au préalable à l'AIEA. Le gouvernement égyptien affirme, pour sa part, que son programme nucléaire est exclusivement pacifique. Ce qui est d'ailleurs facile à comprendre. En effet, chaque Etat voudrait posséder une puissante source d'énergie pour garantir le développement durable à sa propre économie. Or, ce désir ne tombe sous le coup d'aucune interdiction internationale.

Néanmoins, nul n'ignore que le nucléaire n'a pas uniquement une vocation civile, mais sert aussi à détruire. Pour exclure cette dernière vocation et conférer à l'énergie atomique un axe exclusivement pacifique, la Charte de l'AIEA engage les puissances maîtrisant le cycle nucléaire à aider les autres Etats à créer leurs propres centrales nucléaires, mais à la condition sine qua non que tout Etat ayant décidé de développer son propre nucléaire civil signe le Traité de non-prolifération des armes nucléaires.

L'Iran a signé ce Traité, ce qui donne à la Russie le droit de fournir à Téhéran ses prestations nucléaires. A ce jour, ces services trouvent leur expression dans la construction de la Centrale nucléaire de Bushehr. La Russie s'engage aussi à livrer du combustible nucléaire pour son réacteur et à rapatrier le combustible brûlé pour le stocker et le recycler par la suite. Toutes ces opérations sont d'ailleurs légitimées et garanties par le Protocole sur le rapatriement en Russie du combustible nucléaire brûlé, document qui vient d'être signé à Bushehr. Par conséquent, tant physiquement que juridiquement, il est tout à fait exclu que le combustible usé pouvant servir à la fabrication de l'arme nucléaire puisse se retrouver entre les mains des Iraniens. Qui plus est, tout mouvement, aussi minime qu'il soit, dans le cadre du "programme nucléaire iranien" est supervisé par l'Agence internationale de l'Energie atomique, ce qui fournit une garantie de plus. Mais plus Moscou se montre énergique, en affirmant que pas un seul gramme de combustible nucléaire brûlé ne se retrouvera entre les mains des Iraniens, plus les adversaires intransigeants de la coopération russo-iranienne s'efforcent de prouver le contraire. Certains réclament les sanctions les plus sévères contre la Russie et même la mise à l'écart de Moscou - chasser la Russie du G8 et mieux,de la planète en général! "On peut évidemment nous critiquer. Mais pour quelle raison? Je n'arrive pas à le comprendre", a avoué devant les journalistes, réunis à RIA-Novosti, le directeur de l'Agence fédérale russe de l'énergie atomique.

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