Russie-Ukraine : nouveau contexte

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MOSCOU, 26 janvier. /par Arseni Oganessian, commentateur de RIA Novosti/. La réaction de Moscou à la nomination de Ioulia Timochenko premier ministre par intérim de l'Ukraine aurait pu être le principal événement au cours de la visite que le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a effectué dernièrement à Moscou. De l'avis de nombreux observateurs, aussi bien en Russie qu'à l'extérieur, la nomination de Timochenko à la veille de la rencontre avec Poutine pouvait être interprétée comme une gifle au Kremlin pour le soutien qu'il avait apporté à Ianoukovitch. En est-il vraiment ainsi ?

Certes, cette nomination essentielle renferme effectivement un non-dit politique qui, cependant, n'a rien à voir avec les relations russo-ukrainiennes.

Le fauteuil de chef du gouvernement était une condition de l'alliance Iouchtchenko-Timochenko conclue en vue de la présidentielle. Ainsi, le président frais émoulu n'a fait que remplir sa promesse. "Ayant pesé différents facteurs, le leader ukrainien en est arrivé à la conclusion que pour des considérations de politique intérieure il ne pouvait négliger ses engagements. Autrement dit, la nomination de Timochenko est une question ukrainienne intérieure", estime un expert du Centre des technologies politiques, Boris Makarenko.

Ce point de vue est partagé par le directeur général du Centre de la conjoncture politique, Konstantin Simonov, qui estime qu'il était évident pour tout le monde que Iouchtchenko proposerait au parlement la candidature de Timochenko, prix à payer pour l'organisation de la révolution orange. D'autre part, tout le monde comprenait que la nomination aurait lieu très peu de temps après l'investiture. En même temps, en effectuant ostensiblement en Russie sa première visite à l'étranger, Iouchtchenko s'efforce, de l'avis de l'expert, de montrer à Moscou qu'on peut et qu'on doit négocier avec lui.

De surcroît, en nommant Timochenko premier ministre par intérim, le nouveau président ukrainien aécarté la possibilité même d'une discussion avec son homologue russe sur la candidature du chef de son gouvernement. Il n'y a là rien de répréhensible, tout compte fait. De l'avis d'un expert du Centre d'analyses politiques et militaires, Alexandre Khramtchikhine, il a été clairement signalé à Moscou que la nouvelle direction de l'Ukraine appliquerait une politique indépendante.

Il est évident qu'indépendamment des sympathies et des antipathies que suscite la candidate au poste de premier ministre de l'Ukraine, le Kremlin se rend compte des circonstances de sa nomination et les accepte.

Un autre élément délicat de la visite aurait pu être l'échange de vues sur le soutien massif et déclaré apporté par Moscou au concurrent politique de Iouchtchenko, Viktor Ianoukovicth. Tout porte à croire que les explications de Poutine qui a déclaré que la Russie avait des contacts avec Ianoukovitch et d'autres hommes politiques ukrainiens en tant que responsables officiels ont été acceptées par la partie ukrainienne. On le comprend, cela aussi.

Les élections ont pris fin. Aussi dramatique que soit la situation politique en Ukraine depuis ces derniers mois, il est temps que Moscou et Kiev y mettent un point final et commencent à élaborer un cadre politique nouveau pour leurs relations bilatérales. Or il dépendra pour une large part de la marche de la réforme constitutionnelle en Ukraine et des rapports de Kiev avec les régions et aussi, naturellement, de la situation économique dans le pays.

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