La Russie, les États-Unis et la Chine: "triangle incontournable" de la coopération spatiale

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MOSCOU, 18 janvier - par Andreï Kisliakov, commentateur politique de RIA Novosti. Il paraît que la logique et le bon sens ont primé dans les relations spatiales internationales à la fin de 2004 en déterminant l'évolution de l'astronautique mondiale à long terme. En dépit de nombreux sceptiques, la Russie et les États-Unis ont réussi à s'entendre sur l'avenir de leur programme spatial commun - la Station Spatiale Internationale (ISS). Y ont beaucoup contribué les bonnes relations personnelles et le professionnalisme d'Anatoli Perminov, directeur de l'Agence spatiale russe (Roskosmos), et de Sean O'Keefe, directeur de la NASA.

On assiste donc à l'intensification évidente des rapports spatiaux russo-américains qui reposent en outre sur la responsabilité commune du projet de l'ISS dont le coût s'élève à plusieurs milliards de dollars. Toutefois le rôle de la troisième puissance spatiale - la Chine - demeurait jusqu'ici inconnu.

Pour être plus précis, c'est le côté sino-américain du triangle qui manquait alors que les liens russo-chinois traditionnellement bons dans le domaine de l'espace et des hautes technologies n'ont cessé de se resserrer. Ce déséquilibre risquait de provoquer des tensions sérieuses entre les trois pays.

Mais les États-Unis et la Chine ont fait le premier pas vers une éventuelle coopération spatiale au début de décembre 2004. Pour la première fois dans les relations bilatérales, les dirigeants des agences spatiales des deux pays se sont rencontrés à Washington. Le directeur de la NASA Sean O'Keefe a reçu son homologue chinois Sun Laiyan qui l'a invité à se rendre à Pékin. La prochaine visite de réciprocité promet d'être un événement international clé dans ce domaine.

Selon le porte-parole de la NASA Debra Rahn, la rencontre a été organisée à la demande de la partie chinoise. Sean O'Keefe et Sun Laiyan se sont informés du fonctionnement de leurs départements respectifs et des programmes spatiaux nationaux. Debra Rahn estime que le responsable chinois a hautement apprécié l'initiative du président américain George W.Bush tendant à organiser une nouvelle expédition de l'homme vers la Lune et le vol d'un vaisseau habité vers Mars.

Pour le moment, il s'agit, de toute évidence, d'un hommage aux progrès américains dans l'espace et d'un échange de compliments. D'autre part, il est clair que la Chine s'intéresse aux programmes de vols orbitaux et interplanétaires habités à des fins scientifiques et qu'elle suit les efforts entrepris par les Américains en ce sens. Les spécialistes de Pékin ont récemment assisté à une conférence internationale sur les projets lunaires et martiens tenue à Washington par la NASA.

Mais quel scénario d'activités spatiales séduira la Chine circonspecte? Est-ce qu'elle adhérera à la communauté internationale des membres du Programme ISS et soutiendra la toute jeune alliance russo-américaine dans l'exploration de l'espace? Ou bien choisira-t-elle son propre chemin laissant les autres se perdre en conjectures?

La première solution serait, sans doute préférable. Mais l'aspect politique prédomine dans les relations spatiales sino-américaines, ou plutôt dans leur absence. La Chine n'a pas été admise au projet de l'ISS sur les instances des États-Unis. L'administration américaine accuse le gouvernement chinois de ne pas respecter le régime de non prolifération des technologies balistiques et exprime sa préoccupation par le fait que presque tous les programmes spatiaux chinois sont contrôlés par les militaires.

D'autre part, Anatoli Perminov, directeur de Roskosmos, a déclaré fin novembre, dans une interview à RIA Novosti, que les Chinois ne cherchaient pas à participer à la construction de l'ISS, mais souhaitaient construire leur propre station spatiale. "Ils ont choisi d'emprunter les sentiers battus: lancer un train spatial, désarrimer le module largable en laissant un autre vaisseau en orbite et y arrimer ensuite d'autres appareils", a précisé M.Perminov.

Une étape de ce programme sera réalisée pendant le lancement du deuxième vaisseau spatial chinois prévu pour 2005. Pendant le vol de cinq jours, les deux membres d'équipage passeront dans le module orbital pour effectuer des expériences scientifiques. Par ailleurs, la Chine a l'intention de lancer un satellite d'étude de la Lune d'ici deux ans.

Cependant il est difficile de s'attendre à ce que la Chine demande à adhérer au projet ISS alors que les États-Unis ont adopté une position aussi rigoureuse. Mais si Pékin décide de créer sa propre station orbitale, le programme spatial chinois ne sera plus un secret total pour l'Occident après le début du dialogue avec Washington et l'inquiétude des États-Unis s'apaisera avec le temps.

Quant à la Chine, elle s'intéressera tout naturellement à la coopération lorsque ses progrès importants impliqueront, techniquement plutôt que politiquement, une coopération internationale étroite.

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