Les erreurs de Mikhaïl Saakachvili sont contagieuses

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MOSCOU, 17 janvier - RIA Novosti. (Commentateur politique de RIA-Novosti, Piotr Romanov). La capacité de l'Occident de recouvrer progressivement sa perspicacité provoque parfois des sentiments plutôt contradictoires. C'est effectivement depuis déjà longtemps que l'on constate en Russie qu'avec la venue au pouvoir en Géorgie de Mikhaïl Saakachvili, la démocratie n'a nullement progressé dans ce pays. Et voilà que cette "sensation" a enfin gagné l'Europe.

Or, l'Europe ne sera informée de la situation effective en Géorgie que si elle étudie très attentivement les critiques formulées par les législateurs européens qui ont récemment passé par Tbilissi et préparé, à cette occasion, un mémorandum spécial de l'Union européenne (UE). Il s'agit là plus précisément d'un projet de document qui serait sans doute, pour des raisons politiques, beaucoup moins catégorique dans sa rédaction définitive. Quoi qu'il en soit, on pourrait d'ores et déjà citer certains passages du projet en question: "Un pouvoir présidentiel par trop excessif a été créé en Géorgie où l'opposition parlementaire est pratiquement inexistante, alors que la société civile y est extrêmement faible. Il n'y a pas dans ce pays de pouvoir judiciaire véritablement indépendant, et la démocratie locale y est manifestement sous-développée, tandis que l'autocensure est omniprésente dans les médias géorgiens".

En outre, le Conseil de l'Europe désapprouve formellement les amendements apportés au Code pénal de la Géorgie et l'institution du fameux droit des contrats quand le pouvoir se livre pratiquement à une sorte de racket, en levant tribut sur les criminels. "La version géorgienne du droit des contrats ne correspond pas du tout aux normes du Conseil de l'Europe, affirment les auteurs du Mémorandum. Qui plus est, le système créé en Géorgie permet de supposer que de grands criminels peuvent bien s'acheter la liberté".

Et, enfin, autrefois autonome, l'Adjarie, qu'a-t-elle donc reçu après la "révolution des roses", en se pliant au diktat de Tbilissi?! "Il n'y a pas de tendances séparatistes en Adjarie. Aussi, le droit du Président géorgien de dissoudre le Conseil Suprême de l'Adjarie et d'y désigner les chefs de l'exécutif rend-il tout à fait nominal son statut d'autonomie".

Force est de reconnaître que tout est exact dans ces observations critiques. Néanmoins, la question se pose: Où est donc cette démocratie qui avait alimenté jadis tant de discussions au sein même du Conseil de l'Europe dès qu'il s'agissait de la Géorgie?

Qui plus est, font remarquer des analystes attentifs, les erreurs de Mikhaïl Saakachvili peuvent s'avérer bien contagieuses pour l'Ukraine.

Ira Straus, coordinateur américain au Comité pour l'Europe de l'Est et la Russie de l'Alliance de l'Atlantique Nord, écrit, par exemple, dans "United Press International": "Nous sommes devenus témoins d'un pas dangereux quand aux célébrations de la fête de Nouvel An, il (Viktor Youchtchenko) se tenait à la tribune aux côtés du Président de la Géorgie, Mikhaïl Saakachvili... Viktor Youchtchenko devrait prendre ses distances de Mikhaïl Saakachvili. Venu au pouvoir, ce dernier a opté peu après pour la confrontation avec la Russie... Il a déployé, en outre, pas mal d'énergie pour imposer ses propres arguments à l'Occident..., tout en espérant sans doute pouvoir persuader l'Occident à rejeter sur la Russie la faute pour tout accrochage militaire et à épauler la Géorgie en cas de guerre. Tout porte à croire que Mikhaïl Saakachvili ne se rend toujours pas compte que, dans la situation actuelle, les intérêts de la Géorgie et de ses minorités nationales ne sont pas les seuls à être mis en jeu, mais que les intérêts tout à fait légitimes de la Russie y sont également concernés. Aussi, Mikhaïl Saakachvili n'avance-t-il aucuns compromis qui tiennent effectivement compte des intérêts russes et ce, en dépit de la profonde implication incontestable de la Russie dans les événements en cours dans les territoires en question. Et nul ne peut garantir que les mises en garde de l'extérieur puissent le retenir suffisamment longtemps".

Et ainsi de suite. Et là encore, la démocratie n'est pas trop apparente, admettons-le.

Pourtant, le principal réside certainement dans les conclusions d'Ira Straus qu'il est difficile de contester: "Viktor Youchtchenko peut bien espérer que ses relations avec la Russie s'organiseront beaucoup mieux que celles de Mikhaïl Saakachvili avec la Russie. Il serait pour le moins stupide de renoncer à une telle perspective... Pour sa part, l'Occident doit montrer qu'il n'encouragera pas Viktor Youchtchenko si celui-ci pratique une politique d'intégration avec l'Occident au détriment des intérêts de la Russie".

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