Le Père Noël en compétition contre Youchtchenko et Yanoukovitch en Ukraine

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A l'aube du "troisième tour" des présidentielles ukrainiennes du 26 décembre, dont personne n'est en mesure de pronostiquer le résultat, et encore moins de prophétiser les éventuels cataclysmes de l'après-scrutin, les Ukrainiens se permettent quelques innocentes plaisanteries.

A l'aube du "troisième tour" des présidentielles ukrainiennes du 26 décembre, dont personne n'est en mesure de pronostiquer le résultat, et encore moins de prophétiser les éventuels cataclysmes de l'après-scrutin, les Ukrainiens se permettent quelques innocentes plaisanteries. Ainsi, à côté des tentes des fanatiques les plus ardents des "Oranges", qui, à l'approche du Nouvel an, ne respectent même pas la "trêve des confiseurs", sont apparus de curieux manifestants arborant des affiches avec le slogan "Père Noël - président!" Et le défi a été relevé. Si bien que sur la place centrale de Kiev, ce ne sont plus Yanoukovitch et Youchtchenko qui se battent pour le fauteuil présidentiel, mais Youchtchenko et le Père Noël.

Marque de bon sens de la part du peuple ukrainien, manifestation d'euphorie préludant aux grandes tragédies, comme l'histoire en fournit de nombreux exemples, allez savoir. En Europe, si l'on en croit les souvenirs des illustres témoins, jamais époques ne furent si joyeuses que celles qui ont précédé la Première et la Seconde guerres mondiales. Et ceci vaut également pour la Russie qui a connu ses "années folles" à l'aube de la Première guerre mondiale qui s'est terminée par la révolution.

Pourtant, l'Ukraine divisée en deux par les passions politiques ne devrait pas avoir le coeur à plaisanter. Jugez en par vous-même. L'un des candidats - monsieur Youchtchenko déclare à ses compatriotes qu'il se pourrait fort bien que les élections n'aient pas lieu, vu qu'un complot mûrit dans le camp de l'adversaire. Quant à l'autre candidat - monsieur Yanoukovitch, il a d'ores et déjà fait savoir que, même en cas de victoire, son adversaire ne deviendrait jamais président. Selon Yanoukovitch, des dizaines de milliers de "Blancs-Bleus" sont prêts à marcher sur la capitale, et il n'est pas certain du tout de pouvoir les contenir. Et si ces dizaines de "Blancs-Bleus" rencontrent les dizaines de milliers d'"Oranges", on n'ose imaginer ce qui risque de se produire. Et ce n'est pas par hasard que la milice déclare qu'elle n'exclut pas le recours à la force après le troisième tour des présidentielles.

Les autres informations en provenance de Kiev ne donnent guère envie de faire de l'humour. Tout d'abord, le représentant de l'OSCE en Ukraine, monsieur Nicholas, dérogeant à l'obligation de réserve, parle ouvertement de soutenir des "Oranges" et ne cache pas qu'il dépense les deniers de cette organisation internationale pour aider un des candidats. Ensuite, monsieur Brzezinski, qui sort habituellement des coulisses juste avant qu'un incendie se déclare quelque part, annonce qu'il est hors de question de céder l'Ukraine à la Russie, sous quelque forme que ce soit.

Et tout cela au nom de quoi? Les partisans de Youchtchenko (les leaders de l'organisation de jeunesse Pora) ont reconnu ouvertement, lors d'une conférence de presse tenue à Moscou, que leur candidat serait un "mauvais président", et qu'ils ne manifestent sur la Place de l'Indépendance de Kiev que parce que Yanoukovitch est encore plus mauvais. L'atmosphère est réellement propice à la liesse.

Dans une telle situation, le Père Noël est en vérité le meilleur candidat au poste de président de l'Ukraine. Ce serait le meilleur des compromis. Et le pire qu'il puisse faire, c'est de geler le nez des Ukrainiens la nuit de la Saint-Sylvestre.

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