Revue de la presse russe du 9 décembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Vrémia novostéi/Vedomosti

L'opposition a-t-elle gagné en acceptant un compromis avec Koutchma ?

MOSCOU, 9 décembre - RIA Novosti. Le président ukrainien sortant Léonide Koutchma a obtenu une réduction des pouvoirs de son successeur. Hier la Rada suprême (parlement) a adopté à la majorité des voix des amendements à la Constitution qui font de l'Ukraine une république à régime mixte parlementaire-présidentiel. Pour les avoir soutenus, l'opposition avec Viktor Iouchtchenko à sa tête a obtenu une loi qui légalise le "troisième tour" de l'élection présidentielle. Intervenant hier à un meeting à Kiev, il a annoncé que l'opposition venait de remporter une "grande victoire". Sa principale assistante, Ioulia Timochenko, a, par contre, promis de contester en justice les amendements apportés à la Constitution. Les experts interrogés par les quotidiens "Vedomosti" et "Vrémia novostéi" ne s'accordent pas dans leurs évaluations de la situation qui s'est créée.

Marat Guelman, conseiller politique russe, estime qu'hier "Iouchtchenko a plutôt gagné que perdu". Le principal est qu'il a obtenu la légalisation du "troisième tour" de la présidentielle qu'il remportera. Ensuite, il formera sa propre majorité au parlement et obtiendra l'annulation des amendements qui viennent d'être adoptés. Quant à Timochenko, elle s'indigne parce que le compromis passé entre Iouchtchenko et Koutchma lui bloque le chemin d'ascension au poste de premier ministre.

"En réalité, Iouchtchenko a perdu, réplique le président de l'Institut russe de la stratégie nationale, Stanislav Belkovski. Il a dû accepter que Viktor Ianoukovitch garde son poste de premier ministre, ce que beaucoup de ses partisans ne veulent pas tolérer". L'expert prédit une baisse de la popularité de Iouchtchenko et une aggravation de ses relations avec Timochenko qui peut même prendre la tête d'une "nouvelle opposition" pendant sa présidence. De l'avis de Stanislav Belkovski, Iouchtchenko ne pourra pas consolider l'élite et faire annuler la réforme constitutionnelle.

"La décision de la Rada est avantageuse à l'opposition", a déclaré Vadim Karassev, directeur du Centre ukrainien des recherches globales. "Si la crise s'éternisait, Iouchtchenko risquerait l'annulation du nouveau scrutin le 26 décembre et seul le président sortant y gagnerait. Le peuple serait las de voir la situation durer".

"Iouchtchenko a renoncé de plein gré à un prix énorme", affirme avec conviction un politologue ukrainien, Viktor Nebojenko. A ses dires, le nouveau président n'aura pas de majorité au parlement formé par l'ancien pouvoir. La réforme de la Constitution n'est finalement profitable qu'à Koutchma, au chef de son administration Viktor Medvedtchouk et au président du parlement Vladimir Litvine, estime l'expert.

Novyé izvestia

Le parlement risque de devenir un "instrument décoratif"

La Douma a reçu un projet de loi sur les nouveaux principes de sa formation. Le document propose que la chambre basse du parlement russe soit formée uniquement par les partis politiques. Il établit un seuil de 7% (au lieu des 5% actuels), interdit aux partis de se bloquer et réduit de quatre à deux le nombre minimum obligatoire des partis représentés à la Douma. D'autre part, la case "Contre tous" sera radiée des bulletins de vote.

L'ancien chef de la Commission électorale centrale et président de l'Institut indépendant des problèmes électoraux, Alexandre Ivantchenko, a ainsi commenté au quotidien "Novyé izvestia" les nouvelles initiatives du président : "C'est le dernier élément de l'effort de rétablissement du système à parti unique et de liquidation de tous les petits partis. C'est l'interprétation conceptuelle du système politique par les fonctionnaires de l'administration présidentielle".

Il a fait remarquer par ailleurs que la réduction jusqu'à deux du nombre minimal des partis présents à la Douma suppose l'existence d'une force dominante etd'une "autre appelée à sauver les apparences". De l'avis de l'ancien chef de la Commission électorale centrale, cette mesure s'explique par la situation sans issue qui s'est créée lorsque les résultats des dernières élections régionales ont confirmé le leadership inconditionnel du candidat "contre tous". "Dans le contexte du multipartisme Russie Unie risque de perdre la chance d'entrer à la Douma. On l'y conduira donc artificiellement", a fait observer l'expert.

Le directeur du centre analytique Merkator, Dmitri Orechkine, se dit persuadé que "en modifiant ainsi la loi électorale, la Douma devient "unijambiste". L'annulation des élections uninominales fera sentir l'absence de la représentation des territoires en dépit de l'hypothèse que dans chaque région il y aurait un représentant du parti". L'interdiction de former des blocs politiques sera un obstacle à l'unification des partis de la droite, d'après Dmitri Orechkine. "D'autre part, puisque le seuil électoral a été porté à 7%, les partis de la droite que Vladislav Sourkov (chef adjoint de l'administration du président) considère comme une cinquième colonne, se voient ôter toutes les chances à la représentation politique", a déclaré l'expert. La réduction du nombre minimum des partis aura pour effet, à son avis, de simplifier le rôle du parlement qui devient ainsi un "instrument décoratif" dans le système du pouvoir d'Etat.

Kommersant

Le spectre de Ioukos hante Vympelcom

Vympelcom (deuxième opérateur de télécommunications mobiles de Russie, de CEI et d'Europe de l'Est avec 269,3 millions de dollars de bénéfice net réalisé au cours des neuf premiers mois de 2004) s'est fait remettre un procès verbal de vérification fiscale pour 2001 d'après lequel sa dette s'élève à 157 millions de dollars. Son action a chuté du coup, hier, de 25% environ à la bourse de New York, écrit le quotidien "Kommersant".

Ses responsables expliquent que la majeure partie des réclamations fiscales concerne les relations de la société avec sa filiale "KB Impouls" qui lui appartient à 100% (Vympelcom a partagé avec elle une partie de ses revenus mais n'a payé les impôts que sur sa propre part du bénéfice).

De l'avis d'un expert de MDM-bank, Serguéi Reznik, si le fisc ne se contente pas de l'année 2001, les réclamations fiscales de l'Etat envers Vympelcom pourront atteindre 500 millions de dollars pour les trois dernières années. "Dans ce cas la société sera obligée, pour payer les amendes, à retirer les sommes nécessaires des fonds circulants en ralentissant son rythme de croissance", a déclaré un expert de la société d'investissement Aton, Nadejda Goloubeva.

Les industriels importants voient dans cette affaire un mauvais signe et établissent des parallèles avec l'attaque contre Ioukos. Le premier vice-président de SUAL-Holding (deuxième producteur d'aluminium russe), Iossif Bakaleinik, ne doute pas que ces événements ont un impact négatif sur les programmes d'investissement dans le pays. Maintenant le marché pense que "Ioukos est une tendance", a-t-il affirmé.

Les opérateurs du marché s'accordent pour dire que la suite des événements dépend de la position des autorités. D'une part, Vymplecom est une compagnie privée créée à partir de zéro dont la réputation n'est ternie par aucune histoire de privatisation. D'autre part, Ioukos aussi était considéré comme la société la plus transparente, ce qui ne l'a pas sauvé.

A noter que le principal actionnaire de Vympelcom est Alfa-Group et c'est contre lui, estiment les analystes, qu'est dirigée en réalité l'attaque du fisc. Ainsi, dans une note analytique de la société d'investissement Aton, il est dit clairement et nettement qu'Alfa-Group "jouait avec le feu lorsque, au cours des débats judiciaires internationaux sur le paquet d'actions de Megafon, il a ouvertement accusé de corruption le ministre des Technologies de l'information et des Télécommunications, Léonide Reïman.

Vedomosti

Dix ans ne suffiront pas pour doubler le PIB

L'objectif posé par Vladimir Poutine de doubler le PIB en 10 ans s'avère impossible à atteindre. Aujourd'hui, le ministère du Développement économique et du Commerce doit soumettre au gouvernement le programme de développement socio-économique jusqu'à 2008. Selon les estimations du ministère, la Russie pourra assurer le doublement en 2012, au plus tôt, mais à condition du développement dynamique des secteurs principaux et du maintien des hauts prix des matières énergétiques.

Le pronostic concerne la période allant jusqu'à 2015, a fait savoir au quotidien "Vedomosti" un employé de la Maison blanche (siège du gouvernement russe) versé en la matière. Selon lui, le pronostic tient compte des stratégies de développement de 10 secteurs de l'économie élaborées d'urgence. Mais ni les stratégies, ni les hauts prix du pétrole ne nous permettront pas de doubler le PIB, même vers 2012", a dit la source. L'indice de l'accroissement du PIB de 7,3 % sera atteint après 2011 et celui du doublement, vers 2015. Deux fonctionnaires du ministère du Développement économique et du Commerce l'ont confirmé. L'un d'entre eux a dit que, selon les prévisions de base, en 2005, le pétrole coûtera 31 dollars le baril. Mais "les prix du pétrole ne sont que le tableau de fond, les estimations ont été faites en tenant compte du contenu et de la mise en oeuvre des stratégies sectorielles".

Ces stratégies ont des défauts. Le ministère du Développement économique et du Commerce a apprécié la qualité de 2 stratégies sur 10. Six autres stratégies ont été renvoyées pour les perfectionner. En ce qui concerne la stratégie pétrogazière et celle du transport, elles doivent être revues radicalement, a dit le fonctionnaire du ministère.

De l'avis d'Iaroslav Lissovolik (Groupe financier unifié), la Russie ne pourra doubler le PIB que si elle met en oeuvre plusieurs réformes structurelles, par exemple, celles de la débureaucratisation et de démonopolisation. Mais Kirill Tremassov, chef du département analytique de la Banque de Moscou, ne voit pas la volonté de l'Etat d'engager les réformes et craint qu'en mettant en oeuvre la directive présidentielle le gouvernement n'investisse l'argent du Fonds de stabilisation dans les projets de l'infrastructure. "L'essentiel est que l'Etat ne se mette pas, par dépit, à intervenir davantage dans l'économie en cas d'impossibilité d'atteindre les objectifs exagérés", prévient Iaroslav Lissovolik.

Vremia novostei

Selon un ancien chef militaire, "la Russie n'a pas de troupes de DCA"

Les forces russes de défense antiaérienne qui font partie de l'Armée de l'Air ont célébré leur 90e anniversaire. Les forces de DCA sont activement employées pour combler les lacunes qui sont apparues ces dix dernières années dans la défense anitaérienne du pays. Des tentatives sont faites en vue de rétablir le bouclier des radars qui existait à l'époque de l'URSS, fait savoir le journal "Vremia novostei".

L'espoir particulier est fondé sur le nouveau système de missiles de DCA S-400 "Triumf" qui viendra s'ajouter au potentiel défensif dès l'année prochaine. Ce nouveau système sera également employé dans la défense antimissile non stratégique. De plus, il s'inscrit parfaitement dans la conception de la défense aérospatiale qui a déjà été adoptée par le collège du ministère de la Défense et qui est en train d'être perfectionnée. Mais la création de la défense aérospatiale prendra au moins 5 à 7 ans.

Le général à la retraite Vladimir Litvinov, ancien premier chef adjoint du commandement des troupes de DCA du pays, estime que la Russie "n'a pas aujourd'hui de troupes de DCA".

"En effet, nous avions un système de détection par radars et celui de détection par les moyens radiotechniques, des missiles de DCA, un système de couverture par les chasseurs, un système de postes de commandement allant du régiment au commandement en chef. L'ordre pouvait être transmis en moins d'une minute. Il est nécessaire de rétablir cette structure. Il y avait des groupements des échelons de choc dans les secteurs principaux. Sur les autres secteurs, il y avait la possibilité de compléter les forces en présence. Aujourd'hui, il est impossible de les compléter: le matériel est obsolète, les officiers ont quitté l'armée", a-t-il dit.

De l'avis de Vladimir Litvinov, en réformant l'armée, il était nécessaire de laisser, dans la structure des forces aériennes, ne serait-ce que le poste de commandant des troupes de DCA.

Le général d'armée Anatoli Kornoukov, ancien commandant en chef, s'exprime de façon encore plus critique. Selon lui, les moyens actuels de DCA ne sont capables d'intercepter qu'une cible sur cinq qui se dirigent vers la capitale. Bien plus, selon lui, les deux tiers des ouvrages stratégiques qui figurent sur la liste approuvée par le président ne sont pas protégés par les moyens aériens. Une partie de plusieurs dizaines d'ouvrages chimiques et de ceux qui représentent un danger de la radiation ne sont pas non plus protégés.

Gazeta

Les Japonais affirment que les restes inhumés à Saint-Pétersbourg ne sont pas ceux de la famille impériale

L'histoire de l'identification des restes de la famille impériale fusillée en 1918 par les bolcheviks à Ekaterinbourg a une suite sensationnelle. Les experts qui ont effectué une expertise génétique ont établi que les restes inhumés en 1998 à Saint-Pétersbourg ne sont pas ceux des membres de la famille Romanov, lit-on dans le quotidien "Gazeta".

Tatsuo Nagai, directeur de l'Institut de médecine et de science légales de l'Université japonaise Kitazato, a fait connaître les données de cette expertise aux hiérarques de l'Eglise Orthodoxe Russe. A la différence des experts qui avaient effectué l'expertise précédente, le groupe de Tatsuo Nagai avait à sa disposition un mouchoir de Nicolas II avec les traces de son sang et de sa sueur. Tatsuo Nagai avait publié en 1997 les résultats de l'analyse comparative de l'ADN de l'empereur, de son neveu Tikhon Nikolaievitch et des restes inhumés. On lit sur le site du Patriarcat de Moscou que cette expertise "dément la position occupée par la commission d'Etat qui avait reconnu officiellement en 1998 que les ossements découverts sous Ekaterinbourg étaient les restes des membres de la famille impériale".

"Il n'y a pas de témoignages convaincants sur l'endroit où se trouvent les restes authentiques", a dit Vsevolod Tchapline, vice-président du Département des relations extérieures ecclésiastiques du Patriarcat.

Les conclusions de l'Eglise ont été catégoriquement réfutées par Boris Nemtsov, président en 1998 de la commission d'Etat qui avait reconnu que les restes découverts sous Ekaterinbourg étaient ceux de la famille impériale. Selon Boris Nemtsov, la commission se fondait sur l'expertise effectuée en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Les concluions définitives avaient été tirées après l'expertise effectuée à l'aide des équipements onéreux qui se trouvent actuellement au 112e laboratoire du ministère de la Défense à Rostov-sur-le-Don. Ils sont utilisés pour identifier les victimes de la tragédie de Beslan. Cela avait permis aux scientifiques d'affirmer qu'il s'agissait des restes authentiques à 99, 999999999 %.

La plupart des descendants de la famille Romanov partagent l'avis de l'Eglise Orthodoxe Russe que les restes inhumés à Saint-Pétersbourg ne sont pas ceux de la famille impériale. Le prince Dmitri Romanov avait assisté à l'inhumation en 1998. Il avait déclaré alors: "Pour moi, l'essentiel n'est pas l'authenticité des restes, mais le sentiment qu'ils m'inspirent, le symbole du passé".

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