Revue de la presse russe du 25 novembre

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MOSCOU - RIA Novosti.

Nezavissimaia gazeta

L'Ukraine apporte un changement à l'ordre du jour du sommet Russie-UE

Pour la première fois dans l'histoire des rapports entre Moscou et les pays de l'Union européenne, la préparation du sommet est éclipsée par la lutte d'influence à "l'étranger proche".

Comme le souligne le quotidien "Nezavissimaia gazeta", la déclaration faite hier par le chancelier d'Allemagne, le plus proche partenaire de Vladimir Poutine en Europe, selon laquelle "les fraudes massives ont entaché le scrutin ukrainien", laisse Moscou dans l'isolement total sur un problème aussi important.

Mardi soir, George Bush, homologue américain du président russe, a invité la Commission centrale électorale ukrainienne à ne pas entériner les résultats de l'élection présidentielle. Le ministère français des Affaires étrangères a également émis des doutes sérieux quant à la la victoire du candidat pro-russe.

Le Kremlin, était-il prêt à ce scénario en annonçant la victoire de Viktor Ianoukovitch? Cela ressortira des réponses de Vladimir Poutine aux questions qui lui seront posées aujourd'hui à La Haye par les leaders de l'Union européenne et les journalistes. Le thème ukrainien pourrait bien occuper le devant de la scène. La position de Berlin et Paris ne permet pas d'espérer que Moscou trouvera la compréhension de la "vieille Europe". Aussi bien pour les principaux pays de l'UE, que pour ses nouveaux membres, il s'agit aujourd'hui d'assurer leurs propres intérêts à "l'étranger proche". Les observateurs estiment que Moscou ne réussira pas à diviser l'UE en membres "nouveaux" et "anciens", comme c'était le cas quand il s'agissait de Youkos et de la Tchétchénie.

En plus des "vieux" dossiers - l'affaire YOUKOS, la Tchétchénie et les particularités de la démocratie russe, - l'Ukraine rend l'ordre du jour du sommet très tendu. Le problème des rapports entre la Russie et l'OSCE qui s'est posé en raison de l'intervention superflue de cette organisation dans les questions concernant la démocratisation des régions que Moscou considère comme ses fiefs s'ajoute à ce contexte.

Le sommet actuel Russie-UE marquera probablement le début d'une nouvelle période de refroidissement pendant les six prochains mois. La tension à cause de l'Ukraine avec les deux partenaires principaux de la Russie - l'Union européenne et les Etats-Unis - affaiblira les positions de Moscou sur la scène politique internationale.

Vedomosti

Le Parquet général s'en prend aux managers étrangers de YOUKOS

Le directeur financier de YOUKOS Bruce Misamor, citoyen des Etats-Unis, a été convoqué mercredi pour un interrogatoire au Parquet général.

Il y a un an, les représentants de la direction de YOUKOS avaient expliqué que ce n'était pas un hasard si la compagnie avait de nombreux top-managers (environ 10), car les étrangers devaient être une sorte de bouclier contre les organes judiciaires qui n'oseraient pas se mêler d'un scandale international. Cependant, cet embargo bénévole a été enfreint mercredi, lit-on dans le quotidien "Vedomosti".

Selon en employé de YOUKOS, Bruce Misamor a été convoqué au parquet comme témoin dans le cadre du procès intenté en été dernier à la compagnie accusée d'avoir détourné en 2001 31 milliards de roubles (un dollar équivaut à 28,41 roubles) en employant des schémas "gris" (douteux). Selon une source, Bruce Misamor ne se trouvait pas hier en Russie: il était à Londres, à une réunion des dirigeants de la compagnie, mais il avait l'intention de revenir à Moscou mercredi-jeudi.

YOUKOS craint que cela ne soit qu'un début. A présent, les organes judiciaires s'en prendront à d'autres managers étrangers. De l'avis des juristes, dans cette situation, les citoyens étrangers (s'il ne s'agit pas des diplomates) ne jouissent pas de privilèges.

Cependant, comme on l'a appris aujourd'hui, le top-manager étranger de YOUKOS a quitté la Russie car il craignait pour sa sécurité. La décision de partir a été probablement prise à la réunion des dirigeants de la compagnie à Londres où Bruce Misamor a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de revenir en Russie tant qu'il ne serait pas certain que "rien ne menace sa liberté et sa sécurité".

"La combativité du conseil d'administration de YOUKOS a été sapée depuis longtemps", a dit Steven Dashewsky, analyste principal de la compagnie d'investissement "Aton". Il rappelle qu'Alexei Kourtsine, secrétaire administratif adjoint de la compagnie "YOUKOS-Moscou", a été arrêté la semaine dernière et que trois top-managers de la compagnie sont recherchés: le juriste principal Dmitri Gololobov, le premier vice-président Mikhail Trouchine et le vice-président de la compagnie Alexandre Temerko.

Kommersant

La Russie menace l'Abkhazie

Hier, Alexandre Tkatchev, gouverneur du territoire de Krasnodar faisant frontière commune avec l'Abkhazie (république autoproclamée sur le territoire de la Géorgie), a accusé le leader de l'opposition abkhaze Serguéi Bagapch d'avoir "divisé la société abkhaze en deux camps" et d'être soutenu par des "forces antirusses criminelles". Il menace de fermer la frontière et de suspendre le versement des retraites aux citoyens de Russie résidant en Abkhazie (20 000 environ) au cas où Bagapch serait proclamé président de l'Abkhazie.

Bagapch a répliqué au gouverneur en déclarant que si les menaces de Tkatchev étaient mises à exécution, Tbilissi aurait une chance réelle de rétablir son contrôle sur la république rebelle. Et d'ajouter qu'il considérait les propos du gouverneur comme son point de vue personnel et non pas comme la position officielle de la Russie, écrit le quotidien "Kommersant".

Cependant, un représentant anonyme du gouvernement russe a répété hier, presque mot pour mot, les menaces proférées par Tkatchev à l'adresse de l'Abkhazie. "La Russie sera obligée de suspendre son aide humanitaire à l'Abkhazie jusqu'à ce que la crise juridique provoquée par les élections présidentielles soit surmontée", a-t-il déclaré. Nous ne pouvons pas continuer à fournir un soutien financier et humanitaire à l'Abkhazie dans une situation où nous n'avons pas moyen de contrôler l'affectation donnée à cette aide. La situation politique en Abkhazie est instable et certaines personnes s'efforcent d'en profiter pour prendre le pouvoir par voie illégitime". Cela signifie que vraisemblablement le gouverneur du territoire de Krasnodar a tout simplement donné lecture de la position des autorités russes.

"Bagapch avance d'un pas assuré vers son investiture. Pour Raoul Khadjimba (concurrent de Bagapch à la présidentielle, soutenu par le Kremlin) le soutien de Moscou reste l'ultime argument", constate un expert du Centre des technologies politiques, Alexéi Makarkine. Un analyste de l'Institut des études stratégiques de Russie, Alexandre Skakov, se dit persuadé que "ce soutien (sous forme de menaces) déstabilise la situation sociale dans la République et ne peut que compliquer la situation, déjà nullement enviable, de Khadjimba. Cette prise de position de Moscou peut conduire l'Abkhazie à se tourner vers la Géorgie et l'Occident".

Finansovyé izvestia

Le groupe italien ENI a confirmé son intérêt dans l'acquisition des actifs de Ioukos

Jusqu'à hier le ministère italien de l'Industrie était le seul à ne pas avouer l'intérêt que le groupe ENI portait aux actifs de Ioukos. De surcroît, le gouvernement russe affirmait que le sort du groupe pétrolier russe n'était pas évoqué au cours des entretiens avec les collègues italiens. Et le directeur exécutif d'ENI, Vittorio Mincato, disait, en des termes évasifs, qu'il ne demandait pas mieux que d'investir dans une société russe à condition de se faire adjuger son bloc de contrôle, écrit le quotidien "Finansovyé izvestia".

Mercredi Mincato a enfin annoncé quelle société russe il s'apprêtait à acheter. Les dirigeants d'ENI ont reconnu qu'ils portent leur regard sur la principale unitéde production de Ioukos, Iouganskneftegaz, dont 77% des actions seront vendues par le gouvernement russe aux enchères le 19 décembre (la mise à prix est fixée à 8,6 milliards de dollars).

Cependant ENI n'a pas l'intention de prendre part aux enchères mais veut racheter les actions de Iouganskneftegaz à leur acquéreur. Les Italiens ont ainsi donné à comprendre qu'ils ne trouvent pas suffisantes les garanties de la qualité de sa future acquisition fournies par l'Etat. Entre le moment où la Russie se séparera de Iouganskneftegaz et celui où la société sera transférée entre les mains des pétroliers italiens, Iouganskneftegaz doit appartenir pendant un certain temps à un intermédiaire. Il est plus aisé d'imaginer Gazprom dans ce rôle.

Un autre acheteur éventuel des actifs de Ioukos est la China National Petroleum Corporation, rappelle le journal. D'après une information non confirmée, la CNPC aurait proposé 9 milliards pour Iouganskneftegaz aux autorités russes. Parmi d'autres éventuels prétendants capables de s'associer à cet effet avec Gazprom, on cite différents groupes étrangers dont E.ON et Shell.

Cependant, le marché des valeurs a réagi à cette demande croissante par une baisse des cotes. Mercredi l'action de Ioukos a glissé d'un tiers.

Novyé izvestia

14 ans de prison pour un physicien russe

Le Tribunal de Krasnoïarsk a condamné hier le physicien Valentin Danilov à 14 ans d'emprisonnement qu'il devra purger dans un établissement pénitentiaire à régime sévère. Le physicien avait plaidé non coupable, écrit le quotidien "Novyé izvestia".

Sur ces entrefaites, le député du parlement régional, Alexandre Chvedov, a interpellé le gouverneur du territoire de Krasnoïarsk, Alexandre Khloponine, au sujet de la légitimité de la composition du jury qui a prononcé la condamnation. Le député doute que le jury ait été formé au hasard. "Il n'est pas représentatif de l'ensemble de la population : presque la moitié des jurés occupent de hautesfonctions et ont accès au secret d'Etat, ce qui laisse supposer leur dépendance à l'égard du FSB", affirme le député. Le tribunal, à son avis, "a subi une forte pression de Moscou".

Le chef adjoint de la direction régionale du FSB, Serguéi Blinov, s'est félicité, quant à lui, du jugement prononcé et a déclaré que "l'accusation a réussi à prouver que la partie chinoise avait utilisé l'information transmise par Danilov pour résoudre des problèmes militaires".

Les défenseurs des droits et libertés ont déjà baptisé Danilov "le nouveau détenu politique russe". Ils ont indiqué notamment dans leur déclaration que l'information transmise par le physicien russe à la Chine "figure depuis longtemps dans les manuels universitaires" et que des agents du FBS ont été introduits dans le jury pour obtenir le "verdict" voulu.

En 1999 le directeur du Centre de physique thermique de l'Université de Krasnoïarsk, Valentin Danilov, avait conclu avec une société d'import-export chinoise un contrat sur la création d'un banc d'essais servant à étudier les processus de liquidation des satellites dans l'espace et sur l'élaboration d'un logiciel approprié. Le physicien affirme que le sceau du secret sur les résultats de ces recherches a expiré en 1992. Mais en mai 2000 le FSB l'a accusé d'espionnage au profit de la Chine. En février 2001 il a été arrêté et puis relâché en septembre 2002 contre engagement écrit de ne pas quitter son lieu de résidence. Le 30 décembre 2003 la cour d'assises l'a acquitté. En juin 2004 la Cour suprême de la Fédération de Russie a annulé le verdict et ordonné le réexamen de l'affaire. Le 5 novembre, le jury, à l'unanimité, a reconnu le physicien coupable.

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