Fait curieux, cette tendance est observée six semaines d'affilée déjà. Depuis, les réserves russes ont augmenté de 7 milliards de dollars. Leur montant global place la Russie au quatrième rang mondial et le pays dépasse, pour cet indice, des poids lourds de l'économie mondiale tels que les Etats-Unis, l'Allemagne et la France. Elle n'est devancée, mais de loin, que par le Japon, la Chine et Singapour. A examiner de plus près le phénomène de cette brusque montée des réserves de change russes, on apprendra que les stocks d'or n'ont pas bougé et sont toujours estimés à 3 754 millions de dollars. Autrement dit, cette gigantesque augmentation de richesse provient uniquement de l'achat spectaculaire de devise américaine sur le marché intérieur, mené par la Banque de Russie.
Et c'est aussi le résultat de la politique monétaire que les autorités ont appliquée ces dernières années. Aux termes de la loi sur la réglementation monétaire, la Banque de Russie a le droit, après concertation avec le gouvernement, de décréter la soi-disant réservation des fonds, appelée à limiter les mouvements de capitaux. Et tout cela pour éviter des oscillations brusques dans le cours de la monnaie nationale et maintenir une balance des paiements stable.
La Banque de Russie s'en est fermement tenue à cet objectif, cherchant à empêcher le rouble de se raffermir plus qu'il ne faut, "épongeant" sur le marché les "dollars de trop" et augmentant régulièrement, grâce à cela, ses réserves.
Le vice-président de la Banque de Russie, Alexeï Oulioukaev, dit que les réserves de change doivent franchir la barre des 100 milliards de dollars avant la fin de l'année. Pourtant, à en juger par la dynamique de ces dernières semaines, ces plans seront de toute évidence réalisés bien avant cette échéance.
La cause en est la montée spectaculaire des cours du brut sur les marchés mondiaux. L'industrie du pétrole russe, profitant de cette "manne", a notablement augmenté ses exportations depuis un mois. Respectivement, les rentrées en devises sur le marché financier russe dépassent substantiellement les prévisions. Des experts estiment que le relèvement du prix du baril de 1 dollar seulement donne au pays des centaines de millions de dollars à la fois. Et lorsque le prix dépasse les 40 dollars le baril, le pays commence à souffrir d' un "trop-plein". La Banque de Russie n'a alors qu'à "éponger les surplus" et à "permettre" à ses réserves de change de s'accroître.
