Le porte-parole du gouvernement égyptien Magdi Radi a déclaré, dans une interview à Associated Press, que les attaques terroristes de la péninsule du Sinaï "étaient étroitement liés aux événements en cours à Gaza". Il estime que les organisations radicales égyptiennes qui ont revendiqué les explosions s'étaient vengées de l'opération militaire lancée par Israel dans la bande de Gaza au cours de laquelle sont morts des Palestiniens. Rappelons que près de 80 Palestiniens - terroristes et civils - ont été tués dans la bande de Gaza cette semaine. Certes, les autorités égyptiennes condamnent les attentats et expriment leurs condoléances aux familles des touristes étrangers, y compris des Israéliens, tués dans les attentats, mais, au fond, de nombreux Égyptiens comprennent les motifs des terroristes.
Lorsqu'il s'agit de la mort des Israéliens, l'opinion publique arabe est convaincue de la justesse du châtiment. Mais les attentats visant les Israéliens ont le même caractère et les mêmes sources que les attentats commis contre les Saoudiens, les Marocains, les Égyptiens, les Américains, les Irakiens ou les Russes. Il ne faut pas chercher à expliquer les motifs des terroristes.
Les explosions du Sinaï ne diffèrent en rien du massacre de 62 touristes étrangers à Louksor en 1997. L'assassinat des touristes a été revendiqué par Al-jamaa al-islamiya tout comme les attentats de ce vendredi. Il n'y a pas eu d'Israéliens parmi les victimes de l'attentat de 1997. Le groupe terroriste souhaitait porter atteinte au prestige du gouvernement égyptien qui s'efforce de combattre les groupes islamistes depuis plusieurs décennies.
Le massacre de Louksor a été organisé un an et demi après le premier sommet antiterroriste, qui s'était tenu en mars 1996 à Sharm el Sheikh. A présent, l'Égypte propose de convoquer une nouvelle conférence internationale consacrée à la lutte antiterroriste. Mais cette deuxième conférence, donnera-t-elle des résultats à part les nouveaux appels des politiciens à conjuguer les efforts?
La vision russe du problème du terrorisme a considérablement changé.
Un membre du conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, Alexeï Malachenko, a noté, dans un ouvrage, que la Russie avait pris l'habitude de considérer le terrorisme proche-oriental comme une partie intégrante du processus politique et de la confrontation armée de la région". Moscou n'a pas prêté beaucoup d'attention à la vague de violence qu'a connue l'Algérie après que l'armée eut empêché de force aux islamistes de remporter les élections, ni au renforcement des islamistes dans l'élite politique turque. Les attentats en Israël occupaient une place à part. "Cette attitude traditionnelle n'a pas changé même après les incursions de Chamil Bassaïev à Boudionnovsk en 1995 et de Salman Radouïev à Kizliar en 1996. Oussama ben Laden a fait changer d'opinion Moscou à propos de la région".
"Pour la première fois, beaucoup de Russes s'identifient plutôt aux Israéliens qu'aux Arabes depuis le début de la deuxième Intifada palestinienne et l'échec du processus de paix arabo-israélien en 2000", selon M.Malachenko. Provoquée par l'incursion des terroristes au Daghestan en août 1999, la deuxième campagne militaire au Caucase du Nord a donné le même résultat. En compatissant aujourd'hui avec les Israéliens, peu nombreux sont les Russes qui réfléchissent sur le bien-fondé des revendications des Palestiniens, sur leurs souffrances et le nombre de Palestiniens tués pendant les opérations militaires d'Israël.
