L'Iran se voit accorder encore une chance de clore son "dossier nucléaire"

S'abonner
MOSCOU. /par Piotr Gontcharov, RIA Novosti/. Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique accorde à l'Iran une nouvelle chance de clore son "dossier nucléaire", de dissiper les doutes de la communauté mondiale sur son programme nucléaire. Reste à savoir si c'est la dernière chance, comme le veulent les Etats-Unis.

Le projet de résolution a été établi par la "grande troïka européenne" (Grande-Bretagne, Allemagne, France) sous une forte pression des Etats-Unis. Le document exige, sous forme d'ultimatum, de l'Iran la cessation totale des travaux d'enrichissement d'uranium, un accès illimité à tous ses sites pour les inspecteurs de l'AIEA et la communication, avant le 31 octobre, de "réponses globales et absolument transparentes sur toutes les questions intéressant l'AIEA". Bien que le projet de résolution ne soit pas inclus dans ce que l'on appelle le "mécanisme de renvoi", disposition sur la transmission automatique du "dossier iranien" au Conseil de sécurité de l'ONU, il donne clairement à comprendre à l'Iran que la communauté internationale adoptera sa "décision définitive" sur son programme nucléaire au mois de novembre (le 29 novembre le Conseil des gouverneurs de l'AIEA tiendra une réunion ordinaire).

L'expression "décision définitive" doit être interprétée ou bien comme le classement du "dossier nucléaire" faute de preuves sur la présence de composantes militaires dans le programme nucléaire de l'Iran ou bien comme sa transmission au Conseil de sécurité de l'ONU, au cas où l'Iran ne remplirait pas les conditions qui lui sont imposées, et faute d'autres moyens d'influer sur Téhéran. L'Iran risque alors des sanctions et un isolement international ce que recherchent depuis longtemps et avec opiniâtreté les Etats-Unis.

Les Etats-Unis réussiront-ils cette fois à acculer l'Iran au mur ? La veille le représentant iranien à l'AIEA, Hossein Musavian, a déclaré que l'Iran ne prendrait pas d'engagements supplémentaires limitant la production de pièces pour centrifugeuses servant à l'enrichissement d'uranium. "Nous n'avons pas l'intention de marchander la suspension illimitée des travaux d'enrichissement d'uranium et n'accepterons pas cela", a-t-il déclaré.

Les trente cinq membres du Conseil ne sont pas tous - et de loin - d'accord avec ce projet de résolution. Au cours même des auditions préalables les représentants de l'Italie, de l'Espagne et des Pays-Bas l'avaient critiqué, ce qui avait déconcerté la "troïka européenne", car le projet était soumis à l'ONU au nom de toute l'Union européenne.

Le désaccord avec le projet a été annoncé aussi par le "Mouvement du non-alignement". Ce groupe de pays qui contrôle plus du tiers des sièges au Conseil a soutenu sans réserve le droit de l'Iran de développer les technologies nucléaires civiles, droit que lui refusent, à son avis, certaines dispositions du projet de résolution.

La Russie et la Chine occupent une position encore plus catégorique. Les représentants des délégations russe et chinoise ont prévenu à titre privé les gouverneurs de l'AIEA que ni Moscou ni Pékin ne soutiendraient l'idée de la transmission du "dossier nucléaire" iranien au Conseil de sécurité et qu'ils avaient l'intention d'user de leur droit de veto en cas de menace réelle de prise de sanctions contre Téhéran.

D'une façon générale, Moscou semble ne pas avoir l'intention de changer sa position à l'égard du problème iranien et préconise la poursuite du travail de l'AIEA avec l'Iran jusqu'à que toute la clarté soit faite sur cette question. Le directeur de l'Agence russe de l'énergie atomique, Alexandre Roumiantsev, estime qu'il n'y a pas de danger que l'Iran élabore son programme nucléaire à des fins militaires. A ses dires, le fait d'enrichissement d'uranium en Iran n'a pas été constaté, il n'y a qu'une analyse des prélèvements faits sur les centrifugeuses. Enfin, au cours de la rencontre du groupe de travail du G8 qui s'est tenue à Genève au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères à la veille de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Serguéi Kisliak a estimé qu'actuellement grâce à l'activité de l'Agence on voit plus clairement la voie de développement suivi par le programme nucléaire iranien. "L'Iran a plus d'une fois déclaré que tous ses programmes dans ce domaine étaient pacifiques. J'espère qu'au cours de la coopération avec l'AIEA, avec tous les membres de l'Agence, tous ces problèmes seront résolus complètement", a-t-il dit en annonçant ainsi la position du ministère russe des Affaires étrangères.

Le directeur général de l'AIEA, Mohamed El Baradei, a déclaré aux journalistes à la veille de la pause technique que, "toutes les parties concernées faisant preuve de bonne volonté", le problème des programmes nucléaires iraniens pourrait être levé de l'ordre du jour avant la fin de l'année. Il a ajouté cependant qu'il ne pouvait pas dire la date à laquelle la commission pourrait prendre une décision concrète sur le dossier iranien. "Nous ne pouvons pas annoncer cette date magique. Il n'y a pas de date artificielle qui me permettrait par exemple de dire que tout sera réglé en novembre", a-t-il déclaré.

Si un point final n'est pas mis au dossier nucléaire en novembre, les auteurs du projet de résolution devront patienter avec la "décision définitive" car la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA aura lieu en 2005.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала