La "troïka" s'est réunie sur fond de lutte contre le terrorisme

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MOSCOU. (Marianna Belenkaïa, Dimitri Kossyrev, commentateurs politiques de RIA-Novosti). Le Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, le chancelier allemand, Gerhard Schröder, et le Président français, Jacques Chirac, se sont rencontrés, ce mardi, à Sotchi. Le moins que l'on puisse dire à ce sujet est que cette "troïka" qui était née en février 2003 quand la France, l'Allemagne et la Russie avaient adopté une déclaration conjointe sur l'Irak a même tenu après les événements qui s'étaient trouvés à son origine. Qui plus est, la "troïka" a tenu ferme, tout en trouvant, en outre, bien des sujets communs réclamant une sérieuse conversation.

Quoi qu'il en soit, pour cette fois-ci, à Sotchi, la réunion de la "troïka" ne s'est pas du tout limitée au minimum. La conférence de presse à l'issue de la rencontre de trois leaders est devenue elle-même un événement de marque bien que beaucoup de tout ce qui avait été dit au cours des entretiens confidentiels de trois Européens soit resté, évidemment, en marge de cette manifestation publique.

Ainsi, les mentions par Vladimir Poutine du Protocole de Kyoto peuvent déjà devenir le début d'un important événement informationnel. C'est que Jacques Chirac et Gerhard Schröder essaient depuis longtemps et avec énormément d'énergie de persuader la Russie d'adhérer, enfin, à ce Protocole, que beaucoup contestent d'ailleurs, sur les rejets des gaz à effet de serre. Les propos que le Président russe à tenus à cette conférence de presse sur cette question précise pourraient bien être interprétés comme une sorte d'information sur une éventuelle transaction qui pourrait se résumer, en gros, par la levée des préoccupations russes concernant ses rapports commerciaux avec l'Union européenne (UE) et la position de l'UE relativement à l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) en échange de la ratification par Moscou du Protocole de Kyoto. Quoi qu'il en soit, tout porte à croire que ce sujet réapparaîtrait encore plus d'une fois par la suite.

Il a aussi été très intéressant de comparer les positions des trois participants à la rencontre de Sotchi sur la Tchétchénie. Ainsi, Gerhard Schröder a pratiquement évité de répondre à la question s'il appréciait le déroulement des récentes présidentielles en Tchétchénie. Néanmoins, sa réponse renfermait l'idée très importante en soi que les élections en Tchétchénie n'étaient certes pas une raison pour empêcher la rencontre de la "troïka". Pour ce qui est de Jacques Chirac, il a déclaré haut et fort n'avoir aucune raison de contester les résultats des élections en Tchétchénie, tout en faisant en quelque sorte écho à Vladimir Poutine, en insistant sur la nécessité "des contacts, des négociations et des compromis" avec divers groupes de la société tchétchène. Désormais, après les présidentielles et les futures parlementaires en Tchétchénie, on pourrait sans doute s'attendre effectivement à des progrès quelconques dans cette direction.

Somme toute, il serait aussi intéressant de savoir pourquoi les élections en Tchétchénie plaisent aux observateurs de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) qui veillaient au déroulement du scrutin sur place et ne plaisent pas du tout à la Commission européenne qui n'a pas même du tout été représentée à Grozny. De toute évidence, ce sujet serait encore abordé à maintes reprises à l'avenir, y compris la question d'où et comment avait été mise en circulation une version selon laquelle les élections en Tchétchénie n'auraient pas été correctes.

En général, chaque parcelle d'information à cette conférence de presse à Sotchi inévitablement prenait l'allure d'une montagne, dès que l'on se mettait à l'analyser de près, que ce soit les livraisons de pétrole russe en Europe unie ou leur coopération technologique. Or, ce n'est, en fait, qu'une partie d'une conversation qui se poursuit depuis longtemps.

On apprendrait sans doute plus tard comment s'est déroulée la discussion (si, évidemment, il y en a eu en général) sur la question très importante, tant pour l'Europe de l'Ouest que pour la Russie, sur l'attitude adoptée par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les autres structures européennes face aux conflits et problèmes en Géorgie et Moldavie. En effet, la question du droit moral et de la possibilité même pour l'Union européenne de participer à des opérations de maintien de la paix en dehors de son propre territoire n'est pas du tout à négliger. Car si la "nouvelle Europe" n'est pas capable de parvenir dans cette question à la compréhension mutuelle et à la réussite tout près de ses propres frontières, que peut-elle attendre de ses relations avec d'autres régions, beaucoup plus éloignées et plus compliquées, régions dont les habitants sont prêts à prendre en otages des Français et à les exécuter même parce que les filles musulmanes ne pourront plus porter le voile islamique à l'école en France?

Toujours est-il que tous ces thèmes et bien d'autres seront encore plus d'une fois évoqués par les leaders des trois plus grands Etats de l'Europe. Mais pour cette fois, l'idée maîtresse du Sommet à Sotchi qui s'est déroulé sur fond des attentats terroristes en Russie et de la prise en otages des Français en Irak, c'est, si l'on cite Vladimir Poutine, une telle coopération dans le cadre de la "troïka" qui permette d'éviter de nouvelles situations de crise dans le monde.

La problématique régionale a constitué l'un des thèmes essentiels des négociations, que ce soit l'Irak, le Proche-Orient, l'Iran ou l'Afghanistan. Et pour être plus précis, disons - des conflits régionaux en tant que source du terrorisme international et d'instabilité dans le monde.

La rencontre de Sotchi a eu lieu au plus fort des activités des trois pays au Proche-Orient. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères de France, Michel Barnier, est en train de mener dans la région des négociations en vue d'obtenir la libération des otages français en Irak. En même temps, son homologue allemand, Joschka Fischer, effectue, à l'heure actuelle, un déplacement planifié à travers les pays du Proche-Orient. Dans le courant même de cette semaine, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, va se rendre en Egypte, au Liban, en Syrie et en Israël. A part cela, dans les jours qui viennent, on attend, en France, la visite du Président de l'Irak, Ghazi al-Ujayl al-Yawr, alors qu'en Russie - celle du roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que la visite du Premier ministre de l'Autorité palestinienne - Ahmad Qorei. Pour sa part, le Président Vladimir Poutine envisage de se rendre en visite en Turquie où il sera aussi question des problèmes régionaux et de la lutte contre le terrorisme.

Il est sans doute difficile de dire dès à présent quel sera le bilan de ces nombreuses négociations et si celles-ci permettraient de rapprocher, du moins, d'un pas le règlement des conflits régionaux. Tout indique qu'il s'agit d'élaborer un mécanisme unique pour pouvoir comprendre les événements en cours. En d'autres termes, il faut définir qui sont des terroristes et qui sont des occupants, quel pourrait être un règlement équitable et effectivement réalisable de tel ou tel conflit et où sont les limites de l'emploi de la force. Et ce indépendamment du fait qu'il s'agit de l'Irak, de la Palestine, d'Israël, de l'Afghanistan, de la Russie, de l'Inde et du Pakistan, des Etats-Unis ou de l'Europe. Si dans chaque cas, une politique des deux poids, deux mesures est appliquée, tout pays restera tout simplement sans protection face à la menace du terrorisme international. Et c'est justement ce mécanisme que cherchent à trouver, en se rencontrant, Vladimir Poutine, Gerhard Schröder et Jacques Chirac, notamment à Sotchi. Ce même travail se poursuit aussi au cours de leurs négociations avec d'autres hommes politiques, que ce soit en Europe, en Amérique ou en Asie.

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