Congrès des républicains vu de l'extérieur

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MOSCOU (par Dmitri Kossyrev, commentateur politique de RIA-Novosti). De même que la convention démocrate qui a eu lieu il y a un mois à Boston, le congrès électoral des républicains sera, paraît-il, une véritable conférence théâtralisée sur la guerre, la sécurité, la politique étrangère et, en général, sur les rapports des Etats-Unis avec le monde extérieur. Ce monde suit de plus en plus attentivement la campagne présidentielle aux Etats-Unis, car elle met en vedette moins les problèmes américains intérieurs que les dossiers internationaux.

La défense antimissile, la réforme des services de renseignements, le redéploiement global des troupes et le cours de l'opération en Irak: à en croire les informations qui ont transpiré, les républicains discuteront de ces problèmes d'abord à leur congrès, ensuite au cours de l'élection. Par conséquent, le monde extérieur que tous ces problèmes concernent directement ne participe pas seulement à ces débats par correspondance, mais il a aussi un avantage sur le parti au pouvoir aux Etats-Unis: ceux qui se trouvent en dehors de ce pays voient bien ce que l'Amérique devrait faire en ce moment, dans ses propres intérêts.

En effet, théoriquement (plus précisément, du point de vue administratif), la fin du premier mandat présidentiel est le moment idéal pour la correction des erreurs, pour que le deuxième mandat soit un modèle de politique correcte.

D'ailleurs, il y a des choses absolument évidentes, pour ne pas dire inévitables, qu'il vaut mieux réaliser le plus tôt possible. Par exemple, le retrait des troupes américaines d'Irak. Vers l'élection présidentielle qui aura lieu en novembre, le nombre de soldats et d'officiers américains morts dépasserait 1000 hommes. Sans oublier qu'une seule opération d'un groupe armé qui agit en Irak peut apporter des correctifs aussi bien dans le nombre total de victimes que dans les notions des cadences d'accroissement des pertes essuyées. Mais l'essentiel est ailleurs: tant que les pays de la coalition qui a déclenché la guerre ne quitteront pas l'Irak, d'autres pays ne pourront pas assurer la sécurité de la reconstruction de l'Irak d'après-guerre. L'expérience prouve qu'ils seront considérés par la résistance irakienne comme des complices des occupants actuels et la chasse aux otages se poursuivra. En fin de compte, cela lèse les intérêts des Etats-Unis, y compris économiques. Sans parler du fait que la manifestation ultérieure de l'impuissance américaine, malgré la puissance militaire, ne favorise pas la politique appliquée par les Etats-Unis dans tous les autres domaines.

Il est également évident que l'Amérique a besoin d'appliquer une nouvelle politique non seulement au Proche-Orient mais aussi dans le monde musulman. Sa version musclée (en Irak) n'a rien donné et a torpillé l'initiative de l'administration Bush prise en hiver dernier et concernant le "Grand Proche-Orient". Les Arabes l'ont rejetée non seulement parce que personne ne veut former l'opposition chez soi pour l'argent étranger, mais aussi parce que ce projet a été conçu à Washington. Cependant, l'idée que le monde musulman a besoin d'un partenariat sincère, de l'aide et d'un dialogue bienveillant des Etats d'autres civilisations n'est pas si mauvaise, bien plus, est elle absolument nécessaire.

Enfin, il est évident que l'Amérique aura besoin d'alliés, avant tout parmi les Etats qui n'ont pas soutenu la guerre contre l'Irak, pour se retirer de ce pays et élaborer une nouvelle politique "musulmane". La nouvelle attitude envers les alliés permettra adoucir les rapports avec les partenaires qui se sont aggravés à cause des actions unilatérales des Etats-Unis.

La nouvelle attitude envers les partenaires aiderait probablement l'Amérique à guérir la maladie principale de sa politique extérieure dont elle est atteinte depuis près d'un siècle: la conviction profonde de chaque Américain que les Etats-Unis ont le droit et l'obligation de transformer le monde entier selon le modèle américain. Cette maladie héréditaire de la culture américaine a privé plus d'une fois le pays des conquêtes obtenues notamment par le sang de ses soldats et a trouvé des ennemis là où l'Amérique aurait pu se faire des amis. Ce problème aurait pu être éliminé en créant une sorte de "globalisme nouveau", tolérant, civilisé et acceptable pour toutes les civilisations du monde. Il faut non seulement le partenariat euratlantique rétabli d'après le principe "l'Occident contre tous les autres", mais l'alliance avec les nouveaux puissances du siècle nouveau - l'Inde, la Chine, le Brésil, la Russie - avec leurs valeurs accumulées au cours des siècles et leur sagesse.

Il est à remarquer que, dans sa campagne, le parti démocrate n'a pas cherché à expliquer à ses électeurs que le monde extérieur voudrait la défaite des républicains. D'ailleurs, ils ont raison, car les républicains qui ont acquis leur expérience, bonne et mauvaise, au cours de ces 4 dernières années peuvent être aussi de bons partenaires, comme les démocrates. Les alliés et les partenaires aideraient l'Amérique, aussi bien les républicains que les démocrates, à régler de nombreux problèmes. En fait, à la veille de la guerre en Irak et d'autres événements de l'époque, on pouvait dire que la bonne volonté à l'égard des Etats-Unis était immense dans le monde comme jamais. Même aujourd'hui, aucune puissance n'est hostile à l'Amérique. Il serait dommage de ne pas profiter de cette situation exceptionnelle.

Mais le prochain congrès des républicains qui, de même que la précédente convention démocrate, ne mentionnera pas les intérêts du monde extérieur, sera subordonnée à une autre logique, celle du simple électeur américain. Comme on le sait, ce congrès doit moins manifester la capacité de corriger les erreurs commises que de montrer que le parti au pouvoir avait raison sinon en tout, du moins sur l'essentiel. Bref, si les changements nécessaires surviennent aux Etats-Unis, ils auront lieu non pas grâce à l'élection, mais plutôt en dépit de celle-ci. Bien entendu, notre monde change et la démocratie américaine changera aussi un jour. Il se peut que l'expérience du premier mandat présidentiel de George Bush devienne une contribution au trésor d'intelligence qui stimulera ces changements.

Le point de vue de l'auteur ne concorde pas toujours avec celui de la rédaction.

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