Devant la menace du bioterrorisme

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Les Américains ont des raisons d'être inquiets, car ils n'ont pas oublié l'envoi par la poste en septembre-octobre 2001 de spores d'anthrax sur le territoire des Etats-Unis.

par Oleg Netchiporenko, directeur général du Fonds national anticriminel et antiterroriste

Selon l'Unité américaine spéciale, encerclement par les policiers et les sapeurs-pompiers de la rue où se trouve l'état-major électoral de John Kerry, candidat à la présidence américaine, cette alarme a été provoquée par une enveloppe contenant une poudre inconnue envoyée par la poste.

Les Américains ont des raisons d'être inquiets, car ils n'ont pas oublié l'envoi par la poste en septembre-octobre 2001 de spores d'anthrax sur le territoire des Etats-Unis. L'analyse urgente de la poudre a montré que la lettre envoyée à l'état-major de John Kerry s'est avérée une mauvaise plaisanterie: il s'agissait d'ail séché. Le service de Washington du Bureau fédéral d'investigation a confirmé que le contenu de l'enveloppe était inoffensif, mais il a été tout de même ouvert une enquête sur cet incident.

Cette mesure est bien fondée, car l'emploi par les terroristes d'armes biologiques est devenue un danger réel. Le Service russe de renseignement extérieur (SVR) en a prévenu officiellement l'opinion mondiale il y a dix ans dans son analyse "Un nouveau défi après la "guerre froide": la prolifération des armes de destruction massive". Il ne fait pas de doute que le rapport du SVR a été minutieusement étudié par les services secrets étrangers, mais ils n'ont pas prêté attention à la possibilité du "terrorisme agricole" qui ne peut pas être exclu en temps de paix dans le cadre de la "guerre économique". On s'en est souvenu huit ans après en parlant de la "vache folle", de l'épidémie de la fièvre aphteuse en Europe occidentale (pour l'essentiel, en Grande-Bretagne) attribuées d'abord aux causes naturelles ou à la négligence manifestée par les fermiers hollandais ou belges, mais derrière lesquelles pouvaient se trouver en réalité, des bioterroristes.

De l'avis de Viktor Zouiev, vice-président de l'Académie des sciences naturelles de Russie, membre de l'Académie des sciences de New York, l'arsenal potentiel des armes biologiques comporte 13 virus, 7 bactéries, 3 types de rickettsies provoquant le typhus exanthématique et d'autres affections infectieuses dangereuses et 12 toxines microbiennes. Les agents biologiques provoquant la peste, la tularémie, l'anthrax, la brucellose, l'encéphalite de l'Est, le choléra, la fièvre jaune et les toxines du botulisme sont les plus dangereux.

Le ministère russe de la Défense a hérité du ministère soviétique de trois centres qui possèdent des séries, uniques en leur genre, de micro-organismes: les agents potentiels des armes biologiques. Des vaccins et des préparations médicales sont créés pour lutter contre ces agents. C'est une série standardisée sur un registre spécial. Les micro-organismes qu'elle comporte sont employés pour vérifier l'efficacité des moyens de protection créés.

Un vaste programme fédéral a été élaboré en Russie en raison de la probabilité croissante de l'emploi d'armes biologiques par les terroristes. Ce programme a le nom suivant: "Création de méthodes et de moyens de protection de la population et de l'environnement contre les agents pathogènes dangereux et particulièrement dangereux dans les situations d'urgence d'origine naturelle et technologique pour la période allant de 1999 à 2005". Une commission pour la sécurité biologique fonctionne dans le cadre du conseil consultatif des experts pour les problèmes de sécurité nationale auprès du président de la Douma (chambre basse du parlement russe). Des mesures supplémentaires ont été prises pour accroître la capacité d'action des groupes opérationnels faisant partie des établissements du système antipesteux du ministère de la Santé et des services sanitaires et épidémiologiques du ministère de la Défense.

Le Comité de sécurité de la Douma a tenu une réunion extra muros à Pouchtchino, ville des environs de Moscou, où se trouvent des instituts de recherche, des laboratoires et un bureau d'études biotechnologiques. Les parlementaires, les scientifiques et les représentants des services secrets ont examiné les problèmes de la lutte contre les manifestations possibles du bioterrorisme sur le territoire de la Fédération de Russie. Des forums internationaux ont eu lieu deux fois à Moscou à l'initiative des organes judiciaires de la Fédération de Russie en vue d'analyser les nouveaux défis du terrorisme contemporain et d'échanger l'expérience en matière de prévention et de lutte. Les représentants des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de la RFA, de la France, d'Israël, de la Belgique et de nombreux autres Etats du monde ont participé à ces rencontres.

Mais il est de plus en plus évident que les efforts déployés par les services secrets ne suffisent pas. A la lumière des nouveaux défis du terrorisme international, personne ne peut être un observateur indifférent dans la lutte contre ces menaces.

 

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