Ainsi que l'indique lundi le quotidien britannique The Times, une des filiales de Slavneft, à savoir Megionneftegaz, vendait du pétrole à des prix de dumping de 7,67 dollars le baril (deux fois moins que d'habitude) à d'autres compagnies au sein de Slavneft, implantées en Russie, en Belgique et dans les îles Vierges Britanniques.
En agissant ainsi, Slavneft aurait enregistré des recettes supplémentaires, mais bien des actionnaires minoritaires n'ont rien gagné.
L'action en justice contre Slavneft et ses filiales à Moscou, en Kalmoukie, au Tchoukotka, à Anvers et dans les îles Vierges Britanniques a été intentée par la compagnie suédoise Vostok Nafta, qui collabore avec les pays de l'ancienne URSS et possède 1% des actions de Megionneftegaz. Le montant total de l'affaire s'élève à 950 millions de dollars.
Le patron de Vostok Nafta, Alex Williams, a confié au Times que les spécialistes de sa compagnie avaient vainement essayé de découvrir les documents comptables de Slavneft Trading, une des sociétés acheteurs de pétrole "bon marché" au Tchoukotka.
Les autorités ont répondu qu'il n'existait tout simplement pas de compte de cette compagnie, tandis qu'elle enregistre des centaines de millions de dollars de recettes. Vostok Nafta a envoyé des lettes à cinq mille actionnaires minoritaires de Slavneft pour leur faire part des violations des principes de gestion corporative.
Alex Williams a fait ressortir également des violations de la part de British Petroleum, copropriétaire de Slavneft. "Nous sentons que British Petroleum est effectivement allé à l'encontre de son code de bonne conduite", a-t-il dit.
The Times a intitulé l'article consacré à ce sujet "La compagnie pétrolière du propriétaire de Chelsea trompait les caisses de retraite britanniques", car parmi les actionnaires de Vostok Nafta, on trouve les caisses de retraite de deux grandes compagnies de télécommunications de Grande-Bretagne, British Telecom et Royal Mail.
Evgueni Tenenbaum, directeur financier du club de Chelsea et de la compagnie Millhouse Capital, appartenant à Roman Abramovitch, a estimé dans une interview au Times qu'il s'agissait plutôt d'une pression exercée sur Abramovitch que sur BP.
Le responsable est de l'avis que cette action vise à créer une image négative d'Abramovitch et de BP aux yeux du tribunal et de la presse occidentale. Il a assuré que Sibneft était prête à résoudre ce litige au tribunal. Evgueni Tenenbaum s'est dit persuadé que les aspects juridiques et économiques du problème font le jeu de Slavneft.
Cependant, les dirigeants de British Petroleum ont laissé entendre que la gestion de Slavneft s'effectuait séparément de celle de la compagnie TNK-BP. Ils font ressortir la nécessité de respecter les droits des actionnaires minoritaires.
Le gouvernement russe en la personne du Service fédéral pour les marchés financiers a rejeté les plaintes déposées par la compagnie Vostok Nafta concernant la violation des règles de gestion corporative par Megionneftegaz, n'ayant pas trouvé d'infractions à la loi, conclut The Times.