La situation autour de l'Ossétie du Sud: la "guerre des nerfs"

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MOSCOU, 22 juillet. (par Arséniï Palievski, commentateur de RIA Novosti).

Les événements des derniers jours montrent que la situation autour du conflit osséto-géorgien continue de se détériorer. La récente déclaration du président géorgien Mikhail Saakachvili selon laquelle la Géorgie n'enlèverait pas ses postes de contrôle et ne retirerait pas les unités des force de son ministère de l'Intérieur de la zone du conflit vont ouvertement à l'encontre des ententes intervenues le 15 juin à Moscou à la réunion de la Commission mixte de contrôle (CMC) du règlement du conflit entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud. Ce qui signifie que Tbilissi est loin de s'apprêter à renoncer à sa politique de pression musclée sur la république autoproclamée d'Ossétie du Sud.

Par ailleurs, le retrait de la Géorgie des accords conclus antérieurement - Mikhail Saakachvili a déclaré publiquement son intention de dénoncer ces accords - signifiera que le processus de règlement pacifique du conflit se retrouvera de facto dans l'impasse, "dans la mesure où - comme le dit le commentaire officiel du ministère des Affaires étrangères de Russie - ce sont précisément ces accords qui permettent de maintenir la situation en dehors du cadre du conflit, d'autant plus qu'ils prévoient des mécanismes de résolution de toutes les questions litigieuses possibles. En particulier, il y est question du mécanisme que constitue la Commission mixte de contrôle.

Moscou met en garde contre le fait que "la dénonciation des accords peut entraîner la réactivation du conflit".

La réaction de l'Ossétie du Sud à la possibilité déclarée de dénonciation de l'accord de Dagomys est sans équivoque. Pour le ministère des Affaires étrangères d'Ossétie du Sud, cela "signifie le retour à la guerre, qui avait pu être arrêtée en 1992 grâce justement à cet Accord".

Comme l'a déclaré dans une interview exclusive accordée au commentateur de RIA Novosti le directeur de l'Institut d'évaluations et d'analyses stratégiques, le rédacteur en chef du journal "Bulletin de l'analyste" - Vaguif Gousseinov, "les derniers propos extrémistes et provocateurs de Saakachvili à l'encontre de la Russie, ses menaces de dénoncer les accords sur l'Ossétie du Sud et d'exiger le retrait des soldats de la paix russes poursuivent le but de canaliser le mécontentement intérieur contre la Russie. Il ne s'arrête d'ailleurs pas à la menace d'emploi de la force militaire. Mais il faut bien comprendre que l'Ossétie du Sud n'est pas l'Adjarie, ici il faut prendre en compte le facteur Ossétie du Nord (république faisant partie de la Russie - A.P.). C'est pourquoi, en Ossétie du Sud, il ne saurait exister d'autre voie que celle du règlement politique", a conclu Vaguif Gousseinov.

Dans ce contexte alarmant, les paroles de l'expert du Centre Carnegie de Moscou, Alexéi Malachenko, ont des sonorités rassurantes. Dans une interview à RIA Novosti, il a supposé que "malgré les désagréments liés au comportement de la Géorgie envers les Ossètes, et des Ossètes à l'égard des Géorgiens, la décrispation finira bien par se produire, et la guerre dont on agite l'épouvantail n'aura pas lieu". L'expert estime que "les parties ont en fait peur de ce conflit, tout en jouant sur son éventualité. Si bien que les choses devraient finalement reprendre leur place, c'est-à-dire que le statu quo sera maintenu. Mon pronostic est celui de la paix", a déclaré Alexéi Malachenko.

Cependant, la concentration de troupes géorgiennes à la frontière avec l'Ossétie du Sud, qui a lieu dans le contexte des déclarations belliqueuses du chef de l'Etat-major général de Géorgie, Guivi Ioukouridze selon lesquelles les forces armées de Géorgie accompliront avec succès la mission qui leur est assignée en cas de déclenchement des hostilités, continue de faire monter la tension dans la région, tension qui est suffisamment explosive comme ça

La "guerre des nerfs" actuellement menée en Ossétie du Sud recèle bien des récifs immergés. Et à un moment ou à un autre, les nerfs de l'une des parties peuvent fort bien craquer. Alors, la situation échappera à tout contrôle et se développera selon un scénario imprévisible. La guerre à sa propre logique.

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