Le phénomène YOUKOS

S'abonner
PARIS. Par Angela Charlton, correspondante de RIA-Novosti.

Les observateurs occidentaux ont poussé un soupir de soulagement, lorsque le procès du magnat pétrolier Mikhail Khodorkovski s'est ouvert. Enfin, il y a un symptôme du dénouement - bon ou mauvais - d'un des événements russes les plus marquants depuis l'arrestation du patron de YOUKOS en octobre de l'année dernière.

Bien qu'on parle beaucoup de Mikhail Khodorkovski comme du dernier espoir de la démocratie russe, son destin personnel préoccupe moins le monde que le sort de la compagnie YOUKOS. Les brusques variations des actions de la compagnie à la bourse pendant les pourparlers avec le gouvernement sur le règlement des arriérés d'impôts en sont une preuve éclatante.

Les hommes politiques et les investisseurs occidentaux voient dans l'affaire YOUKOS une menace à leur vision de l'entreprise privée en Russie. Mikhail Khodorkovski était le premier oligarque à avoir consenti à jouer d'après leurs règles.

Mikhail Khodorkovski n'a pas été cajolé toujours en Occident. Les observateurs étrangers l'ont critiqué âprement, en le qualifiant de magnat bénéficiant de haute protection qui a manipulé la privatisation postsoviétique pour son enrichissement personnel. La vente de YOUKOS pour 300 millions de dollars, bien au-dessous de son coût réel, a été l'une de ces manipulations. Mikhail Khodorkovsi a été de nouveau cloué au pilori, lorsque la banque "Menatep", l'une de ses possessions, a été mêlée au scandale financier de la Banque de New York qui a éclaté en 1999.

Mikhail Khodorkovski a été longtemps en faveur auprès des dirigeants russes. Il n'a commencé à financer les mouvements d'opposition que lorsque son succès et son statut lui ont paru invulnérables.

Mais le changement de son image en Occident n'était pas dû à son activité politique. C'est son orientation sagace vers la transparence des activités de YOUKOS qui y a contribué. YOUKOS est la première grande compagnie pétrolière deRussie à avoir commencé à employer les normes internationales de la tenue des comptes.

Les investisseurs étrangers qui restaient longtemps déconcertés par le monde très fermé du pétrole et du gaz de la Russie ont salué les actions de YOUKOS qui a publié les listes de ses actionnaires et la composition du conseil des directeurs, qui a invité des top-managers à travailler dans sa compagnie. Les doutes et les suspicions concernant le passé de la compagnie ont disparu.

Mikhail Khodorkovski a été réhabilité non pas par la comptabilité nette, mais, en premier lieu, par son désir de rendre cette comptabilité transparente. Aucun autre oligarque russe ne disposait d'une richesse suffisante et d'arrières sûrs pour s'y décider.

Il est erroné de comparer Mikhail Khodorkovski à ses collègues les oligarques Boris Berezovski et Vladimir Goussinski. Certes, ils ont tous tiré de grands avantages des transactions dans le cadre de la privatisation. Tous les trois ont été accusés d'escroqueries financières.

Cependant, dans le cas de Berezovski et de Goussinski, ce sont leurs influents holdings des médias qui ont été la cible des actions en justice, c'est pourquoi leur pratique commerciale n'a été défendue par personne.

En ce qui concerne Mikhail Khodorkovski, la menace pèse sur son modèle de compagnie de type occidental. Il y a des appréhensions que, s'il est condamné et si YOYKOS fait faillite, les tentatives inhabiles de la Russie de créer un système de responsabilité corporative échoueront et les puissances économiques principales reviendront sous le contrôle de l'Etat.

Bien entendu, ces "piliers économiques" de la Russie sont les compagnies pétrolières, le pétrole est le principal atout de Mikhail Khodorkovski dans ses appels lancés à l'Occident. Un groupe de magnats pétroliers fait la loi aux Etats-Unis, ce pays a besoin de sources sûres de fournitures de pétrole se trouvant en dehors du Proche-Orient. Le procès de Khodorkovski commence dans les conditions d'instabilité en Irak. Par conséquent, il faut attendre longtemps le moment où Bagdad sera le fournisseur stable de pétrole pour les Etats-Unis, qui plus est, un fournisseur amical envers ce pays.

En même temps, les Russes veulent que certains soient punis pour leurs péchés commis pendant la privatisation des années 90. Ils comprennent que le choix de Mikhail Khodorkovski en tant que bouc émissaire est injuste, car de nombreux autres oligarques restent impunis. Mais les Russes ne veulent pas considérer la comptabilité transparente comme la rédemption des péchés commis en pillant les richesses nationales.

L'avis de l'auteur peut déroger avec celui de la rédaction.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала