28 documents sur l'intensification de la coopération dans le cadre de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) signés à la récente réunion du Conseil des chefs de gouvernement de la CEI à Tcholon-Ata (Kirghizie) permettent de juger du caractère fructueux de la rencontre des premiers ministres. Les participants à la réunion ont notamment approuvé l'"Accord sur l'introduction du certificat international de pesage des moyens de transport des marchandises sur le territoire des Etats de la Communauté", ainsi que la décision sur les résultats de l'accomplissement des engagements financiers pris en vue de créer et de développer le système unifié de défense antiaérienne des Etats.
Le président du gouvernement russe Mikhail Fradkov a exclu que les litiges territoriaux qui existent au sein de la CEI puissent dégénérer en conflit entre les pays appartenant à la Communauté. Cependant, "l'avenir de la CEI dépend de nous-mêmes", a-t-il souligné, en ajoutant qu'il l'envisageait radieux.
Les chefs de gouvernement des pays membres de la CEI ont examiné les questions relatives au développement économique et à la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et la migration illégale.
Plusieurs pays de la CEI - la Biélorussie, le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine - travaillent énergiquement en vue de créer l'Espace économique unique (EEU), a déclaré Danial Akhmetov, chef du gouvernement kazakh, à l'issue de la réunion. Les pourparlers actuels sont "assez efficaces", a-t-il fait remarquer. La création de l'Espace économique unique suppose le marché unique de la main-d'oeuvre, des finances et beaucoup d'autres choses". Le premier ministre du Kazakhstan n'exclut pas que d'autres Etats de la CEI puissent entrer dans la zone de l'Espace économique unique, par exemple, la Kirghizie. "Nous le saluerons", a assuré Danial Akhmetov.
Ces dernières années, les mauvaises langues avaient prédit la mort imminente de la CEI, en tant que structure absolument inefficace. Mais les années se succèdent et la Communauté ne s'est pas désintégrée. Ces derniers temps, elle se ranime, au contraire. Au fur et à mesure du renforcement des positions économiques et géopolitiques de la Russie, les anciennes républiques de l'URSS manifestent un intérêt croissant pour elle. Il n'y a rien d'étonnant, car les longues années d'existence au sein d'un même Etat ne pouvaient pas être oubliées d'emblée. De plus, les bases techniques et technologies nationales des anciennes républiques soviétiques sont étroitement interdépendantes.
Cependant, cela ne signifie nullement que les mécanismes de la CEI soient impeccables et qu'ils n'aient pas besoin d'être réformés. De l'avis d'Alexandre Lebedev, président du Comité aux affaires de la CEI de la Douma (chambre basse du parlement russe), l'appareil de la Communauté est devenu caduc aussi bien sur le plan des cadres que du point de vue de sa structure et des procédures. Ainsi, il y a la Banque de développement de la CEI. Connaît-on son existence? demande Alexandre Lebedev et de répondre par la négative. Pourtant, elle a un statut et de l'argent. Cependant, elle n'a rien fait durant les dix années écoulées depuis sa création. Il convient de la transformer en banque de coopération régionale et de développer, grâce à son aide, les projets régionaux. Ces projets sont nombreux dans les domaines des transports, de l'infrastructure, etc.
De toute évidence, le gouvernement russe en la personne du premier ministre Mikhail Fradkov partage cet avis. Selon le premier ministre russe, la question de la transformation de la banque interétatique de la CEI en banque régionale de développement sera examinée par le Conseil des chefs de gouvernement de la CEI à la prochaine réunion.
Mais on peut affirmer dès aujourd'hui que la mise en oeuvre des accords intervenus dans le cadre de la Communauté contribuera au renforcement des processus d'intégration dans l'espace postsoviétique, ainsi qu'à l'accroissement de la compétitivité des économies nationales des Etats membres de la CEI, pour plusieurs raisons. Premièrement, au fur et à mesure de l'intégration, les pays de la Communauté pourront profiter plus efficacement de leur situation géopolitique sur la scène mondiale. Deuxièmement, comme on le sait, les processus de mondialisation entraînent des processus de régionalisation économique, y compris la création de blocs économiques régionaux, ce qui n'empêche pas les pays membres de ces blocs de participer aux processus de mondialisation.
L'accroissement de la compétitivité au niveau régional entraîne inévitablement, à son tour, l'accroissement de l'intérêt des investisseurs étrangers pour les économies de pays concrets membres d'une association économique régionale. Et ainsi la boucle est bouclée. Par ailleurs, les temps où il convenait de s'allier impérativement contre quelqu'un sont définitivement révolus.
La prochaine réunion du Conseil des chefs de gouvernement se tiendra le 15 septembre au Kazakhstan.