Regain d'activité du tourisme régional en Russie

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Altaï - Sputnik Afrique
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Les richissimes touristes étrangers viennent maintenant en Russie pour tester le confort non plus des hôtels haut de gamme, mais celui des établissements pénitentiaires!

La plongée sous-marine dans les eaux polaires, le tourisme spatial, la chasse au renne dans la toundra et le repos style Military (randonnées à bord d'un char ou d'un avion de combat) ne sont plus considérés comme les produits touristiques sortant de l'ordinaire offerts aujourd'hui par la Russie. Maintenant les richissimes touristes étrangers viennent en Russie pour tester le confort non plus des hôtels haut de gamme, mais celui des établissements pénitentiaires!

Le marché touristique du pays s'élargit et propose des produits sans cesse nouveaux. Selon les agences de voyage, en 2003 le nombre de voyageurs étrangers s'est accru de 10% à 15%. La Russie a toutes les chances de figurer parmi les dix pays les plus prisés par les touristes, déclare l'Organisation touristique mondiale.

La capitale russe n'est pas la seule à se métamorphoser et à devenir plus attractive pour les voyageurs, relève le président de l'Union russe de l'industrie touristique (URIT), Sergueï Chpilko. La province a pris conscience des avantages que le tourisme pouvait procurer et elle s'emploie à démontrer qu'elle aussi méritait l'attention des étrangers. Elle restaure les monuments historiques et culturels, ouvre de nouveaux musées et adapte les anciens au goût du jour.

Les régions n'hésitent pas à impliquer les spécificités ethnographiques dans l'enjeu touristique. Ici elles partent gagnantes: les choses à montrer ne manquent pas: forteresses anciennes, dessins rupestres, chamanisme, ciselure lapidaire, ciselure sur os, indique le président de l'URIT. Seulement l'initiation culturelle n'est bien sûr pas le seul "volet exclusif" à même de capter l'intérêt des étrangers.

Sa situation géographique offrant un climat et un paysage naturel pour tous les goûts a toujours été un atout majeur pour la Russie. Les potentialités du pays sont immenses, on y trouve même des "terra incognito" qui intéressent tellement les touristes: réserves naturelles, Nord russe, Altaï, Kamtchatka, Yakoutie (Sakha), Khakassie, Touva, autant de paradis touristiques, poursuit Sergueï Chpilko.

Les régions cultivent les formes de tourisme les plus diverses. Prenons la Yakoutie dont le territoire est occupé aux deux tiers par des parcs naturels. Elle propose la chasse et la pêche sportive, des randonnées ornithologiques exceptionnelles, des croisières sur la Léna ainsi que le tour "Yakoutie diamantifère" pour ceux qui souhaitent observer comment les diamants sont extraits et taillés et, à l'occasion, acheter une pierre de la plus belle eau.

Le territoire de Krasnodar, situé dans le midi de la Russie, offre aux touristes les joies de la plage et du ski alpin en passant par celles de la plongée sous-marine, du windsurfing, du snowboard, de l'alpinisme et de la spéléologie. Krasnaïa Poliana est un endroit rêvé pour les adeptes du slalom. C'est d'ailleurs ici que le président Vladimir Poutine vient chausser les skis quand son emploi du temps le lui permet. Le territoire de Krasnodar draine aussi d'importants investissements.

Avec l'assistance de l'Etat la Russie pourrait occuper une des toutes premières places dans le monde pour le tourisme curatif.

Selon les services frontaliers, l'année dernière la Russie a accueilli 3.152.000 touristes étrangers, dont 289.000 Allemands, 126.000 Américains, 118.000 Français, 114.000 Italiens, 91.000 Britanniques. En 2002 ces chiffres avaient été respectivement 287.000, 110.000, 80.000, 102.000 et 67.000.

La progression est patente. Dans le même temps, la demande insatisfaite due aux lacunes héritées de l'époque soviétique se maintient au niveau de 30-50 pour cent selon les estimations. Cela concerne Moscou, Saint-Pétersbourg, l'Anneau d'or (Serguiev Possad, Rostov, Yaroslavl, Vladimir), le Povoljié ainsi que le Nord russe et le Nord-Ouest avec l'archipel de Valaam, Arkhangelsk, Vologda, Novgorod et Pskov.

Nous ne sommes pas en mesure de satisfaire pleinement la demande et sommes obligés de refuser des touristes, surtout en raison du manque de lits hôteliers, explique Sergueï Chpilko. Des hôtels classe affaires ont été construits à Moscou et à Saint-Pétersbourg, dans les chefs-lieux de région et même dans les villes à vocation touristique. Des petits hôtels ont aussi été érigés. Cependant, cela est insuffisant pour satisfaire la demande du tourisme de masse. La Russie manque toujours d'hôtels 2 et 3 étoiles, ces établissements qui permettent de former un flux régulier de touristes.

L'Etat entend stimuler le développement du réseau hôtelier et étudie pour ce faire l'expérience de l'Espagne, de la France et de l'Australie où des complexes hôteliers nationaux ont été implantés dans les sites historiques et architecturaux. Cette conception convient à la Russie parce qu'en la matière elle est largement pourvue. Et puis ici aussi les dépenses se rentabilisent rapidement: selon le ministère du Développement économique et du Commerce, au cours des six jours et demi que dure son séjour moyen le touriste laisse en Russie quelque 1.300 euros.

Il faut aussi que la Russie se hisse au niveau des pays développés en ce qui concerne les formalités de visa, dit le président de l'URIT avec conviction. Pour l'instant il est encore trop compliqué d'obtenir un visa et puis les tarifs appliqués en la matière par la Russie sont loin de la parité. Un visa russe urgent coûte plusieurs centaines de dollars. Peut-être conviendrait-il de décider unilatéralement une libéralisation du régime de visa avec les pays industrialisés comme l'ont fait la Chine, le Japon et la République de Corée, ajoute Sergueï Chpilko.

Le problème des transports lui aussi est préjudiciable à l'image touristique de la Russie. Selon le Comité d'Etat aux statistiques, un sondage réalisé auprès de touristes étrangers a révélé que 30 pour cent d'entre eux estimaient nécessaire de développer les transports. Ils sont respectivement 6, 8 et 7 pour cent seulement à formuler des griefs à l'égard de la sécurité, de la restauration et des divertissements. Dans ces derniers domaines, surtout dans la restauration, de sérieux progrès ont été enregistrés, souligne Sergueï Chpilko. Cependant, nous ne sommes pas en mesure de faire face à la demande de croisières fluviales et maritimes en raison d'un manque évident de navires et aussi d'un accès pas toujours facile aux ports russes, surtout en Extrême-Orient russe. Par ailleurs nous devons développer ce que l'on appelle la petite aviation. Le nombre d'hélicoptères est insuffisant. Le prix des vols sur les lignes intérieures est trop élevé. Il est indispensable aussi de renouveler le parc des cars.

Dans le cadre de la Conception du développement du tourisme en Russie pour la période allant jusqu'à 2005 le pays a lancé une grande campagne publicitaire à l'étranger en vue de faire connaître ses potentialités touristiques. Des films vidéo sur les régions russes ont été réalisés et traduits dans les langues européennes, des dépliants, guides et ouvrages de référence ont été édités, des articles ad hoc paraissent dans la presse étrangère. La Russie prend part à des expositions touristiques internationales en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Suède, en Finlande et en Suisse.

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