La session du Conseil interétatique de la Communauté économique eurasiatique (CEEA) s'ouvre mercredi à Alma-Ata. La CEEA réunit cinq pays de la CEI (Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizie, Russie et Tadjikistan). Les chefs de gouvernement prendront part à la phase finale de la session prévue pour trois jours. L'ordre du jour de la session comprend une trentaine de questions. Les membres du Conseil se pencheront surtout sur des problèmes énergétiques, le développement de l'infrastructure des transports, les tarifs douaniers et l'harmonisation de la législation. Cela concerne, en tout premier lieu, le secteur fiscal. Bien qu'il y ait des désaccords entre certains pays membres de la CEEA, notamment le litige russo-biélorusse sur le prix du gaz, cela n'aura pas d'impact négatif sur le dialogue des cinq membres du Conseil, de l'avis du secrétaire général de la CEEA Grigori Rapota.
Les chefs de gouvernement doivent prendre des décisions très importantes. Il s'agit notamment de la régulation du fonctionnement des centrales hydrauliques en Asie Centrale. L'URSS a commencé à construire plusieurs centrales hydrauliques sur les rivières Vakhch et Naryn, dans le Pamir. Fonctionnant en cascade, les centrales devraient alimenter en électricité les villes et les villages des quatre républiques voisines et créer des réserves d'eau douce dans une région qui en manque en été pendant la récolte de coton, de fruits et de légumes. Il s'agit des centrales de Sangtouda et de Rogoun (Tadjikistan), de Kambarata-1 et de Kambarata-2 (Kirghizie).
Cependant ce projet n'a pas été complètement réalisé à l'époque soviétique. Certains chantiers ont été abandonnés. A l'heure actuelle, la Kirghizie est obligée de déverser le trop-plein de ses réservoirs d'eau en hiver pour éviter la destruction des barrages tout en inondant les sols fertiles au Kazakhstan et en Ouzbékistan qui expriment, bien naturellement, leur mécontentement. Seul l'achèvement de la construction des centrales pourrait remédier à la situation. Les travaux coûteront presque 300 millions de dollars. Le Conseil interétatique de la CEEA se penchera sur les sources d'investissement du projet.
La société "Systèmes énergétiques interconnectés de Russie" ("EES Rossii") a déjà rédigé une étude de faisabilité pour la centrale de Sangtouda. Il faudra investir près de 220 millions de dollars pour terminer la construction de la centrale. D'autres investisseurs sont aussi prêts à financer le projet.
La mise en uvre du projet de création du système hydroélectrique d'Asie Centrale permettra de baisser les tarifs de l'électricité, y compris en Russie. Rien que ces quatre derniers mois, la Kirghizie et le Tadjikistan ont fourni plus d'un milliard de Kw/h d'électricité en Russie. M.Rapota estime que l'Ouzbékistan devrait aussi être connecté à ce réseau. Ce pays ne fait pas partie de la CEEA, mais il est intéressé aux livraisons d'électricité bon marché et au fonctionnement équilibré des plans d'eau. Il se peut que ces problèmes soient réglés à Alma-Ata.
La création d'une infrastructure ramifiée des transports revêt aussi d'une grande importance pour l'intégration des pays membres de la CEEA. Il faut construire des routes, des voies ferrées et des ponts et entériner des tarifs de transport uniques. Les produits kirghiz exportés en Biélorussie via le Kazakhstan et la Russie ne sont pas compétitifs en raison des frais de transport et de chargement supplémentaires. Cette question figure depuis longtemps à l'ordre du jour du Conseil qui n'a toujours pas trouvé de solution. Cela concerne également les tarifs douaniers.
Des experts ont formulé plusieurs propositions à ce sujet dans la période entre les réunions des chefs de gouvernement. Mais il s'est avéré difficile de parvenir à un compromis sans rapprocher les législations nationales. Il est impossible de réaliser ce travail en deux ans. Le secrétaire général de la CEEA propose de passer à l'étape suivante de l'intégration, à savoir de mettre en place une législation supranationale. "C'est une solution intéressante mise en oeuvre dans les pays de la Communauté européenne. Mais les moyens de l'appliquer restent à définir", à son avis.
Bref, la prochaine session du Conseil interétatique de la Communauté économique eurasiatique ne fera pas sensation. Mais c'est là un mérite du travail des meilleurs experts gouvernementaux et des chefs de gouvernement biélorusses, kazakhs, kirghiz, russes et tadjiks qui accomplissent les tâches de routine sans se presser et sans faire de la publicité politique. Ils relient de plus en plus entre elles les économies nationales, règlent les problèmes compliqués de leur corrélation et assurent une véritable intégration des cinq membres de la CEEA.