Mikhaïl Saakachvili à Moscou: une visite déterminante

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Par Marianna Belenkaïa, RIA Novosti

Le président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, est arrivé mardi à Moscou pour une première visite officielle. La veille il avait annoncé que "les ministères géorgiens ont préparé une liste de problèmes afférents aux relations des deux pays et qui seront débattus à Moscou". Le président géorgien estime que le but essentiel de sa visite est de créer une tendance positive pour le développement futur des rapports entre la Géorgie et la Russie. Il est conscient que "tous les problèmes qui se sont accumulés ne peuvent être réglés du jour au lendemain", mais que l'on peut commencer à les examiner.

Selon le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, "l'intéressement des dirigeants géorgiens à établir des relations normales avec la Russie répond entièrement à celui de Moscou".

"Après la visite de Mikhaïl Saakachvili on saura si Moscou et Tbilissi se lanceront dans un dialogue plus ouvert, pense Alexeï Malachenko, membre du Conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou. Tbilissi se déclare prêt à envisager de nombreux problèmes des rapports russo-géorgiens avec compréhension, même celui des bases russes".

Dans le même temps une partie de l'establishment géorgien continue de regarder la Russie avec suspicion et appelle les Etats-Unis à exercer une pression sur Moscou, y compris en ce qui concerne le retrait des bases russes implantées en Géorgie et l'internationalisation de la force de paix dans la zone du conflit abkhazo-géorgien.

Pour ce qui est des bases, le ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, indique qu'aujourd'hui encore les parties évoquent des délais de retrait différents. "Cela se poursuivra tant que la Russie et la Géorgie n'auront pas conclu deux accords bilatéraux: sur les dates du retrait des bases et sur les modalités de leur fonctionnement en territoire géorgien jusqu'à ce retrait".

Au demeurant, pense Alexeï Malachenko, sur la question des bases Moscou et Tbilissi parviendront à s'entendre si les deux parties s'abstiennent de faire des déclarations intempestives. "Mikhaïl Saakachvili dispose d'une équipe assez cohérente, il se sent l'âme d'un triomphateur et cela lui laisse une bonne marge de manoeuvre. Tbilissi est conscient des intérêts de la Russie en Ossétie du Sud, en Abkhazie et en Adjarie, mais dans le même temps il exige que la souveraineté et l'intégrité de la Géorgie soit respectée. Seulement Moscou lui aussi est intéressé à ce que l'unité de la Géorgie soit maintenue", souligne le chercheur russe. Il ne fait aucun doute que la régularisation des relations entre la Géorgie, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie sera au menu des pourparlers à Moscou.

"Nous saurons dans les prochains jours davantage de détails sur la position de Moscou, et par la même occasion nous aurons une idée de ce que seront les rapports russo-américains au sujet de la Géorgie", a ajouté Alexeï Malachenko.

Aujourd'hui tout indique que Moscou est catégoriquement opposé à une présence militaire américaine en Géorgie. Pour le reste, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Yakovenko, a déclaré que Moscou "s'attend à ce que pendant la visite du président géorgien en Russie la partie géorgienne confirme ses déclarations d'intention de normaliser les rapports avec la Russie et se déclare même à entreprendre des démarches pratiques dans cette direction".

Interrogé par des journalistes, il a également relevé que "la Russie est disposée à coopérer avec la Géorgie dans le secteur énergétique, y compris à lui livrer de l'électricité".

A Moscou Mikhaïl Saakachvili s'entretiendra avec le président de l'Union russe des industriels et des entrepreneurs, Arkadi Volski, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Evguéni Primakov, et plusieurs autres hommes d'affaires russes.

Au vu des résultats de 2003, la Russie est le premier partenaire commercial de la Géorgie. Le chiffre d'affaires global de la Géorgie est de 1 milliard 501,9 millions de dollars, celui de ses échanges avec la Russie est de 225,4 millions de dollars, ce qui constitue une progression de 23,7 pour cent par rapport à l'année précédente. Cependant, le ministre d'Etat géorgien, Zourab Jvannia (selon toute probabilité le futur premier ministre) estime injustifié le bas niveau actuel des relations économiques entre la Russie et la Géorgie. Selon lui, la Géorgie souhaite drainer des investissements russes et dans le même temps elle voit dans le marché russe un marché essentiel pour les produits géorgiens. La coopération dans le domaine de l'énergie sera, elle aussi, au coeur des négociations.

Néanmoins, dit Alexeï Malachenko en conclusion, ce qui sera essentiel dans la visite, c'est que Vladimir Poutine et Mikhaïl Saakachvili auront une chance de faire connaissance et d'apprendre ainsi s'ils peuvent se faire confiance l'un l'autre.

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