Mikhaïl Kassianov discutera coopération énergétique au Japon

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MOSCOU, 15 décembre. /RIA-Novosti/. Tout l'éventail des questions ayant trait aux relations russo-japonaises et à la situation internationale seront abordés au cours de la visite que le premier ministre russe Mikhaïl Kassianov entame aujourd'hui au Japon.

La coopération bilatérale dans le domaine énergétique promet d'être l'un des sujets majeurs des pourparlers, selon un membre de la délégation russe.

Les parties étudieront, entre autres, la possibilité d'une participation du Japon à la mise en valeur de gisements pétrogaziers de Sibérie Orientale et à la construction d'un pipe-line débouchant sur la partie russe du littoral ouest de la mer du Japon.

"La Russie pense moins à l'itinéraire que ce pipeline doit emprunter (le tracé "japonais" fait concurrence au trajet "chinois")qu'aux investissements indispensables pour la recherche d'hydrocarbures et la mise en valeur des gisements. Les premières estimations des réserves de la Sibérie Orientale montrent que cette région est au moins aussi riche en hydrocarbures que la Sibérie Occidentale", a indiqué l'interlocuteur de RIA Novosti.

Une fois ces richesses et le montant des investissements nécessaires estimés, la décision sur l'itinéraire du pipeline viendra toute seule, a-t-il déclaré.

Parmi les questions concernant la coopération dans le domaine énergétique, les parties se pencheront sur le développement des projets Sakhaline. La participation du Japon au projet Sakhaline-1 est estimée à 30% et celle au projet Saklhaline-2 à 45%. D'autre part, le Japon est l'un des principaux marchés où seront commercialisés le pétrole et le gaz extraits du sous-sol de l'île russe. Dans ce contexte, le dialogue portera sur la construction d'un gazoduc reliant Sakhaline à l'île japonaise voisine Hokkaido et sur les livraisons de gaz liquéfié et de pétrole au Japon.

"Ces ressources intéressent le Japon car il cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en matières premières qui à l'heure actuelle proviennent essentiellement du Proche-Orient", a dit le représentant de la délégation russe.

D'autre part, les parties aborderont le problème de la construction d'un "pont énergétique" entre Sakhaline et le Japon. Le projet est étudié dans les bureaux de la société russe "EES ROSSII" ("Réseaux électriques de Russie") et prévoit l'utilisation de gaz pour la production d'énergie électrique à fournir au Japon. Une étude de faisabilité est en cours pour ce projet.

L'utilisation de l'énergie atomique fera également l'objet des pourparlers, et notamment le projet international de construction d'un réacteur thermonucléaire. Outre la Russie et le Japon, ce sont la Chine, les Etats-Unis, le Canada, la République de Corée et l'Union européenne qui participent à ce projet. La France et le Japon se disputent le droit de recevoir cette installation sur leur territoire. Le coût du projet est estimé à 4 milliards de dollars. Le pays hôte assumera 48% des dépenses afférentes, le pays à qui est dénié ce droit le financera à hauteur de 12% et les autres pays participeront chacun à hauteur de 10% du coût du projet. La décision attribuant la construction du réacteur commun sera prise à la fin de ce mois.

Côté énergie atomique, les deux parties étudieront la possibilité de livrer du combustible au Japon, d'enrichir en Russie du combustible pour les centrales nucléaires japonaises, ainsi que de retraiter du plutonium. La réalisation du programme de partenariat global pour la prévention de la prolifération des armes de destruction massive sera abordé au cours des pourparlers. La participation déclarée du Japon à ce programme est fixée à 200 millions de dollars. En juin dernier, la Russie et le Japon ont conclu un contrat portant sur le démantèlement d'un sous-marin nucléaire classe "Victor" mais, à ce jour, l'apport fait par le Japon à la réalisation de ce programme n'excède pas 5 millions de dollars.

L'exploitation des ressources maritimes sera également un thème développé au cours de cette rencontre. Comme l'a expliqué l'interlocuteur de RIA Novosti, depuis ces dernières années des succès notables ont été constatés dans la lutte contre la contrebande de produits de la mer russes vers le Japon. Un échange d'information a été mis en place entre les organismes des deux pays responsables de la pêche et de la protection de l'environnement et des règles strictes de réception des produits de la mer ont été instaurées. Cependant, les contrebandiers russes parviennent à expédier de manière illégale vers le Japon des produits de la mer pour un montant de 700 millions à 1 milliard de dollars par an. Au cours de la visite de Mikhaïl Kassianov au Japon une déclaration conjointe sur l'intensification de la lutte contre ce trafic doit être adoptée.

L'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce sera un autre sujet des pourparlers. Le principal élément de la position russe aux négociations qui intéresse le plus le Japon est l'accès du marché des automobiles et du marché des services (finances, télécommunications et d'autres). Moscou estime qu'en fixant des taxes élevées d'importation d'automobiles la Russie invite ainsi les investissements à organiser leur production sur le territoire de la Russie. Le Japon a fait remarquer pour sa part qu'aucun projet d'assemblage d'autos japonaises en Russie n'existe jusqu'à présent.

A Kyoto où Mikhaïl Kassianov se rendra au cours de sa visite, il est possible que les deux parties abordent aussi le problème de la ratification du protocole de Kyoto. La Russie n'a pas encore achevé le travail d'évaluation des conséquences que la ratification de ce document pourrait avoir pour elle, a rappelé l'interlocuteur de RIA Novosti.

Parmi les autres sujets il y a lieu de citer le fonctionnement des centres japonais d'assistance aux réformes en cours en Russie. Depuis 2004, selon les nouvelles dispositions du Code fiscal russe, ces centres, comme ceux d'autres pays, ne seront plus exonérés de l'impôt sur le patrimoine. "Tout porte à penser que ce n'est pas seulement dans le contexte des relations russo-japonaises que nous aurons à débattre de ce problème", selon la même source.

L'interlocuteur de RIA Novosti a fait remarquer que c'est la première visite d'un premier ministre russe au Japon depuis ces cinq dernières années. Elle aboutira à l'adoption d'une déclaration conjointe et d'un mémorandum sur la création d'une organisation russo-japonaise pour l'assistance au commerce et à l'investissement.

Le litige territorial qui persiste entre la Russie et le Japon pourrait également être abordé lors des prochains pourparlers. La Russie qui reconnaît l'existence du problème estime qu'il ne doit pas nuire aux relations bilatérales.

L'interlocuteur de RIA Novosti a rappelé que des travaux sont en cours au niveau des experts des deux pays pour faire avancer la conclusion d'un traité de paix. Pour résoudre ce problème, le président russe et le premier ministre japonais ont proposé de créer un conseil des sages dirigé par l'ancien premier ministre japonais Yoshiro Mori et le maire de Moscou Youri Loujkov.

Selon les informations de la partie russe, les échanges commerciaux entre la Russie et le Japon ont atteint un chiffre d'affaires record de 5,1 milliards de dollars en 2000. Puis, un recul a été constaté. Cette année, une nouvelle croissance s'est annoncée : 48% au cours des huit premiers mois, les exportations russes s'élevant à 2,6 milliards de dollars et les importations à 1,01 milliard. Pour l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires est de nouveau attendu au niveau des 5 milliards de dollars.

Les investissements japonais en Russie ne sont pas à ce jour importants compte tenu du voisinage géographique des deux pays. Au 1er octobre dernier, ils représentaient seulement 2,9% de la totalité des investissements étrangers accumulés en Russie.

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